C’est une formule propre à l’évangile de Jean : Jésus, parlant de l’Esprit saint, le nomme "l’autre Défenseur", ce qui présuppose deux choses : que nous avons déjà un défenseur et que nous avons besoin d’être défendus. Par conséquent, deux questions se posent : Contre quoi sommes-nous défendus ? Et pourquoi avons-nous deux défenseurs ? La réponse à la première question est finalement assez simple : face à un défenseur, il y a toujours un attaquant, un adversaire, un accusateur, ce qui se dit en hébreu : Satan. Le grand adversaire des origines, celui qui veut notre perte et nous accuse jour et nuit devant Dieu (cf. Ap 12, 10) et en nous-mêmes. Celui qui, sans cesse, met en lumière notre péché, notre infidélité, qui se réjouit de nos chutes et de nos hontes, et qui voudrait nous y enfermer pour que nous perdions toute espérance. C’est là un adversaire redoutable que nous avons, et ils ne sont pas de trop, nos deux défenseurs, pour nous en protéger.
C’est une réalité avec laquelle nous avons parfois un peu de mal. On ne répète jamais assez que la vie chrétienne n’est pas une sagesse, une doctrine de développement personnel qui vise la transformation de soi. Nous ne luttons pas contre nous-mêmes, contre nos défauts, nos mauvaises habitudes. Nous luttons contre un adversaire qui veut s’emparer de nous pour établir son règne dans notre cœur. Et l’accusation est son arme. En nous accusant, il entend nous persuader que nous lui appartenons déjà. Contre l’accusateur, l’Esprit ne cesse de nous faire dire "Abba ! Père !" Il oppose à l’accusateur cette prière. Nous appartenons à Dieu, il est notre Père, et il fait de nous ses enfants par le don de son Esprit. En recevant le Saint-Esprit, nous accueillons le don que l’adversaire a refusé : celui qui nous fait enfants de Dieu.
Le stoppeur, c’est le Christ !
Pourquoi alors ces deux défenseurs ? Certains d’entre vous le savent, j’aime beaucoup le football. Et il se trouve que le football est un bon moyen de comprendre ce système à deux défenseurs. Dans la plupart des tactiques de football, on joue avec quatre défenseurs : deux latéraux (sur les côtés) et deux centraux. Parmi ces deux défenseurs centraux, on distingue souvent deux profils complémentaires : le stoppeur et le libéro.
Avec le meilleur stoppeur, Jésus, nous avons le meilleur des libéros : l’Esprit saint, qui est l’âme de l’équipe.
Le stoppeur, c’est le défenseur rugueux, dur sur l’homme, celui qui accepte de prendre des coups et d’en donner. Il ne craint pas d’aller au contact de l’adversaire. Il impose à l’attaquant un fort défi physique et sait casser le jeu quand il le faut. Il est souvent l’homme du sacrifice, le dernier rempart avant le gardien de but. Bien souvent, le stoppeur est aussi un leader ; il n’est pas rare qu’il soit le capitaine de l’équipe. Il harangue, motive, corrige, encourage. C’est celui dont la voix retentit le plus sur le terrain. À côté du stoppeur, le libéro a un profil plus fin. Il joue dans les espaces, anticipe les mouvements adverses pour s’emparer du ballon au bon moment et être le premier moteur de la relance. Il sait se faufiler partout et être là où on ne l’attend pas. Il est aussi celui qui met l’équipe en mouvement à la récupération du ballon, qui en assure la conservation et imprime le tempo. Il dépasse volontiers ses fonctions pour se projeter vers l’avant, permettant à tout le bloc de remonter et ouvrant de nouveaux chemins de jeu pour ses coéquipiers.
Les deux meilleurs défenseurs
De la même façon, dans notre défense, nous avons un stoppeur et un libéro. Le stoppeur, c’est le Christ. C’est lui qui vient sur le terrain pour prendre les coups à notre place et bloquer les attaques de l’adversaire. C’est lui, l’homme du sacrifice, celui qui consent à prendre tous les risques, tous les coups, toutes les attaques pour réduire à néant les offensives adverses. Le Christ, c’est le défenseur qui fait les efforts à notre place, qui n’hésite pas à mouiller le maillot pour que le reste de l’équipe puisse briller. Il est aussi le leader, le chef, la tête, celui dont la voix commande, corrige et encourage. Il est le Verbe.
Laissons-nous transformer par leur présence, accueillons l’Esprit saint avec foi et audace, et avançons, en équipe, sous la conduite de notre capitaine.
Et avec le meilleur stoppeur, nous avons le meilleur des libéros : l’Esprit saint, qui est l’âme de l’équipe. Il n’a pas besoin de beaucoup de mots, mais il est partout sur le terrain. On ne sait pas d’où il vient ni où il va, mais il est toujours bien placé, et c’est lui qui fait bouger les autres. Au jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint entre sur le terrain, et c’est toute l’équipe qui se met en mouvement, qui comprend enfin le jeu, les consignes du capitaine et qui peut les appliquer. L’Esprit est le défenseur qui rassure et qui ouvre des chemins nouveaux, celui qui facilite le jeu de toute l’équipe. Quand il est là, c’est toute l’équipe qui est transformée.
Vers le but ultime
Frères et sœurs, en ce jour de Pentecôte, contemplons la force et la beauté de nos deux défenseurs : le Christ, notre stoppeur, qui s’est sacrifié pour briser les assauts de l’adversaire, et l’Esprit Saint, notre libéro, qui nous guide, nous inspire et met nos cœurs en mouvement. Ensemble, ils forment la défense parfaite, celle qui nous protège et nous propulse vers la victoire de l’amour et de la vie en Dieu. Laissons-nous transformer par leur présence, accueillons l’Esprit saint avec foi et audace, et avançons, en équipe, sous la conduite de notre capitaine, vers le but ultime : la communion éternelle avec notre Père.
Lectures de la solennité de la Pentecôte :
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