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Conflit Israël-Iran : c’est une histoire d’âmes qui se joue

IRAN-ISRAEL-AFP
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Benoist de Sinety - publié le 15/06/25
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Que restera-t-il de l’âme des peuples qui se laissent entraîner dans la folie de la guerre ? interroge le père Benoist de Sinety, curé-doyen de la ville de Lille. La question se pose en particulier pour le Peuple de l’Alliance, dit-il, à la vocation si précieuse pour l’humanité tout entière.

Il y a le temps de la guerre. Il y aura aussi celui de l’après. D’une paix qu’on peine à imaginer tant la violence submerge les cœurs et nourrit le fleuve de haine, inextinguible. Pour avoir vécu quelques mois au cœur d’un pays déchiré par une guerre civile, j’ai pu vite comprendre que l’horreur n’est pas seulement d’être tué, mais de tuer. Car dans celui qui donne la mort et qui la donne encore et encore et encore, il y a comme une déchirure très profonde qui se produit. Une blessure dont on ne parlera pas, que les autres n’iront pas interroger et qui demeure secrète, comme un mal intime, qui ronge et qui anéanti une part de soi.

Une réalité qui dérange

Bien sûr, on parlera des héros, du malheur des vaincus et de la gloire de ceux qui brandissent haut le glaive. Mais on rêve, romantiques peureux de regarder en face une réalité qui dérange. Un ami m’interrogeait l’autre jour, sachant mon attachement au judaïsme et au peuple auquel Dieu a parlé en premier : "Comment les Israéliens se relèveront-ils de ce qui se passe actuellement ?"

Une fois qu’on sera sorti des postures de matamores de ses dirigeants qui, sans avoir jamais eux-mêmes couru le moindre risque physique ni enfilé le moindre uniforme sinon pour des images d’opérette, n’hésitent pas à envoyer leurs enfants perdre leur âme dans des combats qui ne sont plus qu’une caricature effroyable de la guerre déjà laide. Une fois qu’on aura tué tous ceux que l’on veut éliminer et détruit tout ce qui semble menaçant, que restera-t-il de l’âme d’un peuple pourtant si précieux pour l’humanité tout entière ?

Le jeu de l’ennemi

Il en va de même bien sûr pour toutes les nations qui sont entraînées dans la folie de la guerre ou qui la déclenchent. Mais toutes n’ont pas une vocation particulière parmi les autres. Il se trouve que le Peuple de l’Alliance est au milieu de l’Histoire, celui choisi pour y révéler le Nom de Dieu. Les récits bibliques sont, certes, rythmés par bien des récits de combats parfois fratricides. Mais toujours les prophètes et les sages cherchent, au moins, à organiser cette violence, la considérant comme un échec et pas comme une solution. La loi du Talion qui prend un œil pour un œil perdu est une avancée considérable dans la vie des hommes. 

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Certains osent justifier la mort d’enfants et de civils par milliers, dans la nécessité de l’ordre du moindre mal. Songent-ils qu’en parlant ainsi, ils s’entraînent eux-mêmes dans un cycle infernal, qu’ils font le jeu de leur ennemi et qu’ensemble ils se retrouvent sous la coupe de l’Ennemi commun au genre humain ?

La grandeur des chefs

La barbarie ne peut appeler la barbarie que si l’on se reconnaît barbares de part et d’autre. Mais comment le peuple de Moïse pourrait-il se laisser rabaisser ainsi et renier ce qui fait son essence ? Imagine-t-on les descendants de ceux qui ont été massacrés et exterminés par les Nazis, demander en 1945 l’anéantissement du peuple allemand tout entier ? La grandeur des chefs se reconnaît non pas dans l’endurcissement de leurs cœurs mais dans leur capacité à voir au plus loin. Et bien sûr aussi, à ne pas faire passer son propre sort avant le destin des siens. Tuer des gens qu’on ne voit pas en appuyant sur un bouton ne change rien à l’affaire. C’est une histoire d’âmes qui se joue ici, et pas seulement une histoire d’hommes.

Beaucoup de larmes couleront encore sur cette terre où s’est révélée en plénitude la sainteté de Dieu dans le sang qui coule de la croix, et dans l’eau qui désaltère les soifs de miséricorde, dans le tombeau ouvert d’où jaillit l’assurance d’un Très Bas qui veut faire goûter à tous et à chacun l’Amour. Puissent ces larmes venir arroser ce sol et en faire surgir des artisans de paix et des guérisseurs d’âmes, des bâtisseurs d’après.

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