Rendre service et donner du temps à une œuvre humanitaire. Tel était le souhait de Brieuc, 22 ans, étudiant en ingénierie dans la gestion des milieux naturels à AgroParisTech, à Nancy. Lorsqu’à la fin de sa quatrième année d’études, son école l’a incité, avec d’autres étudiants, à vivre une année de césure, il n’a pas hésité à saisir cette opportunité pour se consacrer à une mission porteuse de sens.
"Les gens font souvent des stages pour développer leur projet professionnel, moi, je voulais rendre service", explique le jeune homme à Aleteia. Chef scout à Francfort, en Allemagne, où il a grandi en expatriation avec ses parents, paroissien engagé et étudiant, il n’avait pas le sentiment d’être réellement présent dans chacune de ses missions. "L’idée d’être fixé à un endroit me paraissait bonne. Je voulais aussi aider tout en ayant un cadre porteur de foi", précise-t-il. C’est donc avec ce désir sincère qu’il s’est mis en quête d’une mission au service de l’Église en France. Par le biais de sa famille, il a découvert Mission Isidore, qui s’adresse à des jeunes de plus de 18 ans, des couples ou des familles désireux de mettre une année de leur vie au service de l’évangélisation en milieu rural. Après un entretien et un temps de discernement, le projet s’est vite dessiné dans son esprit : "Tout paraissait naturel, c’était évident que je voulais faire ça."
Au service des jeunes
Fin août 2024, Brieuc a découvert sa destination, jusqu’ici gardée secrète : Montbrison (Loire), dans la paroisse rurale Sainte Claire-Sainte Thérèse en Forez, regroupant 28 communes, chapeautée par la communauté Saint-Martin. "On n’a pas le choix de la paroisse, c’est un abandon total", reconnaît-il. Installé chez un paroissien, il a partagé durant presque un an la vie des fidèles de Montbrison et de ses clochers. Dès son arrivée, comme le veut le concept, il a pu observer le mode de fonctionnement de la paroisse et évaluer ses besoins durant six semaines. "Rapidement, j’ai constaté qu’il y avait un vrai besoin dans la pastorale des jeunes, notamment un manque d’animateurs au patronage", explique-t-il. Sa mission principale était évidente : il allait être au service des jeunes.

Pour Don Martin, curé de la paroisse Sainte Claire-Sainte Thérèse en Forez, "toute bonne volonté missionnaire est bienvenue". "C’est rare d’avoir un profil étudiant disponible sur une année", souligne-t-il, ajoutant que la jeunesse est peu présente dans sa paroisse. Il était donc ravi d’accueillir Brieuc. "Son arrivée était en adéquation avec notre besoin en pastorale des jeunes." Patronage, aumônerie des jeunes, catéchèse dans un collège privé… L’emploi du temps de Brieuc était bien rythmé. Parallèlement, il s’est investi dans la pastorale de la santé, en accompagnant les prêtres à la messe en EHPAD chaque vendredi et en effectuant des visites à domicile. Une personne lui a prêté un véhicule rendant ses déplacements plus faciles. "J’ai touché à pas mal de propositions de la paroisse. Je donnais des coups de main là où on avait besoin de moi. Je suis aussi parti à Rome en février avec les jeunes collégiens et à Lourdes en avril dans le cadre d’un pèlerinage diocésain. J’ai eu beaucoup de chance. Une véritable grâce !", se souvient-il.
Véritable "ambassadeur" de la paroisse
Très sociable, sa présence est vite devenue un véritable lien dans cette paroisse étendue. "Chez Mission Isidore, nous devons monter un projet porteur pour la paroisse. À Noël, j’ai organisé un concours de crèches interparoissial pour créer une unité entre la paroisse et les communes." Une initiative qui a beaucoup plu aux fidèles.
"Brieuc a une très grande qualité : sa capacité à créer du lien avec les gens de tout âge. Il s’est très vite intégré à notre paroisse", souligne Don Martin. Pour lui, c’était un plaisir d’avoir en soutien une personne qui, en plus de ses missions concrètes dans la paroisse, faisait du lien entre les paroissiens et les prêtres. "Il a rendu visite aux personnes que nous n’avons pas encore eu le temps de visiter", se réjouit-il, qualifiant Brieuc de véritable "ambassadeur de la paroisse". Paroles confirmées par Thérèse, une paroissienne engagée de 65 ans : "Il fait l’unanimité dans notre paroisse. Brieuc est quelqu’un de très sympa, simple, créatif, adaptable à toutes les situations, consciencieux, une personne au tempérament incroyable. Il me faut tous les superlatifs du dictionnaire pour le décrire ! Il a apporté un peu de fraîcheur à notre paroisse et a su nous unir davantage."
Une belle aventure humaine et spirituelle
Si le jeune homme reste modeste quant à son implication dans la prospérité de la paroisse, Don Martin, lui, estime que "la France a besoin de missionnaires comme lui". De son côté, l’étudiant assure : "Je ne me rendais pas compte que j’étais plus utile que ce que j’avais l’impression d’être." Cette année lui a permis de renouer avec son passé de chef scout, mais aussi d’évoluer personnellement, surtout sur le plan spirituel. "J’ai suivi les formations théologiques et spirituelles proposées par la paroisse, j’ai appris à avoir un rythme de prière avec la messe quotidienne, l’adoration, les laudes et les vêpres. Ça m’a beaucoup aidé à approfondir ma foi."

Pour ce jeune Breton, cette mission a été une véritable aventure intérieure. "Elle m’a fait grandir. Je ne sais plus à quoi ressemblait le Brieuc d’avant. J’ai pu éluder certaines questions que je me posais, même si j’en ai toujours beaucoup." Grâce à Mission Isidore, il a aussi découvert un milieu qu’il affectionne : l’éducation. "Je vais poursuivre mes études pour être diplômé, mais je n’ai pas l’impression que ce soit ma vocation. Pour moi, il manque quelque chose. Je me dis que je pourrais peut-être un jour devenir assistant pastoral scolaire ou éducateur spécialisé. J’ai envie de transmettre l’éducation chrétienne aux enfants."
Le jeune homme repart de Montbrison avec des souvenirs plein la tête, mais aussi de belles amitiés nouées durant cette année avec des fidèles et des jeunes de la paroisse. "J’affectionne le monde de cette paroisse. J’espère y repasser l’année prochaine, un ou deux week-ends pour dire bonjour", sourit-il, ravi d’avoir vécu son année de césure de cette manière. "C’est un chouette moyen de s’engager pour l’Église en France, où il y a beaucoup à faire. C’est aussi un temps pour soi, pour être avec Dieu, pour discerner sa vie, son métier ou sa vocation."
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