Le corps d'un religieux découvert dans une fosse commune près de Raqqa en Syrie, début juin, est-il celui du père Paolo Dall' Oglio ? Ce prêtre jésuite italien avait disparu en 2013 après avoir été enlevé par l'État islamique dans le nord de la Syrie. Des sources avaient affirmé en 2017 que le prêtre avait été exécuté, mais le corps n'a jamais été retrouvé, ne permettant pas de confirmer ces dires.
"J’ai été informé hier soir", a déclaré au journal italien La Republica le nonce apostolique à Damas, le cardinal Mario Zenari. Décrivant le cadavre d’un homme "vêtu d’habits religieux", l'ambassadeur du Saint-Siège a néanmoins émis des réserves en précisant que "les indications sur le lieu de la découverte et l’identification du père Paolo ne sont pas encore précises. Nous avons contacté les jésuites présents sur place, mais nous n'avons pas encore pu obtenir de confirmation."
La fosse commune où le corps a été retrouvé aurait été découverte par un groupe de fouilleurs des Forces démocratiques syriennes actuellement au pouvoir. L'ambassade d'Italie à Damas est en contact avec l'évêque et d'autres autorités pour clarifier cette situation, bien trop floue pour la sœur du prêtre, Francesca Dall'Oglio, qui a ainsi affirmé à la presse italienne ne pas y croire : "Ces dernières années, les fausses nouvelles ont souvent circulé, mais pour moi, ce n'est pas une vraie nouvelle." La raison principale de ses doutes porte justement sur les habits que le corps portait : "On parle d'un corps portant des vêtements religieux, mais mon frère portait des vêtements civils", a ainsi déclaré Francesca Dall'Oglio. Le parquet de Rome a confié l'enquête aux Carabinieri pour vérifier l'identité du corps présenté comme celui du père Paolo Dall'Oglio. Les enquêteurs, après plusieurs années, avaient classé l'affaire devant l'absence totale de preuves permettant d'affirmer que le prêtre était encore vivant.
Incertitudes sur le sort du prêtre
Jésuite italien, le père Dall'Oglio était en Syrie depuis une trentaine d'années lors de son rapt. Avant l'arrivée de Daesh, lors du printemps arabe en Syrie, il avait pris position contre le régime de Bachar Al Assad qui l'avait expulsé du pays. Il avait contribué à la restauration du monastère de Mar Moussa qui accueillait la communauté qu'il avait fondée en 1993, la communauté al-Khalil ("l’ami de Dieu") dont le charisme est d’ouvrir le dialogue avec l’islam. En 2013, le jésuite s'était rendu à Raqqa de façon clandestine pour négocier avec les djihadistes la libération de plusieurs otages, avant d'être lui-même enlevé.
"Rappelons que les otages français et espagnols enlevés par Daech en 2013 ont été libérés suite à des négociations avec la France et l’Espagne et que les otages américains et anglais ont été, eux, exécutés dans des vidéos de propagande (...). Paolo est le seul otage occidental enlevé par Daech à la même période dont on a eu aucune nouvelle", confiait à Aleteia Marie Peltier, une de ses proches, en 2019, alors que des rumeurs sur la survie du prêtre courraient. "Je reste pour ma part très prudente. Tant qu’il n’y a pas d’éléments factuels sur des preuves de vie ou de mort, il faut se méfier des rumeurs aux sources peu vérifiées."