Depuis le milieu du XIXe siècle, elle veille sur la ville de Marseille. La "Bonne Mère" comme on l’appelle, Notre-Dame de la Garde pour les plus rigoureux, surplombe la cité phocéenne. La basilique, et surtout la statue dorée de la Vierge Marie – en rénovation, porte son regard sur les habitants de la deuxième agglomération de France, qui aiment venir la prier. Mais, du 18 au 28 juin, c’est un public un peu différent qui va se réfugier sur l’esplanade qui entoure l’édifice néo-byzantin.
Depuis trois ans, l’association Théâtre des criques organise effectivement, à l’orée de l’été, un festival de théâtre, le bien-nommé "Festival à la Bonne Mère", qui ne cesse de croître. Au départ, trois amis marseillais et théâtreux invétérés, désireux de faire découvrir l’art de la scène et de belles pièces au plus grand nombre. Cette année, plus de 5.000 personnes sont attendues sur dix soirées. Thomas Callies, aujourd’hui président de l’association, est l’un des trois pionniers : "On cherchait un lieu capable d’accueillir notre projet un peu fou, et c’est un prêtre qui nous a lancé l’idée de Notre-Dame de la Garde".
Un programme autant spirituel que culturel
Le festival n’est pas religieux au sens strict du terme, mais l’endroit n’est pas seulement idéal pour partager un apéritif avant, au coucher du soleil, d’assister à une représentation de qualité. Dès le début, le père Spinoza, recteur du sanctuaire, a donc ouvert les portes de la basilique plus tard les soirs de représentation, pour que chacun puisse découvrir l’église et prier. Entre 18h30 et 20h, avant le festival à proprement parler, des visites guidées du sanctuaire sont aussi organisées par groupes de vingt, pour ceux qui le souhaitent, "afin de donner les clés de compréhension du lieu, sans oublier un moment de silence et de contemplation".

Mais le programme lui-même est spirituel autant que culturel. Sélectionnées avec soin, au prix de nombreuses séances de théâtre durant l’année, et un passage au Festival d’Avignon, les pièces choisies "répondent aux grandes questions existentielles de chacun", du Spountz audacieux de Marcel Pagnol, produit par les organisateurs eux-mêmes, à Oublie-moi de Matthew Seager, qui traite de la maladie, en passant par Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, plus sérieuse qu’elle n’en a l’air, ou un portrait du grand écrivain aventurier Joseph Kessel.
“Le théâtre fait du bien”
"Le théâtre fait du bien, explique Thomas Callies, et s’intéresser aux aspirations et aux passions humaines, est l’une des grandes libertés qu’il offre : une pièce est un espace de réflexion, d’émotions et de sentiments". En ce sens, le festival fait aussi œuvre sociale. Les organisateurs ont d’ailleurs le souci de permettre au plus grand nombre de vivre cette expérience " cathartique " et invitent plusieurs associations (Simon de Cyrène, Lazare, Massabielle…) à venir se joindre aux spectateurs. Grâce à l’aide de mécènes particuliers et d’entreprises locales soucieux de partager le beau. Qui n’est jamais loin de Dieu, et de sa mère.