Mgr Josep-Lluis Serrano Pentinat est devenu évêque du diocèse catalan d'Urgell ce 31 mai 2025, sur nomination de Léon XIV. Il avait été nommé évêque coadjuteur le 12 juillet 2024 par le pape François et est désormais évêque de plein droit, accédant ainsi au statut de co-prince d’Andorre, appelé à exercer le rôle de chef d’État du petit pays des Pyrénées en binôme avec le président de la République française. Cet évêque espagnol, issu de la diplomatie vaticane, remplace Mgr Joan-Enric Vives i Sicilia, en poste depuis plus de 20 ans.
Mgr Vives avait été nommé par le pape Jean-Paul II en 2001 et avait pris le titre de co-prince d’Andorre en 2003, qu’il a donc partagé avec les présidents français Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. Les deux chefs d’État d’Andorre, tout en n’ayant pas la citoyenneté andorrane, sont les garants de la Constitution de la petite principauté montagnarde enclavée entre la France et l'Espagne. En signe de cette collaboration, il est d'usage que lors du départ en retraite de l'évêque d'Urgell, le président français lui remette l'insigne de grand-officier de la Légion d'honneur.
Alors que Mgr Vives a célébré ses 75 ans – âge canonique de la retraite – le 24 juillet 2024, le pape François avait décidé quelques jours plus tôt de lui adjoindre un évêque coadjuteur, appelé à lui succéder après une période de transition. Le choix du pontife argentin s’était porté sur un jeune diplomate : Mgr Josep-Lluis Serrano Pentinat, 48 ans, a été conseiller de nonciature à la section pour les affaires générales à Rome, et il est passé par les nonciatures du Brésil, du Nicaragua et du Mozambique. Il est ainsi devenu le plus jeune évêque d'Espagne.
La mission politique inhabituelle qui attend ce Catalan ordonné prêtre en 2002 a été établie dans un traité datant du XIIIe siècle. Pour régler un conflit territorial entre le comté de Foix et le diocèse d’Urgell, un traité de paréage sur le territoire andorran avait été établi qui a abouti au système de co-suzeraineté actuel – les présidents français héritant du titre après la chute de la monarchie.
Pas de remise en question du système de co-principat
Ce système vaut à l'évêque d'Urgell de figurer régulièrement en tête des délégations officielles de chefs d'État lors des célébrations à Rome, notamment pour l'installation du nouveau pape. Andorre est en effet le premier dans l'ordre alphabétique des pays de régime monarchique, qui ont préséance sur les républiques dans le protocole du Vatican - Italie et pays d'origine du pontife mis à part.
Le 19 mars 2013, selon des médias espagnols, le pape François aurait manifesté sa surprise de découvrir un évêque parmi les chefs d'État l'ayant salué après sa messe d'installation, et aurait posé la question d'un changement de régime, cette formule lui semblant anachronique. Mais en visite dans ce pays de 80.000 habitants en septembre 2023, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège a démenti ces rumeurs. « De la part du Saint-Siège, nous soutenons pleinement le fait qu’un évêque soit co-prince, c’est-à-dire qu’il partage la fonction de chef de l’État », avait expliqué le cardinal Parolin, en assurant que le pape n'avait « aucune intention de modifier l’ordre constitutionnel du co-principat. »
Le diocèse d'Urgell, suffragant de celui de Tarragone, constitue un rare cas de diocèse binational, à cheval entre le territoire andorran et une partie de la Catalogne espagnole, pour une population totale d'environ 213.000 habitants, presque tous catholiques. Frappé par la chute des vocations sacerdotales comme de nombreux diocèses du nord de l'Espagne, le diocèse d'Urgell ne compte actuellement que 70 prêtres incardinés contre plus de 250 dans les années 1950.
