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La “plus longue procession au monde” a lieu dans le Limousin

Marcheurs de la procession Magnac-Laval dans le Limousin

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Emmanuel Rouxel - publié le 11/06/25
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La "Procession de neuf lieues" qui s’est tenue lors du week-end de la Pentecôte est organisée depuis le XVIe siècle. Plusieurs centaines de marcheurs viennent chaque année relever ce défi sportif et spirituel dans le diocèse de Limoges.

Les traits tirés, les pieds poudreux, plusieurs centaines de pèlerins sont revenus heureux en l’église de Magnac-Laval (Haute-Vienne), vers 21 h 30 ce lundi de Pentecôte. L’église du village était le terme de la fameuse "Procession de neuf lieues". Accompagnés par l’évêque du diocèse de Limoges, Mgr Pierre-Antoine Bozo, les "processionneurs" – c’est ainsi qu’on les appelle – ont débuté cette marche faisant le tour de la commune, par une messe à minuit, dans la nuit de dimanche à lundi. Partis vers 1 h 30 du matin, ils ont suivi un parcours de 53 km établi depuis le XVIe siècle. À travers champs, forêts et hameaux, cette boucle entre Limousin et Poitou confère à la "Procession de Neuf lieues" le titre de "plus longue procession au monde".

48 croix fleuries par les paysans

53 km à pied jalonnés de 48 croix et autant de haltes de bénédictions. "Nous fleurissons la nôtre tous les ans pour le passage des processionnaires", expliquent les Marzet, un couple d’éleveurs. Comme eux, nombre de paysans ou retraités des environs posent autour de leur croix fleurie le temps que passe la procession.

"La fierté de ces gens qui nous attendaient pour certains en plein milieu de la nuit pour que l’on s’arrête prier devant leur croix est vraiment touchante", s’émeut Guillaume, pour qui c’était une première de marcher à la suite de saint Maximin. L’évêque de Trèves et évangélisateur de la région avec saint Martin au IVe siècle, est toujours honoré par la confrérie éponyme, gardienne de la tradition du lundi de Pentecôte.

Croix fleurie durant la procession.

"Impressionné par la ferveur populaire"

À chaque croix, des dizaines de voitures viennent ravitailler les processionneurs. Les épouses, les enfants ou les aînés trouvent là une façon de participer à leur manière. "Il y a bien longtemps que je ne peux plus marcher autant, mais je tiens à être là", sourit Josette, tendant des gobelets aux marcheurs derrière une rangée de bouteilles d’eau et de sodas posée à même la route.

Ce rendez-vous "unique en son genre" pour Mgr Bozo, classé depuis novembre 2024 au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, attire des habitués dont l’héritage se transmet de génération en génération : au terme de la marche, des médailles sont remises pour 3, 30 ou 50 participations bouclées. La procession est aussi rejointe chaque année par quelques néophytes, comme Paul qui a vécu ce moment comme une immersion dans la diversité de ce qui "représente vraiment la France chrétienne" : "J'ai été impressionné par la ferveur populaire et cette fierté régionale pour saint Maximin. J'y ai trouvé l'aventure que je cherchais : une marche sportive, une reconnexion à l'essentiel, la beauté de la campagne parsemée de croix, signes visibles d'une réalité vivante, celle de la présence de Dieu au cœur de nos vies."

Croyant ou pas, à Magnac-Laval chacun reste attaché à cette tradition, une expression de piété populaire qualifiée par le pape François, cet hiver en Corse, de "système immunitaire de l’Église".

"Une occasion unique d’évangélisation"

À l’arrivée, l’évêque pèlerin affichait, comme tous, un large sourire malgré les jambes lourdes. Mgr Bozo voit en ce rendez-vous une "occasion unique d’évangélisation" : "Cette procession est le lieu d’une expérience mélangée de vraie foi populaire, de dévotion profonde, de défi physique, des infinies beautés de la création, de fraternité concrète et d’expérience de l’extraordinaire diversité des disciples du Christ."

Mgr Bozo, accompagné des pèlerins lors de la procession.

"Cette procession très suivie indique aussi l’attachement des Limousins à ces saints qui en ont façonné le territoire", confie l’évêque de Limoges. "Pour ne pas oublier que ce ne sont pas les saints que nous adorons, mais bien Jésus à qui ils nous conduisent", la marche s’est achevée par l’adoration du Saint-Sacrement. Un moment pour se mettre à genoux, après 20 heures à marcher.

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