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Les jeunes de la Cité céleste au Jubilé, prophètes du réveil spirituel de la banlieue

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Cyprien Viet - publié le 02/08/25
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Leur énergie décapante tout autant que leur foi très ancrée étonnent les pèlerins plus “classiques” : les près de 300 jeunes présents au Jubilé avec la Fraternité missionnaire des cités brisent les préjugés sur la banlieue. Leurs parcours de conversion témoignent d’une grande liberté spirituelle.

Le manque de sommeil et la multiplication des galères logistiques, entre pannes, accidents, détours divers et problèmes de logement n’a pas entamé la joie de cette délégation étonnante présente à Rome pour le Jubilé des jeunes, capable de sortir les instruments de musique et d’entonner des chants de louanges jusque sur les aires d’autoroute en pleine nuit, au grand étonnement et amusement des chauffeurs routiers et des automobilistes. Dans la Ville éternelle, les maillots roses de la Cité céleste - en référence au rassemblement organisé chaque année par la Fraternité missionnaire des cités dans une paroisse parisienne - détonnent au milieu des profils plus ‘classiques’ des participants au Jubilé des jeunes.

Dans la queue conduisant à la Porte sainte de la basilique Saint-Jean-de-Latran tout comme au détour des rues du centre de la capitale italienne, ces jeunes venus pour la plupart de quartiers populaires de la région parisienne témoignent volontiers de leur parcours de foi, et souvent, de conversion, certains n’en n’étant qu’au tout début du chemin. Éloïse, 21 ans, venue avec l'aumônerie universitaire de Cergy-Pontoise, est en étude pour devenir éducatrice spécialisée. "Je ne suis pas encore baptisée ni même entrée en parcours catéchuménal, je n’en suis vraiment qu’au début de ma foi catholique", témoigne la jeune fille qui a fait 10 ans de scoutisme mais ne s’intéresse réellement à la religion que depuis deux ans.

"Au fur et à mesure du temps et des expériences, j’ai commencé à me rapprocher de la foi en venant à l'aumônerie et à la messe de plus en plus souvent, c’est une porte d’entrée pour moi", explique la jeune fille, qui voit dans ce pèlerinage à Rome une occasion de se confronter à de nouveaux points de vue et de comprendre l’histoire de l’Église. "Découvrir ce berceau du catholicisme, cela m’attirait beaucoup ! Et je ne suis pas déçue : j’ai l’impression de passer mes journées à dire ‘Oh, waouh !’, c’est tellement impressionnant !", s’émerveille-t-elle, tout en gardant du recul.

"Comme la religion est quelque chose de nouveau pour moi, parfois cela me semble un peu trop d’un coup. Alors j’arrive à faire un pas de côté pour prendre du recul, mieux comprendre ce que je viens chercher. Je n’ai pas encore pris le temps de commencer un catéchuménat mais je sens que j’en ai besoin", témoigne Éloïse en découvrant cette atmosphère totalement nouvelle pour elle.

L’évangélisation mutuelle entre jeunes

Plus expérimentée, Chris, une étudiante en architecture d’intérieur originaire du Val d’Oise, retrouve une ambiance qu’elle aime beaucoup, après avoir vécu les JMJ de Lisbonne. Elle a suivi avec assiduité ‘l’Année Samuel’, un parcours de discernement proposé par son diocèse, avec une lectio divina quotidienne. "J’essaie de tenir, de prier chaque matin, chaque soir, pour me rapprocher du Christ", témoigne la jeune fille, qui a réussi à faire venir deux amies au Jubilé, l’une étant catholique mais ayant pris ses distances vis-à-vis de la foi, et une athée, "très intéressée par la religion, et qui essaie de comprendre comment ça se passe, qui sont les catholiques".

Ces catholiques aux parcours inattendus en viennent à surprendre les prêtres eux-mêmes par leur niveau d’exigence, notamment par la fréquentation des sacrements. "En tant que prêtres, nous remarquons que tous les jeunes demandent la confession, même à des heures incongrues, même à 23h quand on est tous fatigués ou à 7h du matin, quand on vient à peine de se lever", s’étonne le père Charles-Thierry Ndjandjo. Ordonné prêtre en 2020 pour le diocèse de Pontoise, ce prêtre dont les racines familiales sont camerounaises a constaté en cinq ans une énorme progression du nombre de jeunes en recherche spirituelle, dont beaucoup viennent à l’église entre amis, sans les parents.

"La confession c’était peut-être une pratique un peu désuète pour la génération précédente, mais celle-là a une grande conscience de la faute et de la miséricorde du Seigneur. Elle ne se situe pas dans l’autoflagellation, mais elle ressent le besoin d’un soutien dans la vie de foi et dans le chemin de sainteté", explique le père Charles-Thierry. Au sein de ce groupe de la Cité céleste, il accompagne une dizaine de jeunes de l'aumônerie universitaire de Cergy-Pontoise, dont la moitié sont des baptisés récents ou sont en chemin.

"Pendant mes années de prépa, je trouvais cela dur de passer du stade de l’enfance à l'âge adulte, mais je me suis intéressé au christianisme car je sentais que Jésus rejoignait mes valeurs, même si certains lui crachent dessus et se moquent de lui", explique Adrien, jeune ingénieur baptisé cette année à Pâques. "Il n’y a pas eu de grande révélation soudaine, mais un moment j’ai considéré qu’il ne fallait plus tourner autour du pot. J’ai donc rejoint l'aumônerie, avec une certaine timidité la première année, puis plus fortement la deuxième année, jusqu’à recevoir le baptême", explique-t-il. Cette expérience lui a valu de participer mardi matin à l’audience avec Léon XIV. "Nous avons vu le pape à deux mètres", s’enthousiasme le jeune homme, également marqué par le passage de la Porte sainte à Saint-Jean-de-Latran.

Pour sa part, son ami Mathis, qui a été baptisé enfant mais explique n’avoir retrouvé la foi que vers 17-18 ans, a reçu le sacrement de confirmation l’an dernier. "Je découvre Rome, cela me permet de visualiser le contexte des lettres de saint Paul aux Romains. J’aime beaucoup la figure de saint Paul, avec sa conversion. Cela montre que ce n’est pas notre passé qui sera jugé, mais la sincérité de notre conversion", explique le jeune homme, qui se prépare à devenir infirmier. "Cela nous fait du bien de voir autant de catholiques, de se sentir moins seuls. Il y aura un avant et un après-Jubilé", assure-t-il.

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