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Le 80e anniversaire de l’ONU, sous l’œil du Saint-Siège

United Nations Genève ONU

Le siège des Nations Unies à Genève.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 26/06/25
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Le 26 juin 1945 était signée à San Francisco la Charte des Nations-Unies, qui allait donner naissance à l’ONU au mois d’octobre suivant. Si le Saint-Siège a toujours été favorable à une organisation des nations, précise le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, il fallut attendre 1964 pour qu’il puisse intégrer l’organisation et en faire un point d’appui de sa diplomatie.

Le Saint-Siège s’est toujours montré favorable aux coopérations internationales et aux échanges entre les nations, mais c’est seulement en 1964 qu’il intégra formellement l’ONU, avec le statut d’observateur permanent. Ce statut fait de lui un observateur, qui apporte une collaboration technique, qui joue un rôle de médiateur, qui peut discuter et échanger avec l’ensemble des membres.

Le Saint-Siège tient à conserver ce rôle d’observateur et non pas de membre actif, afin de ne pas prendre part au vote lors des résolutions. Cela vise deux objectifs : d’une part, ne pas être pris dans les débats strictement politiques, ce qui irait à l’encontre de sa neutralité et de son universalité, d’autre part ne pas engager les catholiques dans des choix politiques qui peuvent être discutés. Le Saint-Siège fixe les grands principes, qui doivent conduire au respect de la dignité humaine et à la défense de la paix, mais laisse à chaque catholique la liberté de conscience et d’état pour appliquer ensuite ces principes dans des décisions politiques.

L’ONU et ses organismes

Outre le conseil de l’ONU, le Saint-Siège est observateur dans quasiment toutes les institutions qui dépendent de l’Organisation : Conseil des droits de l’homme, Conseil économique et social, Unesco, FAO, Unicef, OIT, etc. Pour chacune de ces institutions, le Saint-Siège nomme un nonce ou un représentant pour observer les débats, les décisions prises et apporter le point de vue de l’Église. La présence du Saint-Siège dans ces organisations permet d’infuser la pensée chrétienne au sein des instances internationales, de dialoguer avec des pays non catholiques et ainsi de porter la voix du Christ au-delà du monde chrétien.

Les visites des papes

La tribune de l’ONU fait désormais partie des voyages habituels des papes, depuis le discours resté célèbre de Paul VI en 1965. Jean Paul II s’y est rendu deux fois (1979 et 1995), suivi de Benoît XVI (2008) et François (2015), à l’occasion du 70e anniversaire de l’organisation. Un voyage de Léon XIV cette année, pour le 80e anniversaire, n’est donc pas à exclure, même si cela n’a pas été annoncé ni officiellement programmé. Mais ce serait une occasion, pour le nouveau pape, de se rendre dans son pays d’origine et de parler de la paix, qu’il a placée au centre des premières semaines de son pontificat.

Le discours de Paul VI est resté dans les annales. C’était la première fois qu’un pape se rendait aux États-Unis, alors que Paul VI débutait la tradition des voyages pontificaux, ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait fait avant lui. De son discours, on retient surtout cette invocation : "Jamais plus la guerre ! Jamais plus la guerre !", ce qui, quelques années après la crise de Cuba et en pleine Guerre froide, sonnait à la fois comme une espérance et comme un programme politique pour éviter au monde de s’embraser. Le discours du Pape ne suffit pas pour éviter les drames des années 1970, notamment la guerre au Vietnam.

Primauté de la personne humaine et liberté religieuse

Jean Paul II s’inscrivit lui dans un autre contexte. En 1979, la tension en Europe était forte entre le bloc de l’Ouest et le monde soviétique. L’Asie sortait à peine des drames des guerres de la péninsule indochinoise, mais la guerre refaisait surface en Amérique latine et en Afrique. Jean Paul II axa son discours autour de deux thèmes centraux : la primauté de la personne humaine et le respect de la liberté religieuse : "L’homme doit être affirmé pour lui-même, et non comme instrument" dit-il à cette occasion.

En 1995, pour le 50e anniversaire de l’ONU, l’URSS avait disparu, mais pas les guerres et les occasions de violence. Jean Paul II revint à cette occasion sur les thèmes structurants de son pontificat : la défense de la vie et de la famille, la valeur objective de la loi morale, avec cette idée reprise dans le Compendium de la doctrine sociale de l’Église à savoir que la paix passe d’abord par la concorde dans les familles et par le respect apporté à cette cellule de base de la société : "Le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité [...] n’est pas accordé par l’État, mais lui préexiste."

L’ONU au XXIe siècle

Quand Benoît XVI s’exprima devant l’ONU en 2008, le cadre mondial avait bien changé. Si en 1995 la Chine était un pays du tiers-monde, en 2008, elle s’affirmait comme une puissance mondiale. Le choc des attentats de 2001 avait changé le regard sur le monde. Les guerres en Afghanistan (2001) et en Irak (2003) avaient démontré les limites de la puissance américaine. Fidèle à sa ligne spirituelle de lutte contre la dictature du relativisme, Benoît XVI défendit l’universalité des droits de l’homme, fondés sur la nature humaine et non pas sur le bon vouloir des gouvernements. Mais ces droits de l’homme ne peuvent pas être imposés par des puissances étrangères et par des guerres : "Le respect des droits de l’homme ne peut pas être imposé, mais reconnu." Benoît XVI défendait la présence de la morale dans les relations internationales, qui ne doivent pas s’appuyer uniquement sur la force et la puissance du plus fort : "Ces droits sont fondés sur la loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme." À l’occasion du 70e anniversaire de l’ONU, François évoqua les deux thèmes structurants de son pontificat : la question écologique et l’accueil des migrants, thèmes qu’il avait déjà affirmés depuis 2013 et qu’il ne cessa de porter jusqu’en 2025.

La relecture des discours démontre que les thèmes portés par les papes ont évolué selon les circonstances de l’époque et selon les thèmes auxquels ils accordaient une grande importance. Mais cette variabilité des thèmes évoqués s’est toujours appuyée sur la pensée séculaire de l’Église, dont l’ONU est vu comme un point d’appui et un tremplin pour la porter dans l’agora mondiale.

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