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Quatre leçons du possédé gérasénien, notre contemporain

Jezus uzdrawiający niewidomego

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Jean-Michel Castaing - publié le 27/07/25
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C’est un des personnages le plus surprenant des évangiles. Vivant dans des tombeaux, se tailladant, isolé, muni d’une force herculéenne, rétif à toute modération, le possédé du “"pays de Génésareth" est une allégorie vivante des pathologies qui frappent l’homme d’aujourd’hui.

Les évangiles sont les écrits les plus importants de la Bible. À la messe, leur lecture est particulièrement solennisée. Ils représentent les témoignages les plus fondamentaux sur Jésus. De plus, ils sont assez courts. Aussi ne contiennent-ils rien qui soit superflu ou anecdotique. Ce ne sont pas seulement les paroles de Jésus qui ressortissent à l’essentiel, mais également tous les événements dont le texte évangélique fait le récit. Voilà pourquoi le chrétien est appelé à ne laisser tomber aucune miette du festin des saints évangiles.

Le cas de possession le plus étrange des évangiles

Cependant, il existe des passages qui peuvent nous paraître moins fondamentaux que d’autres. Parfois, certains récits nous semblent si étranges que nous sommes tentés de les considérer comme des résidus mythologiques d’une pensée très datée, complètement anachronique par rapport à notre époque où les techniques et les sciences ont façonné nos esprits critiques. Tel est le cas de l’épisode du possédé gérasénien (Mc 5, 1-20) qui vivait dans la région de la ville de Génésareth, à l'est du lac du même nom, en Galilée. Dans ce récit, Jésus guérit un homme possédé de plusieurs démons. Cet individu est assurément le plus étrange mentionné dans les évangiles : il était à ce point soumis à des esprits mauvais qu’on devait l’enchaîner afin de le sauvegarder contre sa propre possession ! Jour et nuit, l’homme vivait dans des tombeaux, poussant des cris et se tailladant avec des cailloux ! Il était possédé au point de parvenir à briser ses chaînes, détenteur d’une force herculéenne que seuls des esprits angéliques étaient en mesure de lui donner !

En lisant ce récit, un homme du XXIe siècle se récrie, si dépaysé qu’il ne peut s’empêcher de se dire : "C’est là un écrit inspiré par une mentalité préscientifique. En quoi pourrait-il nous apprendre quelque chose relativement à notre condition actuelle ?" Réaction bien compréhensible. Ce genre d’énergumène ne se rencontre plus guère que dans certains établissements psychiatriques, et encore : aucun patient ne possède une force capable de lui faire briser les liens, et encore moins une perspicacité qui lui ferait reconnaître la présence de Dieu comme le fit l’homme du pays des Géraséniens en présence de Jésus.

Un diagnostic abrupt des pathologies contemporaines

Pourtant, si l’Esprit Saint a inspiré à l’évangéliste de mettre par écrit cet épisode, c’est que ce dernier a une valeur révélatrice qui court tout le temps de l’Église, c’est-à-dire jusqu’à la fin du monde. Que nous apprend le cas du possédé gérasénien qui pourrait concerner l'homme d'aujourd'hui ? Quatre révélations-enseignements ressortent du récit. D’abord, le mal et le péché nous isolent et favorisent l'autodestruction et l’esseulement mortifère, similaire à la vie dans les tombeaux qui est celle du possédé. Notre époque n’est que trop éloquente à ce sujet. Pour ce qui est de l'autodestruction, si nous ne nous tailladons pas avec des cailloux, nous le faisons toutefois avec d’autres instruments, d’autres addictions qui nous détruisent corporellement comme spirituellement.

Seconde révélation : le mal fascine. Le possédé ne va pas vivre dans des tombeaux par commodité ou confort mais parce qu’il est attiré, voire fasciné, par la mort et plus largement par le mal. Aujourd'hui encore, celui-ci continue de fasciner. L’occultisme, les jeux vidéo violents, les manifestations spectaculaires ou plus discrètes du mal : partout, une même attraction est exercée par des forces qui tentent de nous aspirer, comme des trous noirs qui capturent la lumière de nos âmes et veulent la garder captive par leurs forces gravitationnelles, ainsi que le font les trous noirs en astrophysique. Souvent, le mal est plus fascinant que le bien : Satan a vite fait d’exploiter cette faille dans nos esprits en s’engouffrant dans la brèche de nos curiosités malsaines.

Seul Jésus sauve

Troisième leçon : la fascination du péché décuple nos forces quand nous avons décidé d’aller plus avant dans l’entreprise du mal. De même que le possédé rompait ses chaînes, de même un homme fasciné par les sortilèges démoniaques (qu’il n’identifiera pas comme tels, mais n’est-ce pas la meilleure ruse du diable que de nous persuader qu’il n’existe pas ?) ne se laissera arrêter par rien et trouvera des ressources insoupçonnées pour plonger plus avant dans l’abîme. Les guerres, les maladies mentales, les pulsions homicides vérifient chaque cette triste et funeste loi. De plus, pareil au possédé qui brise les chaînes, l’homme sous influence maléfique est comme allergique aux enseignements de l’Église qui désire contenir ses débordements.

Enfin, dernier enseignement et sûrement le plus important : seuls Jésus et la puissance divine sont capables de nous sauver de certaines situations ou de certains états psychique ou spirituel. Le récit évangélique est particulièrement éloquent à ce sujet. Jésus guérit le possédé qui devient soudain un homme nouveau, changé du tout au tout ! D'ailleurs, la présence de Jésus, et celle de Dieu, ne laissent jamais indifférent les hommes sous la coupe de Satan. En effet, en voyant Jésus, le possédé gérasénien accourt aussitôt vers lui en se prosternant devant lui. Telle est la révélation essentielle de cette page évangélique : en dernière instance, seul Jésus sauve. Seul il peut renverser le mal et nous en débarrasser. Le nom de "Jésus" ne signifie-t-il pas "Dieu sauve" en hébreu ?

Ainsi, l’épisode du possédé gérasénien, loin de relever d’une mentalité "préscientifique", contient au contraire de précieux enseignements sur les pathologies des hommes d'aujourd'hui. Car malgré tous les progrès techniques et scientifiques, le mal n’a pas disparu de la condition humaine et continue sa prolifique carrière parmi nous.

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