Léon XIV a nommé Mgr Thibault Verny, archevêque de Chambéry, à la présidence de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a annoncé le Bureau de presse du Saint-Siège le 5 juillet 2025. Ce premier Français nommé dans une responsabilité majeure à la Curie par le nouveau pape succède au cardinal américain Sean O’Malley, ancien archevêque de Boston, qui occupait la présidence de cet organisme depuis sa création par le pape François en 2014.
Âgé de 59 ans, Mgr Thibault Verny est originaire du diocèse de Paris, pour lequel il a été ordonné prêtre en 1998. Il en a été évêque auxiliaire de 2016 à 2023, suivant notamment les affaires de violences sexuelles dans l’Église. Il avait à ce titre été nommé membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs par le pape François le 30 septembre 2022. Jusqu’en juin dernier, il occupait la présidence du conseil de prévention et de lutte contre la pédophilie au sein de la conférence des évêques de France, une charge désormais confiée à l’évêque d’Amiens, Mgr Gérard Le Stang.
En 2023, Mgr Verny est devenu archevêque de Chambéry et évêque de Maurienne et Tarentaise. Il continuera à assumer ces responsabilités diocésaines en France tout en exerçant ce mandat dédié à la lutte contre les abus sur mineurs à l'échelle mondiale.
Une tâche "grave et cruciale"
Dans un communiqué, Mgr Verny assure aborder cette nouvelle responsabilité avec "une profonde humilité et une profonde gratitude" et se dit "honoré de la confiance" que lui accorde Léon XIV. Il assure être "conscient de la tâche grave et cruciale confiée à la Commission : aider l'Église à devenir toujours plus vigilante, responsable et compatissante dans sa mission de protection des plus vulnérables d'entre nous".
Il salue "le leadership courageux et prophétique" du cardinal O’Malley, qui "a laissé une empreinte indélébile non seulement sur l'Église, mais aussi sur la société dans son ensemble", insiste-t-il. Il explique que l’ancien archevêque de Boston "a toujours défendu la primauté de l'écoute des victimes d'abus, leur donnant la possibilité d'être entendues, crues et accompagnées dans leur recherche de la vérité, de la justice, de la guérison et d'une réforme institutionnelle significative".
Mgr Verny assure vouloir axer son mandat "sur le soutien aux Églises", afin que partout dans le monde, les structures de l’Église "puissent respecter les normes de protection les plus élevées". Il souligne que "c'est une conversion de tous qui doit se poursuivre".
Dans un entretien à Vatican News, Mgr Verny revendique son expérience de collaboration avec la justice civile en France en remarquant que des "protocoles de travail" ont ainsi pu se mettre en place, notamment dans la lignée de la publication du rapport de la CIASE en octobre 2021. Dans sa nouvelle responsabilité, il entend notamment contribuer à "mettre en réseau les initiatives". "Trop souvent, chaque pays travaille de son côté, Il faut pouvoir s’épauler les uns les autres et pouvoir partager ce qui se fait", insiste-t-il.
Les adieux du cardinal O’Malley
Pour sa part, le cardinal O’Malley, qui se retire à 81 ans, salue la nomination de son successeur en expliquant que Mgr Verny "a été à l’avant-garde des efforts visant à promouvoir la guérison et la réconciliation avec les survivants" (En anglais, le terme de "survivants" d’abus - survivors - est plus souvent employé que celui de "victimes", ndlr).
Il souligne que l'archevêque français "possède de nombreuses années d’expérience approfondie dans la collaboration avec les forces de l’ordre, les autorités civiles et les responsables ecclésiaux afin d’assurer une véritable responsabilité face aux graves manquements de l’Église en France". Le cardinal O’Malley rend hommage au pape François qui lui avait confié la présidence de la Commission pontificale dès sa création en 2014, et remercie les membres de cet organisme pour "leur engagement indéfectible envers la protection des enfants et des adultes vulnérables".
Il exprime enfin sa gratitude envers Léon XIV "pour avoir veillé à ce que la Commission reste une priorité pour l’Église". Il assure que les paroles les actions du nouveau pape depuis le début de son pontificat "assurent au monde que l’Église ne cèdera pas à la complaisance dans ses efforts pour garantir autant que possible la protection des enfants, des personnes vulnérables et de tous les membres de nos communautés".
Le mandat du cardinal O’Malley, dont la gestion des scandales d’abus dans le diocèse de Boston lui avait valu une réputation de grande fermeté dans les années 2000, a été entaché par le départ de plusieurs membres, parmi lesquels le jésuite allemand Hanz Zollner, qui s’est retiré en mars 2023. Dans un communiqué au ton amer, cet expert dans la lutte contre la pédocriminalité expliquait avoir constaté des manquements en matière de "responsabilité", de "conformité" ou bien de "transparence" au sein de la commission et qu’il était devenu "impossible" pour lui de continuer.
Le cardinal O'Malley s’était dit "surpris, déçu et en profond désaccord avec ses affirmations publiques remettant en cause l’efficacité de la Commission". Cet organe, qui n’a pas de pouvoir juridictionnel mais peut émettre des avis et des recommandations, est désormais rattaché au dicastère pour la Doctrine de la foi, tout en gardant une autonomie d’action.
Parmi ses principaux chantiers figure la publication d’un rapport annuel, passant au crible la gestion des abus dans différents pays et congrégations. Sa première édition, en 2024, a notamment pointé le manque de prise en compte des abus par certains épiscopats africains.
