En un mois de pontificat, Léon XIV a déjà accordé diverses audiences à des athlètes, comme le club de football SSC Napoli, champion d’Italie, ou la star du tennis Jannik Sinner. En recevant une raquette de ce dernier, le pontife a plaisanté en imaginant pouvoir jouer à Wimbledon. Avant le célèbre tournoi londonien, pourra-t-il pratiquer ce sport dans les 44 hectares sis outre-Tibre ? "Non, il n’y a plus de court de tennis au Vatican", répond Giampaolo Mattei, président d’Athletica Vaticana, première fondation vaticane dédiée au sport. Selon l’Italien, un ancien court existait mais a été démantelé pour vétusté. Sur les images satellitaires de Google Maps, on trouve d’ailleurs encore les traces du terrain en terre battue. En revanche, Léon XIV pourra se contenter s’il le souhaite d’un autre jeu de raquettes plébiscité en Italie : le padel, qui lui, a désormais son aire réservée au Vatican.
Alors que le Jubilé du sport se tient les 14 et 15 juin, quelles installations sportives le 267e pape joueur de tennis, amateur de baseball, “romaniste”, habitué de la salle de sport, trouvera-t-il au Vatican ? Entre les Murs léonins, les infrastructures sportives sont en réalité plutôt maigres. Les Gardes suisses bénéficient d’une petite salle de sport pour leur usage privé. Pour leur entraînement, les soldats du pape peuvent aussi courir dans le sublime décor des Jardins du Vatican. Mais rien de plus n’est fait pour la pratique des sports d’équipe, par exemple. Dans le cadre du championnat de football du petit État, les 13 équipes vaticanes doivent aller s’affronter sur le terrain du Petriana, qui n’est pas sur le territoire du Vatican mais qui a l’avantage d’avoir vue sur la coupole de Saint-Pierre. Le complexe sportif appartenant aux Chevaliers de Colomb, situé sur la colline du Gelsomino, compte aussi une piscine ou encore un terrain de basket qu’utilisent les résidents du Vatican.
Le Vatican, terrain multisport
Dans la Cité du Vatican, le domaine sportif autrefois utilisé par Jean Paul II est aujourd’hui surtout utilisé pour le camp d’été des enfants des employés (Estate ragazzi). Une piscine y est réhabilitée chaque année dans un écrin de verdure et la salle Paul VI est convertie en immense terrain de jeux où se mêlent paquebots gonflables et cages de foot. Giampaolo Mattei s’amuse d’ailleurs de cette faculté de transformation du Vatican : "Le Giro d’Italie est passé, on peut dire qu’il y a à présent une piste de cyclisme dans les jardins », plaisante-t-il. Derrière les Musées, une rue baptisée "viale dello sport", rappelle d’ailleurs une grande manifestation sportive du début du XXe siècle. En 1905, 1908 et 1913, le pape Pie X avait assisté à trois épreuves – course, saut, athlétisme – auxquelles participaient des athlètes non-voyants ou amputés. Le Cortile du Belvédère avait été alors transformé en piste d’athlétisme.
Et à Castel Gandolfo, domaine des papes au sud de Rome, immergé dans le vert des Castelli romani ? On sait que Jean-Paul profitait autrefois d’une piscine. Aujourd’hui, il n’est pas certain qu’elle soit encore en fonction – le pape François ayant transformé la résidence estivale en musée. Et aucun terrain de sport particulier n’existe sur place.
Une opportunité pour sortir de l’entre-soi
Le manque d’infrastructures n’empêche pas le petit État de promouvoir activement le sport. Ce mot a d’ailleurs été inscrit – pour la première fois – dans la nouvelle constitution de la Curie romaine promulguée par le pape François en 2022. Le dicastère pour la Culture et l’éducation fait office de ministère du Sport et l’Athletica Vaticana, avec ses 500 membres, représente l’équivalent du comité olympique et paralympique. Au sein de cette entité, diverses disciplines sont reconnues par les fédérations mondiales, comme l’athlétisme, le cyclisme, le taekwondo, le padel ou le cricket.
Pour Giampaolo Mattei, l’absence de centre sportif digne de ce nom peut aussi être une opportunité. "Nous avons le souhait de sortir, de ne pas nous enfermer entre quatre murs", glisse le président. Ainsi les joggeurs au maillot jaune et blanc s’entraînent dans les parcs et dans les pistes officielles, créant des partenariats avec des réalités romaines. Les joueurs de cricket pratiquent quant à eux à Roma Capannelle ou bien à Villa Pamphili. L’occasion donc de créer des liens et susciter la fraternité, mission qui tient à cœur aux sportifs du Vatican.

