Saint Irénée a été proclamé "docteur de l’unité" par le pape François en 2022, faisant du deuxième évêque de Lyon mort vers 202 une figure de sainteté incontournable dans toute l’Église. Fêté le 28 juin par l’Église, le martyr est pourtant déjà bien connu en France puisqu’il fait le lien entre les Apôtres et les premières communautés chrétiennes de la Gaule d’alors. En effet, originaire de Smyrne (Izmir, en Turquie actuelle), Irénée est le disciple de Polycarpe, lui-même disciple de Jean l’évangéliste. Une fierté nationale donc, et surtout lyonnaise. D'autant plus que la plus vieille église de la capitale des Gaules encore dévouée au culte est dédiée… au docteur de l’unité.
Comme un signe de la transmission apostolique, c’est à côté de l’actuel archevêché de Lyon que l’on trouve l’édifice. En haut de la colline, non loin de Fourvière, l’église Saint-Irénée est d’apparence récente. Elle fut effectivement reconstruite pour bonne part en 1824 après avoir subi les frasques de l’abandon, de la Révolution et, surtout, des guerres de Religion. En 1562, les troupes protestantes volent les reliques et vont presque jusqu’à détruire la crypte, partie la plus ancienne du lieu de culte.
Des fouilles qui se poursuivent encore aujourd’hui
Il reste un petit arc de la première basilique Saint-Jean, construite au Ve ou VIe siècle, en hommage au "grand-père" de la communauté et décrite par Grégoire de Tours (+ 594). La majeure partie de la crypte encore visible, rénovée à plusieurs reprises depuis, date du IXe siècle. Dédiée à saint Irénée, cette église carolingienne accueillait probablement les reliques de l’ancien évêque ainsi que d’autres d’illustres membres de l’Église lyonnaise. Des fouilles ont d’ailleurs révélé que le site, jusqu’au quartier Saint-Just, était occupé par une nécropole à l’époque gallo-romaine. À l’ouest et au nord de l’édifice ont ainsi été retrouvés des sarcophages et des coffres de dalles. Les premiers bâtisseurs ont donc voulu venir prier au plus près des saints qu’ils vénéraient : Irénée, mais aussi deux martyrs moins connus, Épipode et Alexandre.
Les fouilles se poursuivent d’ailleurs encore pour percer les mystères de la construction et des restes rassemblés dans un ossuaire de 22 m3 non loin de la crypte : retrouvera-t-on Irénée ? Signe que sa présence est toujours actuelle, et son souci de lien entre l’Orient et l’Occident, une chapelle attenante à la cour de l’église néo-classique est dédiée au rite catholique byzantin par une communauté slave.

