Ils étaient 19.000 à marcher vers Chartres cette année : le pèlerinage de Pentecôte de Notre-Dame de Chrétienté, qui s’est tenu du 7 au 9 juin, a battu tous les records. Un événement d’une vitalité inouïe, témoin de la soif spirituelle de toute une génération, dont l’organisation nécessite chaque année une logistique impressionnante — et surtout, une mobilisation humaine exceptionnelle. Parmi les piliers discrets mais essentiels du dispositif : les bénévoles de l’Ordre de Malte France, chargés d’assurer l’accompagnement médical des marcheurs, dont fait partie Aliénor, 25 ans.
Ce pèlerinage, la jeune femme le connait bien. D’abord en tant que louvette, puis entourée de ses parents, frères, sœurs et amis, elle a parcouru les routes de Chartres dès son plus jeune âge. “Ce sont des souvenirs très forts”, raconte-t-elle. Après avoir cheminé avec les pèlerins, la jeune femme a donc décidé de sauter le pas et de passer du côté logistique de l’évènement. “J’avais vu ces bénévoles à l’œuvre, admiré leur calme et leur réactivité, et je m’étais dit que je le ferai un jour.” Cette année, elle vient de vivre son deuxième pèlerinage de Chartres en tant que secouriste-bénévole, avec une motivation intacte.

Tout sauf reposant, le poste est particulièrement exigeant. Aux côtés de quelque 90 secouristes et logisticiens mobilisés pendant trois jours, Aliénor assure l’accompagnement sanitaire des milliers de marcheurs. “On dort six ou sept heures sur tout le week-end”, explique-t-elle. Levés avant l’aube, ils précèdent les colonnes de pèlerins. “Il y a aussi les permanences de nuit. Cela arrive régulièrement de devoir aller au fond du bivouac pour porter secours à quelqu’un qui se sent mal”. Mais loin de s’en plaindre, elle y voit une mission. “Voir Chartres sous cet angle, c’est une autre manière de pèleriner. On n’est pas là pour soi, mais pour aider les autres à aller au bout.”
Pour cette édition, les secouristes ont eu la possibilité de suivre une messe qui leur était dédiée. Un instant de grâce parmi tant d’autres qui a réjoui le cœur de la jeune femme. “On a vécu tellement de beaux moments au cours de ce pèlerinage, j’en ai encore la tête dans les nuages et je rends grâce à Dieu d’avoir pu faire partie de tout ça”, confie Aliénor. Une fois de plus, ces trois jours n’ont pas été de tout repos. L’Ordre de Malte France a enregistré 40% d’interventions supplémentaires par rapport à l’an dernier. Et si une majorité concerne le traitement de maux et bobos habituels, les secouristes sont aussi des oreilles attentives et des cœurs à l’écoute. “Nous sommes les témoins de douleurs qui sont parfois autres que physiques. Pendant le pèlerinage, une jeune femme a craqué parce qu’elle venait de perdre ses parents récemment. Dans ces cas-là, nous endossons un rôle tout autre, mais pas moins important”, relève Aliénor.
Un engagement intense
Et cet engagement ne s’arrête pas à la Pentecôte. Toute l’année, Aliénor donne de son temps à l’Ordre de Malte France. Gardes auprès des pompiers ou du SAMU, mais aussi encadrement de grands événements comme le Salon de l’Agriculture, la Foire de Paris, le Nouvel An sur les Champs-Élysées… ou encore les Jeux olympiques de Paris 2024. “La formation au secourisme est intense, on doit la renouveler chaque année à travers trois week-ends de formation. Ça veut dire rater des week-ends en famille ou avec les amis… Mais ça vaut le coup. J’ai besoin de donner, j’ai envie de le faire”, affirme-t-elle.

“L’Ordre de Malte, c’est un peu une deuxième famille. On vit des choses fortes ensemble. Il y a une vraie fraternité dans l’action. Et humainement, on apprend énormément.” Dans un monde en quête de sens, Aliénor incarne une réponse simple mais puissante : celle du don de soi, humble, discret, mais radicalement fécond. Et qui n’attend qu’une chose, d’être renouvelé : Aliénor a déjà bloqué son weekend de Pentecôte 2026.
En partenariat avec l’Ordre de Malte France