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Avez-vous le sentiment de passer à côté de votre vie ?

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Pierre d’Elbée - publié le 19/06/25
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Au travail ou dans la vie, l’âge avançant, qui n’a pas éprouvé ce malaise existentiel de n’avoir pas tout réussi ? Se réconcilier avec soi-même, suggère le consultant en entreprise Pierre d’Elbée, c’est peut-être tout simplement accepter le donner le meilleur dans le moment présent.

"À 50 ans, ils ont l’impression d’être passés à côté de leur existence." C’est ainsi que Monique de Kermadec, psychologue clinicienne, titre son article dans les pages du Figaro Madame. Avec la maturité, et devant l’écart que l’on peut ressentir entre la situation présente et ce que l’on aurait souhaité, surgit parfois la redoutable question du sens de ce que l’on a cherché, de ce que l’on a réalisé, de ce que l’on a obtenu. Un questionnement existentiel, partagé par nombre de professionnels… et de célébrités :

Panorama des remises en question…

"Je voulais tant dire et j’ai dit si peu" (Joseph Kessel) ; "Ce que j’ai écrit est de la paille" (Thomas d’Aquin) ; "J’ai accompli tant de choses… et j’ai pourtant toujours ce sentiment de n’avoir pas fait ce qu’il fallait" (Churchill) ; "En face de la mort, tout s’efface, sauf ce qui a vraiment compté : aimer, être aimé, et ce qu’on a fait avec cœur" (Steve Jobs). Enfin, cette pensée de l’humoriste Jim Carrey : "J’aimerais que tout le monde devienne riche et célèbre, pour que tous réalisent que ce n’est pas la réponse."

… et des réussites

A contrario, notons quelques témoignages de personnalités, fières devant ce qu’elles ont réalisé : Howard Schultz, ancien PDG de Starbucks : "Le plus grand succès n’est pas de créer une entreprise mondiale. C’est d’avoir fait en sorte que chaque individu ait une place dans ce monde, qu’il se sente respecté et compris." Richard Branson, fondateur de Virgin Group : "Je suis fier de ce que j’ai accompli, mais encore plus fier d’avoir eu le courage de suivre mes rêves, même lorsque les choses semblaient impossibles. Le succès, pour moi, n’a jamais été une question d’argent, mais de joie." Nelson Mandela, plus sobre : "J’ai fait ce que j’ai pu, du mieux que j’ai pu. Si c’était à refaire, je referais ce même chemin." Etty Hillesum : "Aujourd’hui, j’ai aidé une vieille femme à traverser la rue. C’est bien. Je peux mourir maintenant", et Viktor Frankl : "Ce n’est pas le succès qu’il faut chercher, mais le sens. Si vous trouvez une raison d’être, le succès suivra, ou non — mais cela n’aura plus d’importance."

Dans son article, Monique de Kermadec propose plusieurs conseils pour remédier au malaise existentiel de ceux qui se remettent en question : se connaître, prendre en compte ses émotions, accepter l’incertitude… mais il faut insister sur le fait que la prise de conscience de son désir profond et le sentiment d’inachèvement peuvent sembler bien plus grands que les réalisations, même magnifiques : cette remise en question est sévère, elle ne se satisfait pas de conseils de bon sens. Sans être forcément une forme de pessimisme ou d’ambition démesurée, elle peut être la marque d’une générosité qui ne s’accommode pas du caractère dérisoire des réponses apportées, même les plus remarquables, devant des besoins parfois si grands.

L’humilité de Mandela et la fulgurance d’Etty Hillesum

On peut lire cette prise de conscience chez Nelson Mandela pour qui son chemin de vie était le bon, même insuffisant. Voilà probablement le sentiment le mieux partagé : celui d’une incomplétude, d’une frustration devant le manque de résultats ou de densité. Ceux qui se remettent en question le reconnaissent sans s’en satisfaire.

Mais "passer à côté de sa vie" c’est-à-dire se sentir étranger à son activité humaine et particulièrement professionnelle, est d’un autre registre. Un article du Nouvel Obs — "Suis-je passé à côté de ma vie ?" — montre à juste titre que ce sentiment est parallèle à une quête de sens. À le laisser envahir notre conscience, on risque une crise majeure aux conséquences qui peuvent se révéler désastreuses. Comment y échapper sinon par une cohérence intérieure renouvelée entre ce qu’on est et ce que l’on fait ? Etty Hillesum nous offre un exemple frappant de cette réconciliation avec soi-même, elle qui attache une valeur inconditionnelle à un geste à vrai dire dérisoire : aider une vieille dame à traverser la rue. On pourra toujours objecter qu’il n’y a ici rien de professionnel. C’est vrai, mais cette expérience existentielle a ceci de réjouissant qu’elle est accessible à tous : l’important est d’habiter suffisamment le moment présent pour y découvrir une pépite qui révèle vraiment ce que nous sommes.

Dans le métier le plus obscur

Nul besoin d’aller chercher une profusion d’actes spectaculaires. La fine fleur de la sagesse en la matière appartient peut-être à Verlaine qui voit même dans le métier le plus obscur une densité lumineuse : "La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles / Est une œuvre de choix qui veut beaucoup d’amour."

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