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Blanche Jouannic : “Ma maternité a aussi comblé ma carrière”

Blanche Jouannic

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Bérengère de Portzamparc - publié le 20/06/25
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Chanteuse lyrique professionnelle, mère de deux jeunes enfants, auteure jeunesse, Blanche Jouannic, 27 ans, partage son quotidien sur Instagram avec une communauté nombreuse et variée, faite de professionnels musiciens comme de jeunes mères de famille. L’occasion de raconter son histoire à Aleteia, entre rencontres, chants, maternité et aléas de la vie .

Elle est suivie par une communauté fidèle de plus de 12.000 abonnés, et ce qui l’amuse, c’est que parmi cette communauté se trouvent autant des professionnels du monde de la culture, que des jeunes mères de famille. Blanche Jouannic, 27 ans, est une chanteuse lyrique professionnelle, qui vit de ses concerts et des cours de chant qu’elle donne, tout en jonglant, comme beaucoup, avec ses deux jeunes enfants âgés de 3 ans et demi et d’1 an, dont les naissances, très compliquées, auraient pu avoir un effet dangereux sur sa voix et sa vie professionnelle. Mais, comme elle le transmet à travers ses vidéos chantantes sur Instagram, la vie est un long et beau chemin, avec son lot de joies et d’épreuves, son quotidien parfois trop rempli et la joie de vivre dans un monde de musique, de beauté et de maternité. Le tout étant de trouver l’équilibre.

Aleteia : Vous êtes aujourd’hui chanteuse lyrique professionnelle, quelle a été votre formation ?
Blanche Jouannic : Depuis mon enfance, je suis musicienne, je jouais du piano, du clavecin de l’orgue et j’ai suivi des cours au conservatoire, dans le Sud, d’où je suis originaire avec mes huit frères et sœurs, tous également musiciens. Puis finalement j’ai suivi des études de lettres classiques à Paris, mon autre passion étant la lecture et l’écriture. Si j’aime la musique baroque depuis toute petite, mon père en écoutait beaucoup, ce n’est finalement qu’après le bac, qu’une professeure du conservatoire m’a suggéré d’essayer le chant lyrique. Ce que j’ai fait, en parallèle de mes études littéraires. Après mon mariage et un passage en Bretagne, nous vivons à présent près de Beaune et je suis en train de terminer une formation professionnelle au conservatoire de Châlons. Je fais parallèlement des concerts, des animations de messes, des cachets dans différents événements culturels et je donne des cours de chants à des enfants mais aussi à des adultes.

Pourquoi vous êtes-vous lancé sur Instagram et comment avez-vous rencontré votre nombreuse communauté aujourd’hui ?
J’ai commencé il y a quatre ans, au départ plutôt pour me faire connaître professionnellement et puis assez vite j’ai eu envie de partager aussi mon quotidien et ma maternité. Les gens sont venus petit à petit, de façon régulière, avec quelques vidéos qui ont eu une grande visibilité comme une berceuse que je chante à mon fils ou un extrait de la Callas que je chante dans un train à 7 heures du matin ! Ce qui est amusant dans les profils qui me suivent, c’est qu’il y a autant de professionnels du monde de la musique que de jeunes mamans au profil plus catho.

Justement vous ne cachez pas votre foi, est-ce un choix ?
Ma foi fait totalement partie de ma vie, c’est un choix assumé. Sur ce compte, je suis sincère, donc évidemment que je ne la cache pas. Et puis, au fur et à mesure que mon compte a eu de la visibilité, je me suis dit que c’était aussi une façon de témoigner, notamment dans mon milieu professionnel où il y a peu de catholiques, et souvent pas mal de clichés qui ont la vie dure ! Être catholique, travailler, avoir des enfants, rester ouverte aux autres, c’est l’esprit que je cultive, et je me sens tout à fait acceptée dans les retours que j’ai. Certains me taquinent parfois sur mon côté “vieille France”, mais je remarque aussi qu’en m'assumant pleinement, beaucoup me respectent aussi pour cela. Les gens se confient souvent à moi.

La maternité m’a apporté de la technique dans la respiration mais aussi beaucoup de maturité et de conscience.

D’où tenez-vous votre foi ?
Évidemment de ma famille et de mon éducation au départ, mais ensuite c’est devenu une démarche plus personnelle, plus intime, surtout quand je suis devenue maman à vrai dire. Notamment dans mon envie de poursuivre une carrière professionnelle tout en étant maman. En me lançant dans le chant lyrique, je ne sais pas comment l’expliquer, mais j’ai vraiment ressenti que ma place était là, pleinement, comme une sorte d’appel dans ce milieu professionnel. Je l’ai ressenti un jour de manière forte et intime, et par la suite, cela s’est avéré être vraiment mon chemin, malgré les épreuves vécues notamment lors de mes deux accouchements qui ont été très difficiles et dangereux pour ma santé. Je n’ai jamais cessé de faire progresser ma voix, mon outil de travail et de m’épanouir dans ma carrière.

