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Jean-Luc Mélenchon, lecteur approximatif de saint Paul

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Jean-Luc Mélenchon.

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Xavier Patier - publié le 30/06/25
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Le voile islamique n’a rien d’une soumission, contrairement au voile des chrétiennes ! Quand l’ancien député Insoumis évoque saint Paul, remarque l’écrivain Xavier Patier, il a tout faux.

Il faut toujours écouter ce que dit Jean-Luc Mélenchon. D’abord parce que cet homme est un des derniers de nos politiciens capable de développer une réflexion politique. Ensuite parce qu’il lui arrive de manifester un sens de la formule assez heureux, dans un monde médiatique envahi par des stéréotypes sémantiques déplorables. Et enfin parce qu’il veut le pouvoir. Il ne veut même que ça. Ses chances d’y parvenir sont fort minces, mais elles existent.

Voilà des raisons suffisantes pour prendre le temps d’écouter l’interview de trois heures que l’ancien député Insoumis vient d’accorder sur YouTube à la maison d’édition Verso Brooks, à l’occasion de la publication en version anglaise [Now the peuple !] de son dernier essai : Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne (Robert Laffont).

Quelque chose ne va pas

Dans cet entretien interminable, Jean-Luc Mélenchon parle de tout : de son enfance, du Maroc, de l’identité, du marxisme, de la Révolution, de l’immigration, de la France, du monde, du passé et de l’avenir. Un homme, même politique, gagne toujours à être connu. Connaître mieux Jean-Luc Mélenchon, c’est se prendre inévitablement d’affection pour cet homme avide de comprendre et d’agir, et cependant ligoté par la finitude du monde et par ses propres défaillances. Jean-Luc Mélenchon avec ses passions, ses lubies et ses faiblesses : un homme ! Hélas, quelque chose ne va pas.

On le dit historien et cultivé : il se révèle, en trois heures, finalement assez peu cultivé et point du tout historien. Beau parleur sûrement. Il brille dans les idées générales approximatives qui sentent l’adolescence. Il nous avoue qu’il est devenu marxiste par une lecture plutôt distraite des œuvres de Marx. On le croit sans peine. Il préfère Trotsky, parce que Trotsky est bon écrivain. On l’approuve. Notre insoumis est un poète. Il arpente l’histoire de France à coup d’idées jolies à entendre, de raisonnements faciles, bien loin de la culture précise d’un Mitterrand, d’un Pompidou, ou même d’un Philippe de Villiers. Cette faiblesse le rend humain. Mais tout de même ! En politique, les poètes approximatifs finissent parfois en tyrans absolus. Soyons vigilants !

"Convaincu par ses copines"

Prenons un exemple concret. À un certain moment de l’entretien, Jean-Luc Mélenchon parle du voile imposé aux femmes musulmanes. Il n’y a pas si longtemps, il se disait farouchement contre le voile : il voyait dans ce tissu le signe d’une soumission intolérable des femmes aux hommes. Il était d’accord pour l’interdire dans les lieux publics. Laïcité oblige. À présent, notre homme a changé d’avis, ce que ne font jamais les imbéciles : il explique qu’il a parlé du voile islamique à des "copines qui étaient voilées". Celles-ci lui ont fait comprendre qu’elles n’étaient nullement soumises aux hommes (il y aurait beaucoup à dire sur ce côté "Et s’il me plaît à moi d’être battue" de la Martine de Molière, côté à mon avis fondamental et qui a échappé au politicien insoumis).

Bref, Jean-Luc Mélenchon a été convaincu par ses "copines" : il est persuadé désormais que le voile n’a rien d’une soumission patriarcale. Il n’est qu’un chiffon rouge pour islamophobe. L’Insoumis anticipe ainsi une évolution du rapport de force. Et il se hâte, comme toujours, d’en tirer une pensée générale : "Le seul texte qu’on ait sur le voile en tant que soumission de la femme à l’homme, dit-il, il est chrétien, c’est saint Paul qui le tient et qui oblige les femmes à se couvrir pour se soumettre à l’homme."

La soumission des maris

Le diable est dans les détails. Et dans les détails, Jean-Luc Mélenchon a tout faux. Il connaît les épîtres de Paul comme Le Capital de Marx ou L’Argent de Péguy : à peu près. Il mélange deux textes de l’apôtre : la première épître aux Corinthiens et l’épître aux Éphésiens. Le premier texte, nullement théologique dans le passage concerné, se borne à évoquer la police des assemblées : Paul y insiste sur la discipline liturgique et sur la nécessité d’éviter le désordre et la gloutonnerie. Les femmes, dit-il, doivent se couvrir la tête dans les célébrations car la nature leur donne une belle chevelure. Cela n’a rien d’une soumission patriarcale : les infirmières de bloc portent bien une charlotte. "Si la femme a été tirée de l’homme, l’homme aussi naît de la femme et tout vient de Dieu" est la conclusion de ce document pratique extrait de la première épître aux Corinthiens.

Quant au second texte, le fameux "Femmes soyez soumise à vos maris" de l’épître aux Éphésiens, verset qui fait la fortune des mariages bourgeois et la colère des féministes, on pourrait suggérer à Jean-Luc Mélenchon de le lire en entier. Il y verrait que les maris sont invités à une soumission plus grande encore : "Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé son Église. Il a donné sa vie pour elle." Rien de moins.

Un insoumis très soumis

Finasser avec la vérité, réécrire l’histoire, simplifier la géographie, censurer les textes fondamentaux, changer d’avis au gré des rapports de force, voilà un comportement dangereux pour notre liberté de Français. "Les Français ont la liberté dans le sang" a écrit Péguy que Jean-Luc Mélenchon a lu en diagonale. Comment pourraient-ils se soumettre à un insoumis qui ne cesse de se soumettre à ce qu’il croit être la force montante de ce monde ?

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