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Le bref pontificat de Léon VI (928-929) s’inscrit dans une période de montée en puissance de l’aristocratie romaine, avec à sa tête l’influente Marozie, de la famille des comtes de Tusculum. Dans l’ombre de cette dernière, ce pape dont on connaît peu de choses semble s’être effacé derrière les ambitions politiques de son temps.
Le Xe siècle, pour la papauté, est une période de grande instabilité, au point d’être qualifié de "siècle sombre" par le cardinal Cesare Baronio au XVIe siècle. En 891, le duc Guy de Spolète, profitant de l’effritement de l’édifice impérial des Carolingiens, met la main sur la papauté et se fait sacrer empereur. Le pape Formose et plusieurs de ses successeurs vont tenter de s’opposer à cette tutelle illégitime de l’aristocratie romaine, mais font face à une résistance féroce. Après plusieurs assassinats, dont celui du pape Léon V, Serge III est porté en 904 sur le trône par Théophylacte, comte de Tusculum.
Cet aristocrate du Latium est un allié des Spolète, depuis qu’il a donné sa fille Marozie en mariage au duc Albéric Ier en 909. Cette période de domination des seigneurs de Tusculum est aujourd’hui connue comme la "pornocratie pontificale", en raison des relations entretenues par les papes avec certaines femmes de la famille Tusculum. Jean X, pontife entre 914 et 928, aurait ainsi été, selon un évêque lombard de la fin du siècle, l’amant de Théodora, la mère de Marozie.
L'influence de Marozie
Toujours selon l’évêque, Mgr Liutprand de Crémone, cette dernière, "poussée par les cruelles torches de Vénus", aurait eu un enfant avec le pape Serge III, un certain Jean – une paternité confirmée dans le Liber pontificalis mais contestée par certains historiens qui pensent que Jean était le fils légitime d’Albéric Ier. Qualifiée par Liutprand de Crémone de "prostituée", Marozie était en tout cas une habile politicienne, sachant jouer des alliances, notamment à travers ses trois mariages, pour renforcer son pouvoir.
Dans les années 920, les intérêts de Jean X et de Marozie semblent avoir divergé, et la Romaine parvient à le déposer en 928. Selon certaines sources, elle l’aurait contraint à l’exil, selon d’autres elle l’aurait fait assassiner en prison. Pour remplacer Jean X, Marozie jette son dévolu sur Léon, un membre du clergé romain appartenant à une importante famille, qui est élu sous le nom de Léon VI en juin 928. Un choix qui pourrait s’expliquer par l’âge élevé du prêtre. Car Marozie cherche à préparer le terrain pour placer sur le trône de Pierre son propre fils Jean, qui, à l’époque, est encore trop jeune (entre 16 et 18 ans).
Le plan de Marozie, qui a résidé dans le château Saint-Ange, fonctionne trop rapidement, car Léon VI meurt seulement sept mois plus tard, en janvier 929. Il lui faut alors nommer un second "pape courtisan" – qui appartient à sa cour –, le pape Étienne VII. Ce dernier régna deux ans avant de finalement céder la place au fils de Marozie, élu sous le nom de Jean XI en 931.
Un pontificat silencieux
Du pontificat de Léon VI, on ne sait finalement que très peu de choses. Le pape a probablement participé à la défense de la cité contre une armée de Hongrois qui avaient été appelés au secours par Jean X peu avant sa déposition. L’unique document signé de son sceau est une lettre envoyée aux évêques de Dalmatie – actuelle Croatie – afin de régler un problème d’ordre hiérarchique.
Ne s’occupant pas de politique, Léon VI, pape de transition comme son successeur Étienne VII, est resté dans l’ombre de la puissance montante de la patricienne Marozie qui devint reine d’Italie en 932. "L’existence de ces deux papes s’est perdue dans un silence si profond que même Liutprand, leur contemporain […], les a négligés à tel point que Jean X fut bientôt suivi par Jean XI", s’étonne l’historien allemand du XIXe siècle Ferdinand Gregorovius.












