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La sophrologie est-elle compatible avec la foi chrétienne ?

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Axelle Senturk - publié le 03/07/25
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Entre mise en garde contre certaines dérives spirituelles et témoignage d’une pratique profondément enracinée dans la prière, Aleteia explore les points de convergence entre sophrologie et vie chrétienne.

Souvent associée au bien-être et à la gestion du stress, la sophrologie intrigue les chrétiens : est-elle compatible avec leur foi ? Dans son ouvrage Sophrologie, Repères pour un discernement pratique et spirituel (Salvator), Bertran Chaudet alerte sur les risques de subjectivisme et d’individualisme spirituel qu’elle peut engendrer. À l’inverse, la sophrologue Doris Vonau y voit un moyen de cheminer vers la foi chrétienne. La sophrologie est une discipline récente, inspirée de la phénoménologie et des techniques du yoga. Elle a été créée dans les années 1960 par le Professeur Alfonso Caycedo, qui en donne la définition en 1992 : "La science de la conscience et des valeurs de l’existence. Une école scientifique inspirée de la phénoménologie, qui étudie la conscience et une nouvelle profession clinique et prophylactique, qui se spécialise dans la conquête des Valeurs de l’existence."

Le mot "sophrologie" vient du grec sôs, que l’on peut traduire par "sain", "en harmonie" ; phren par "esprit", "conscience" et logos par "étude", "discours". Ainsi, la sophrologie est une méthode qui vise à harmoniser l’esprit et le corps. Grâce à une pratique régulière, elle permet d’atteindre un état de paix intérieure, de renforcer l’équilibre entre le corps et l’esprit, de favoriser le développement personnel, d’améliorer les performances, et, en fin de compte, de tendre vers le bonheur. Lors d’une séance, le participant est invité à entrer dans un état de conscience modifié, entre veille et sommeil, semblable à l’hypnose ou à la relaxation profonde. Dans cet état, les suggestions du sophrologue sont mieux intégrées. On travaille sur les émotions, la mémoire, l’imaginaire ou encore la projection dans l’avenir. Ces expériences, répétées, s’ancrent progressivement dans la conscience ordinaire et modifient durablement la manière de vivre certaines situations.

Frein ou soutien à la prière ?

Cette approche peut interroger du point de vue chrétien. Pour Bertran Chaudet, la sophrologie met l’accent sur le ressenti, au détriment de la raison. Elle invite à suivre son intuition et à vivre l’instant présent, au risque de perdre ses repères et de confondre ses désirs avec la vérité. Ce centrage sur soi pourrait affaiblir l’ancrage dans la foi et la maturité spirituelle. L’apôtre Paul rappelait déjà l’importance de grandir dans la foi, de dépasser une foi "enfantine" pour s’enraciner dans la vérité de l’Évangile (1 Co 13, 11 ; Ep 4, 14).

Pourtant, la sophrologue Doris Vonau souligne que la sophrologie peut être une aide précieuse pour le chrétien, notamment en soutenant la prière par l’apprentissage de l’intériorité, condition essentielle à toute relation avec Dieu : "La sophrologie, en tant que méthode d’introspection, permet à chacun de lâcher prise, de s’écouter, de se recentrer, et d’aborder des problématiques variées : gestion de la colère, traumatismes, confiance, espérance…". Son public est majoritairement féminin : aidantes, femmes victimes de violences, femmes enceintes…

Pour elle, l’alliance sophronique, c’est être à l’écoute de l’autre avec bienveillance, tout en restant connecté à soi-même pour que la personne se sente libre d’être elle-même. Formée au-delà des quatre premiers niveaux couramment enseignés (jusqu’au "cycle radical"), Doris Vonau témoigne de la profondeur spirituelle que lui ont apporté ces pratiques, jusqu’à vivre une expérience de foi intime, renforcée par deux années d’études de théologie : "la sophrologie a révélé une force intérieure que j’identifie comme un don divin". Aujourd’hui, son souhait est de proposer des séances mêlant sophrologie et prière, dans une démarche respectueuse de la foi chrétienne et axée sur la paix intérieure, la joie et la connexion profonde avec Dieu.

Les débats autour de la sophrologie et de sa place dans la foi chrétienne reflètent une diversité de points de vue. Entre précautions spirituelles et expériences positives, chacun est invité à envisager par lui-même la manière dont cette pratique peut s’intégrer à son cheminement personnel.

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