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Nouvelles attaques contre les chrétiens au Nigeria

Mass burial of Fulani victims

Des prêtres transportent les cercueils des prêtres tués par des bergers peuls, dans le district de Gwer, à l'est de l'État de Benue le 22 mai 2018.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 05/06/25
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Des dizaines de chrétiens nigérians ont été tués et blessés dans des attaques contre leurs villages au centre du pays, entre le 24 et le 26 mai. L’Afrique est un autre défi de taille pour le pape Léon XIV, avec notamment la situation explosive du Nigeria, emporté par la spirale de la violence et de la corruption.

Avec près de 230 millions d’habitants, le Nigeria est un mastodonte. Pays le plus peuplé d’Afrique, ancienne colonie anglaise regroupant de nombreux peuples et ethnies, s’étendant du golfe de Guinée aux rivages du Niger et du Tchad, le Nigeria est aussi un poids lourd économique et un immense défi sécuritaire.

Les troubles qui agitent le pays s’expliquent à plusieurs niveaux. Une couche ethnique, qui voit des peuples d’éleveurs et des peuples de cultivateurs s’opposer pour le contrôle de la terre ; une couche religieuse, avec l’opposition de musulmans et de chrétiens ; une couche politique, avec des combats pour le contrôle du pouvoir, au niveau local et national. L’ensemble de ces facteurs crée une situation de violence exacerbée, à quoi s’ajoutent des rapts de jeunes filles, vendues comme esclaves sur les marchés du Niger et de Libye, dont un certain nombre se retrouvent ensuite prostituées en Europe, et la résurgence du vaudou, qui structure les réseaux criminels entre Europe et Afrique.

Attentats et massacres se multiplient

La liste des principales attaques de 2024 et 2025 permet de prendre conscience de la gravité du phénomène. Elle révèle la résurgence de Boko Haram et de l’ISWAP (Province de l'État islamique en Afrique de l'Ouest).

3 septembre 2024 : massacre de Mafa (État de Yobe). Environ 130 civils sont tués par des combattants d'ISWAP, en représailles à la collaboration présumée du village avec l'armée nigériane. Les assaillants incendient des maisons, des écoles et des lieux de culte, et laissent des messages de menace aux autres villages.

29 juin 2024 : attentats-suicides à Gwoza (État de Borno). Trois attentats-suicides perpétrés par des femmes visent un mariage, un hôpital et des funérailles, faisant au moins 32 morts et 48 blessés. Bien qu'aucune revendication officielle ne soit faite, ISWAP est soupçonné d'en être responsable.

1er août 2024 : attaque à Konduga (État de Borno). Un attentat-suicide attribué à Boko Haram cause la mort de 19 civils et blessé plusieurs dizaines d'autres.

14 janvier 2025 : massacre dans la région du lac Tchad (État de Borno). Entre 40 et 100 civils, principalement des pêcheurs et des agriculteurs, sont tués par des combattants de Boko Haram ou d'ISWAP dans le village de Dumba.

Mai 2025 : au moins 15 attaques coordonnées par ISWAP contre des bases militaires, utilisant des drones armés et des engins explosifs improvisés. Ces offensives, qui entraînent la mort de nombreux soldats et la perte conséquente de matériel militaire, sont concentrées dans l’État de Borno, situé au nord, frontalier du Tchad et du Niger et siège de l’insurrection de Boko Haram depuis 2014, ainsi que dans l’État de Yobe, lui aussi situé au nord et issu d’une scission avec l’État de Borno en 1991.

Attaques communautaires

À ces attaques sécessionnistes, conduites par ISWAP et Boko Haram, s’ajoutent des attaques plus strictement communautaires.

Mars-avril 2025 : massacres dans l'État de Plateau. Plus de 120 civils sont tués lors d'attaques menées par des milices peules contre des villages chrétiens, avec des cas de viols, d'incendies criminels et de déplacements massifs de populations.

24-26 mai 2025 : attaques dans l'État de Benue. Au moins 42 personnes sont tuées par des éleveurs peuls contre des villages agricoles, pour des motifs fonciers et ethniques. Un prêtre catholique, le père Salomon Atongo, est grièvement blessé.

La région du Plateau de Jos est une région centrale du Nigeria, lieu de refuge traditionnel des populations animistes fuyant les attaques et le jihad des Peuls. C’est un lieu ancien de confrontation, qui continue d’être le lieu de nombreuses attaques. Quant à l’État de Benue, il est situé dans le sud-est du pays.

Les chrétiens ciblés

Ni le gouvernement du Nigeria, ni moins encore la diplomatie pontificale ne disposent de leviers suffisants pour mettre un terme à ces massacres. Beaucoup plongent leurs racines dans des causes séculaires — oppositions de peuples pour le contrôle des territoires — où les haines et les rancœurs s’accumulent. L’armée du pays est trop faible, disposant de peu de moyens et de motivation pour contrer les attaques du nord, notamment de Boko Haram et d’ISWAP. Pays très fortement fédéral, chaque État dispose d’une latitude politique pour intervenir. Mais il est évident que ses massacres ne laissent pas indifférent le Vatican. Beaucoup de populations chrétiennes sont attaquées, de nombreuses jeunes filles sont enlevées, qui se retrouvent ensuite sur les marchés de Libye et dans les grandes villes européennes, souvent avec les complicités des mafias italiennes. Si les causes de ces massacres sont locales, leur intégration dans les trafics internationaux et le commerce des femmes et de la drogue met en jeu des acteurs du golfe de Guinée et des deux rives de la Méditerranée. C’est ici que le Saint-Siège peut agir, en informant, en faisant prendre conscience de la gravité de la situation, en activant ses relais et réseaux pour combattre ceux qui, en Europe, profitent et s’enrichissent sur la criminalité et les razzias opérées au Nigeria.

Ces attaques meurtrières qui ont visé des lieux de culte chrétiens ces dernières années :

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