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Léon XIV pourrait-il réinvestir les textes inachevés du pape François ?

Pope Leo XIV during the Pentecost Vigil prayer in St. Peter's Square at the Vatican on June 7, 2025.

Pape Léon XIV durant la Vigile de la Pentecôte

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Cyprien Viet - publié le 09/06/25
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La question de la continuité du magistère entre François et Léon XIV constitue naturellement l’un des points d'intérêt des observateurs de ce début de pontificat, qui atteindra le cap du premier mois ce dimanche 8 juin. Il pourrait notamment se saisir de l’exhortation apostolique sur les pauvres qui était en préparation à la fin du pontificat de François.

"Non à l’autoréférentialité", martelait souvent le pape François. Les papes n’ont pas vocation à créer leur propre magistère ex nihilo, mais à réinvestir celui de leurs prédécesseurs en proposant de nouvelles impulsions. Traditionnellement, chaque discours pontifical s’articule donc autour de références au prédécesseur immédiat et à d’autres papes. Ces références peuvent être explicites ou implicites : ainsi, l’homélie de François lors des obsèques de Benoît XVI, le 5 janvier 2023, était structurée autour de citations des écrits de Joseph Ratzinger mais il ne ne l’avait pas dit explicitement. De nombreux fidèles ne s’en étaient pas rendu compte, et en avaient donc tiré une impression de distance et de froideur de la part du pontife argentin.

Léon XIV, dont le style de communication est très différent de François, a multiplié les références à son prédécesseur et s’appuie partiellement sur ses textes. Depuis la relance des audiences générales le 21 mai dernier, Léon XIV a ainsi repris le cycle de catéchèses amorcé par François dans le cadre de cette Année sainte 2025, sur le thème "Jésus-Christ, notre espérance". La structure de ces méditations est la même que sous le pontificat de François : des textes relativement courts, simples, imagés, s’appuyant notamment sur des descriptions d’œuvres d’art. Dans sa première catéchèse du mercredi, le 21 mai, Léon XIV se référait ainsi au tableau de Van Gogh, Le Semeur au soleil couchant. Un mois auparavant, le 16 avril, dans sa dernière catéchèse alors diffusée seulement par écrit car son expression orale était devenue difficile, le pape François avait aussi proposé une forme d’exégèse artistique, cette fois autour de la toile de Rembrandt sur Le retour du fils prodigue

La proximité de ces textes laisse penser que Léon XIV a repris une trame déjà préparée par François et son entourage avant son décès. De la même façon, Benoît XVI avait débuté ses audiences générales en 2005 en s’appuyant sur des méditations préparées par Jean Paul II sur les Psaumes et les cantiques des vêpres. Pour sa part, en 1978, Jean Paul II avait repris le cycle de catéchèses initié par Jean-Paul Ier sur les vertus chrétiennes. Le pape polonais s’était aussi beaucoup appuyé sur l’héritage du pontificat de Paul VI (1963-1978). Les méditations de son premier Chemin de Croix du Vendredi saint au Colisée, le 13 avril 1979, furent ainsi tirées des écrits de Paul VI.

Les pauvres et les enfants, deux thèmes à réinvestir ? 

Sur le plan des textes magistériels, deux projets au moins étaient en préparation avant le décès du pape François. La rédaction d’un document sur les enfants avait été annoncée par le pape argentin en personne le 3 février au terme du sommet international sur la protection des enfants organisé au Vatican, qui avait donné lieu à l’un de ses derniers discours, 11 jours avant son hospitalisation. Entouré par la reine Rania de Jordanie et l’ancien vice-président américain Al Gore, François avait exprimé son souhait de s’engager d’une façon structurée sur ce sujet. "Pour donner une continuité à cet engagement et le promouvoir dans toute l'Église, j’ai l’intention de préparer une lettre, ou une exhortation apostolique, dédiée aux enfants", avait-il annoncé, sans donner de calendrier précis.

L’autre projet du pape François - dont, selon nos informations, une première mouture provisoire avait été rédigée -, était une exhortation apostolique sur les pauvres. Il peut sembler probable que le nouveau pape s’en réinvestisse, compte tenu de la sensibilité sociale de Léon XIV, forgée notamment durant son expérience missionnaire au Pérou. Ce qui aurait pu être une forme de ‘testament’ du pape François sur cette "option préférentielle pour les pauvres" pourrait ainsi devenir le texte programmatique du début de pontificat. Mais rien ne l’y oblige, et Léon XIV est tout à fait libre d’investir d’autres thématiques. 

En 2013, le contexte était différent puisque François s’est retrouvé dans une forme de "cohabitation" inédite avec son prédécesseur Benoît XVI. La première encyclique du pontificat de François, Lumen Fidei, publiée en juillet 2013 dans le cadre de l’Année de la foi, avait été très largement préparée par le pontife allemand. Ce texte était donc apparu comme beaucoup plus "ratzingérien" que "bergoglien". Le véritable premier texte personnel de François fut donc, quelques mois plus tard, l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, dans laquelle le pontife argentin s’était très largement appuyé sur l’expérience de l’assemblée des évêques d’Amérique latine dont il avait été l’une des chevilles ouvrières six ans plus tôt, à Aparecida.

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