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Six mois après, Notre-Dame de Paris est redevenue un lieu de grâces

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Anna Ashkova - publié le 06/06/25
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Six mois après sa réouverture, Notre-Dame de Paris est redevenue un lieu vibrant de foi, de culture et de mémoire. Les pèlerins affluent, les regards s’émerveillent, les cœurs s’ouvrent. Témoignages, découvertes et renouveau spirituel dessinent désormais les contours de la cathédrale renouvelée.

Il y a six mois, le 7 décembre 2024, les portes de Notre-Dame de Paris s’ouvraient de nouveau, laissant entrer les jours suivants les fidèles et les visiteurs, et avec eux, une émotion immense. Plus qu’un monument, la cathédrale est redevenue un cœur battant au centre de la capitale. Depuis sa réouverture, elle a accueilli plus de cinq millions de visiteurs au 31 mai, selon les chiffres transmis par la communication de la cathédrale. De nombreuses grâces y ont été reçues, silencieusement ou au grand jour : dans la prière d’un pèlerin, dans les larmes d’un visiteur, dans l’émerveillement d’un enfant devant les vitraux ou d’un nouveau baptisé. Tout le monde reçoit quelque chose durant le nouveau parcours de visite, intégralement repensé et conçu pour évangéliser les pèlerins et les visiteurs. Autant d’anecdotes touchantes, de gestes simples, de rencontres inattendues qui témoignent d’une réalité profonde : Notre-Dame fait partie des lieux qui ont une grâce particulière.

Des larmes et des visages transformés

À l’entrée de la cathédrale, les yeux des visiteurs et des pèlerins s'écarquillent devant le travail accompli. Les visages bougent, ils passent de l’émerveillement et de la découverte à un sourire apaisant à la fin. Tel un lieu de conversion, Notre-Dame de Paris touche tout le monde. En y pénétrant, chacun sait qu’il va s’y passer quelque chose de merveilleux, comme ce touriste étranger interrogé à l’accueil par la sécurité pour savoir s’il est catholique et qui répond en anglais, le sourire aux lèvres : "Pas encore". Tout est dit !

Et puis, il y a la grâce des larmes. Non pas de tristesse, mais d’émotion profonde. Certains viennent pour visiter et se retrouvent saisis, d’autres prient en silence dans les chapelles où les boîtes à mouchoirs sont parfois vidées en à peine deux heures. Pour d'autres, ce sont des moments de transmission qui s’y vivent, comme pour ce touriste venu du Sud-Ouest de la France pour redécouvrir la cathédrale : "Avant l’incendie, lorsque j’étais de passage, j’y venais en tant que père, avec ma fille. Aujourd’hui, je suis heureux d’y revenir en tant que grand-père, avec mes petits-enfants." À ses côtés, un vieux monsieur britannique, tout ému, confie à un chapelain que, quand Notre-Dame s’est enflammée en 2019, il s’était dit qu’il ne la reverrait pas à sa réouverture à cause de son âge avancé, plus de 80 ans. Et aujourd’hui, il a cette grâce de pouvoir l’admirer à nouveau. Ce retour au réel, au sacré incarné, fait partie des grandes grâces, comme s’il y avait quelque chose de l’ordre de la résurrection.

Un lieu qui mêle pédagogie et conversion

Les visiteurs parlent d’ailleurs spontanément de la nuit de l’incendie. Ils se souviennent de l’endroit où ils étaient, de ce qu’ils faisaient ce soir-là, de ce qu’ils avaient ressenti. "C'est un signe très intéressant parce que la temporalité est au centre de la pensée chrétienne. Le temps de Dieu rencontre les hommes, et Notre-Dame est certainement un signe du temps de Dieu dans le temps des hommes", remarque le père Henry de Villefranche, chapelain de Notre-Dame de Paris.

Beaucoup s’émerveillent devant la restauration accomplie : "On a encore ce savoir-faire en France !" Les compagnons, les ouvriers et les artisans qui ont œuvré à la restauration en avaient conscience. "Ils savaient qu’ils travaillaient pour quelque chose de plus que leur paye de la fin du mois, qu’ils travaillaient pour une œuvre extraordinaire et en même temps pour l'honneur de leur métier", précise le père Henry de Villefranche. Et c’est aussi grâce à ce travail que Notre-Dame raconte aujourd’hui l'histoire du salut, car la cathédrale redevient aussi une école du cœur et de l’intelligence. "C'est une forme de grâce vécue depuis la réouverture : comprendre à quoi sert une église. Il y a les dimensions sacramentelles, et il y a cette dimension instructive, pédagogique", note encore le chapelain.

L’architecture, les vitraux, les chapelles, tout se prête à la rencontre avec le sacré. Les chapelains n’hésitent d’ailleurs pas à glisser quelques explications aux touristes étonnés, comme le jour du Vendredi Saint où l’éclairage était volontairement austère, noir et blanc. "Certains étaient furieux parce qu'ils avaient entendu parler des éclairages merveilleux désormais à Notre-Dame, et en arrivant, ils découvraient une cathédrale dans une ambiance sinistre. On expliquait que c’était le Vendredi Saint, que c’est un jour particulier. L’explication a tellement plu que nous avons décidé de prolonger cet éclairage le samedi Saint", se souvient le diacre Étienne Maître.

Une assemblée renouvelée

Dans la cathédrale, les prières se mêlent aux discussions sur la couronne d’épines et aux questions sur tel ou tel saint. Dans ce brouhaha, freiné par un enregistrement sonore invitant au silence, les chapelains perçoivent le signe de la vie retrouvée. "Le monde vient voir l'Église et l'Église l’accueille", explique le père Henry de Villefranche. Un jour, il cherchait un lecteur pour la messe de midi. Dans l’assemblée, il a trouvé un homme et lui a proposé de se prêter à l’exercice, que celui-ci n’avait jamais vécu, même s’il voulait beaucoup le faire. À la question du prêtre, pourquoi n’a-t-il donc jamais franchi le pas, le fidèle lui a confié : "J’ai été baptisé dimanche dernier !" "Lire la Parole à Notre-Dame l’a tellement bouleversé que quinze jours après, il ne s’en remettait toujours pas", se souvient le père Henry de Villefranche, précisant que désormais on retrouve à Notre-Dame de Paris une assemblée comme on n’en avait jamais vue ni espérée.

Dans la nef, un chapelain récite le chapelet devant la statue de la Vierge. Il commence à chanter le dernier Je vous salue Marie. Le diacre Étienne Maître se joint au chant, entonné par d’autres fidèles. À cet instant, un petit garçon d’environ 7 ans, qui visite la cathédrale avec ses parents, revient sur ses pas. Il s’arrête devant le diacre, le regarde dans les yeux, et chante avec lui. À la dernière phrase, l’enfant lève les mains, lui donne un "cinq" et repart, sans un mot. Un geste simple et discret qui avec beaucoup d'autres jalonnent désormais la vie quotidienne de la cathédrale. "C'est la grâce de Notre-Dame", conclut Étienne Maître.

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