C'est une petite chapelle qui pourrait presque passer inaperçue au milieu des merveilles que compte la capitale. En plein cœur de Paris, dans le cossu 8e arrondissement, Notre-Dame de Consolation offre un somptueux décor néobaroque à qui passe sa porte. C'est ici, rue Jean Goujon, qu'elle fut érigée en 1901 après un drame qui marqua profondément l'histoire de la capitale : l'incendie du Bazar de la Charité. Plus de 100 ans après sa construction, cette chapelle s'apprête à suivre, pendant au moins deux ans, un chantier de restauration.

Placé sous la direction de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) Île-de-France du fait du statut de Monument historique de la chapelle, le chantier doit notamment permettre la restauration complète des deux coupoles, ainsi que celle des vitraux mais aussi des décors et du chemin de croix à l'intérieur de l'édifice. "La pollution, la poussière et le temps ont fortement altéré le bâtiment", explique à Aleteia l'abbé Celier de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, à qui L’Association Mémorial Bazar de la Charité, propriétaire, a confié les lieux en 2013. "Au bout de 120 ans, on retrouve des trous, des infiltrations d'eau qui abîment les décors… Nous allons donc commencer par rénover la couverture de la chapelle, avant de restaurer la première coupole qui sera redorée", poursuit l'abbé Celier.
Un travail d'orfèvre mené par les couvreurs qui ont travaillé sur le toit de Notre-Dame de Paris. Outre les financements à hauteur de 40% de la DRAC, une collecte a été mise en place par la Fondation du Patrimoine portée par Stéphane Bern, parrain du projet. Le reste sera à la charge de la Fraternité Saint Pie X qui ouvre une campagne de dons à cette occasion.
Un lieu d'apaisement après la souffrance
Le 4 mai 1897, entre 120 et 132 personnes, en grande majorité des femmes de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie venues pour une vente de bienfaisance, perdirent la vie sur ces lieux en des circonstances dramatiques. Un incendie de grande ampleur, déclenché par une lampe à éther utilisée pour une projection cinématographique, emporta tout le hangar composé de décors extrêmement inflammables. La porte d'entrée, trop petite, ne laissa pas sortir les malheureuses suffisamment rapidement. Piégées, une centaine d'entre elles moururent brûlées vives. Parmi elles la duchesse d'Alençon, sœur cadette de l'impératrice Élisabeth d'Autriche (dite Sissi) qui périt héroïquement. Organisant d'abord la sortie des plus jeunes, elle refusa de quitter les lieux avant que ne soient évacuées les autres femmes. Puis comprenant que sa fin était arrivée, elle s'agenouilla calmement pour prier le chapelet. "C'est un événement marquant dans l'histoire de notre famille", témoigne auprès d'Aleteia Jean d'Orléans, comte de Paris. Descendant de la duchesse d'Alençon dont il est l’arrière-arrière-petit-neveu par alliance, le comte de Paris a notamment contribué à lever des fonds pour la restauration. "Apporter mon soutien à la restauration de la chapelle était donc important pour moi. Je suis très heureux de contribuer à ce projet qui contribue à entretenir la mémoire des victimes de cet incendie."

"C'est un chantier d'envergure, profondément nécessaire pour maintenir ce lieu de mémoire emblématique de Paris, qui a permis d'insuffler l'espérance après de terribles souffrances" ajoute encore l'abbé Célier. Une espérance que rappelle la statue de Notre-Dame de Consolation hissée tout en haut du dôme, pointant le ciel du doigt comme pour inviter à suivre l'exemple de la duchesse d'Alençon qui dit à ses dames de compagnie, effrayées par l'atrocité de la mort qui les guettait : "Songez que dans quelques minutes, nous verrons Dieu".