Ils rentrent une fois par an en France, trois semaines, pour revoir leurs familles et amis à Bordeaux mais aussi pour témoigner de leur engagement. Charles et Élise Cruse, âgés respectivement de 46 et 44 ans, sont mariés depuis 18 ans et en mission aux Philippines depuis près de 12 ans si on compte leur première mission de dix-huit mois avec la Fidesco lorsqu’ils étaient jeunes mariés. C'est d’ailleurs dans le cadre de cette première mission qu’ils découvrent l'association ANAK-TnK du père Matthieu Dauchez. À leur retour en France, ils retrouvent chacun leur vie professionnelle, Charles comme viticulteur et Élise comme éducatrice spécialisée à Bordeaux, mais ils ne cessent de penser à ces enfants de là-bas, et de raconter encore et encore leur expérience sur place à leurs proches.
Parallèlement le jeune couple vit une épreuve intime avec la maladie de Charles et l’annonce de la stérilité. Le ménage reste uni dans la prière et trouve beaucoup de réconfort dans leur paroisse de l’époque, notamment dans l'adoration perpétuelle mise en place par leur curé. Et puis, ils restent toujours en contact avec le père Matthieu qui poursuit son œuvre auprès des enfants des rues et des bidonvilles et qui aurait bien besoin d’aide à long terme. "Le père Matthieu a besoin de soutien sur place, nous pourrions peut-être trouver là-bas une autre forme de parentalité", commence à percevoir le couple dans la prière. "Pendant ces cinq années, ce fut comme une longue période de discernement avec petit à petit, un choix de vie maritale qui s’est mûri. Nous avions envie de nous donner pleinement dans l'œuvre du père Matthieu, mais pas dans la durée humaine, plutôt sur le long terme et même au-delà, un peu comme l'engagement du mariage", expliquent ainsi en chœur à Aleteia, Charles et Élise qui découvrent alors leur "vocation de vie".

"Tout est ancré dans le Bon Dieu"
Les voilà donc repartis en 2015, et cette fois dans la durée pour cette œuvre aux Philippines, fondée par le père Matthieu Dauchez il y a 27 ans déjà, et qui compte aujourd’hui 29 centres d’accueil avec 430 enfants accueillis et une dizaine d’accueils de jour dans les bidonvilles bénéficiant à près de 2.000 enfants (école, soin, nourriture).
Charles, l’ancien viticulteur est devenu Directeur des Ressources humaines de la Fondation et gère les 230 salariés locaux. Élise s’occupe de toute la communication et des partenariats pour permettre de toujours mieux faire connaître ces programmes qui ont soutenu, au total, près de 60.000 enfants depuis leurs créations. Et pour accomplir leurs missions respectives, les deux se sont mis, en plus de l’anglais la langue administrative, au tagalog, la langue du quotidien.
Une vie sur place dédiée à la mission donc, ponctuée au quotidien de grandes joies, de nombreux signes mais aussi de vraies peines, "comme tout le monde". Pour tenir, ils l’assurent, c’est le Bon Dieu ! "Tout est ancré dans le Bon Dieu, nos actions ne tiendraient pas sinon, on apprend à se décentrer et à le laisser agir". Et tout comme de nombreux temps d’adoration sont mis en place régulièrement dans les bidonvilles, "de plus en plus souvent à la demande des familles d’ailleurs", le couple pratique lui aussi l’adoration plusieurs fois par semaine, notamment en petite fraternité avec le père Matthieu dont ils sont très proches. "Nous avons tous les trois une réelle amitié et vivons ensemble au quotidien, même si chacun a son espace privé, en dehors du centre, pour nous y retirer le soir".

S’ils veulent plus parler de la mission que d’eux-mêmes, Charles et Élise confient combien cette vie, tout comme leur mariage, a trouvé un vrai sens grâce à cet engagement du quotidien et du long terme. "Et puis, nous apprenons tant avec tous ces enfants, notre famille nombreuse à nous, qui sont toujours heureux de ce qu’ils ont et savent apprécier chaque joie, intensément." Pour illustrer ce propos, Élise raconte ainsi son étonnement à voir souvent des jeunes, passés par les centres, et à présent diplômés et en poste, qui continuent à vivre dans leurs bidonvilles, comme ils ont toujours connu, tout en allant au travail chaque matin. Ou encore ces enfants qui, chaque soir, quand Charles et Élise repartent chez eux, leur demandent, "tu reviens bien demain ?" "Tout se vit au jour le jour, chaque moment est donc vécu plus intensément, et cela est une grande leçon de vie."
Pour en savoir plus
à Lyon, mardi 10 juin à 20h30 à l’église Sainte Croix, 27 rue de Condé, 69002 Lyon
à Paris mercredi 11 juin à 19h30 aux Missions étrangères de Paris, 128 rue du Bac, 75008 Paris.