Justement vous avez partagé sur vos réseaux vos difficultés de santé liés à l'accouchement, pouvez-vous nous raconter ?
Mon fils Henri est né grand prématuré et j’ai fait une hémorragie. Nous avons tout eu : les pompiers, la césarienne en urgence, le bébé en détresse respiratoire, le Samu, la transfusion, la séparation plusieurs jours, le tout en plein Covid, donc avec masques et ambiance anxiogène ! Puis, deux mois plus tard, j’ai dû être de nouveau opérée pour une septicémie. Et pourtant, trois semaines après, je reprenais le chant et les cours. Puis pour ma fille Flore, cette fois l'accouchement a eu lieu par voie basse mais c’était un gros bébé, et j’ai dû être opérée pour un déchirement du périnée. On m’a alors dit que je ne pourrais plus chanter… Un bon périnée étant capital pour le chant lyrique. Et pourtant, trois mois après la naissance de ma fille, alors que j’avais été alitée sans marcher tout l’été, je passais un examen au conservatoire que j’ai réussi, mention très bien. Une des professeurs m’a même dit que j’avais progressé techniquement et vocalement !

Comment l’expliquez-vous ?
La maternité m’a apporté de la technique dans la respiration mais aussi beaucoup de maturité et de conscience. Me voilà responsable de deux petits êtres, cela me comble et m’emplit de plus d'émotion et de gravité aussi, ce qui se ressent dans ma voix. Tout ça pour dire que malgré toutes ces épreuves à la naissance, la maternité que j’aime tant a aussi comblé ma carrière. Et j’y trouve mon équilibre.

Comment votre mari a géré toutes ces épreuves ?
Mon mari a 29 ans et nous nous sommes rencontrés très jeunes, nos parents étaient déjà amis. Il est doux, patient, présent, et me soutient dans tout ce que j’entreprends. Nous partageons la même foi mais lui est bien plus concret et ancré que moi, dans sa vie comme dans sa prière. Il ne doute pas, il est une valeur sûre, un roc. C’est amusant parce qu’il est exactement celui que j’attendais, celui pour lequel je priais quand j’étais ado et que je souhaitais dans l’absolu me marier et fonder une famille.

Priez-vous dans les moments difficiles ?
Dans les moments d’épreuves, il y a une grande tentation de révolte, que j’ai parfois connue. Je me suis alors accrochée aux sacrements, à la messe du dimanche, afin de garder le cap, comme un rite, le temps de se raccrocher. Ne pas se dire c’est hypocrite parce que je ne ressens rien, car plus tard on en redécouvre les fruits. Et puis se dire que tous les plus grands saints ont aussi eu de terribles périodes de désert.

En parlant de saints, quel est celui que vous priez ou aimez le plus ?
Sans hésiter saint Joseph pour qui j’ai depuis toujours une grande dévotion. Il m’est souvent arrivé de lui écrire de longues lettres, justement dans mes moments de détresse, où je crie ma colère, mes soucis, je lui dis tout sans filtre. Cela amuse mon mari, et moi ce qui m’amuse, c’est que je leur trouve tous les deux des qualités communes de constance et de stabilité.

Avec le chant, l’écriture tient aussi une place importante dans votre vie ?
Oui j’écris depuis toujours, et j’ai publié mon premier roman, Le Pardon du Morbihan (Plein Vent) en 2024. J’avais commencé à l’écrire il y a des années, mais je l’ai fini pendant le Covid, lorsque j’étais enceinte d’Henri. Comme il a marché, ma maison d’édition m’en a commandé un deuxième pour la rentrée prochaine. Je viens d’écrire les trois premiers chapitres.

J’aime beaucoup suivre des comptes qui transmettent du beau et qui m'inspirent.

Quel est votre rapport à Instagram et aux écrans ?
J’aime beaucoup suivre des comptes qui transmettent du beau et qui m'inspirent. Grâce à mon compte, j’aime aussi beaucoup les échanges et même les amitiés qui se sont créées. Je sais néanmoins me méfier des écrans et ne pas y perdre trop de temps. De toutes les façons, entre les concerts, les cours et le reste, je peux ne pas me connecter de la journée, et c’est très bien ainsi. Quand je réalise des reels en revanche, j’y passe du temps, je le fais de la maison mais de façon professionnelle, car c’est aussi une vitrine pour moi, et cela me permet de recevoir des contacts, et des demandes de concerts ou d’animations.

Quels sont vos projets à venir ?
Je termine ma formation professionnalisante au conservatoire afin d’être diplômée et j’ai plusieurs concerts annoncés avec ma sœur cadette. Nous sommes “les sœurs soprano”, et souhaitons développer ce travail en famille. Je me concentre donc sur mes projets professionnels pour le moment, car d’un point de vue maternité, je dois prendre le temps et faire attention à ma santé, et puis je ne me vois pas à la tête d’une famille nombreuse. Je reste aussi présente sur les réseaux sociaux et je poursuis l’écriture, bref, je poursuis le chemin et tente chaque jour de découvrir le dessein de Dieu dans chacune de nos vies.

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