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Que reste-t-il de la Visitation en Terre sainte ?

Eglise de la Visitation - Ein Kerem - Terre Sainte

L'église de la Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie

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Valdemar de Vaux - publié le 30/05/25
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Chaque 31 mai, l’Église commémore l’épisode de la Visitation. Dans la "région montagneuse, dans une ville de Judée", Marie retrouve sa cousine Élisabeth. Encore aujourd’hui, un sanctuaire rappelle cet événement, mais aussi la tradition vivante de prendre soin des autres.

En hâte, ou avec empressement. Voilà comment l’évangéliste qualifie la manière qu’a Marie de se rendre à la rencontre de sa cousine Élisabeth. Alors que l’ange vient de lui annoncer qu’elle porte en elle, par l’opération du Saint-Esprit, le Fils de Dieu, Notre-Dame part de Nazareth pour rejoindre la "région montagneuse" et parvenir à "une ville de Judée". Ce qui la meut ? Probablement le désir de voir que "rien n’est impossible à Dieu", la volonté de rendre service à une femme âgée qui attend elle aussi un fils, le bonheur qui l’étreint et qu’elle partage avec celle qui était stérile.

Cet épisode de la Visitation (cf. Lc 1, 39-56) a été situé par la tradition dans un village qui porte aujourd’hui le nom d’Aïn Karem, ou "source de la vigne". Non loin à l’ouest de Jérusalem, où Zacharie, l’époux d’Élisabeth, est prêtre, dans les montagnes qui entourent la Ville sainte et manifestent la présence de Dieu auprès de son peuple (cf. Ps 124), les deux femmes se seraient rencontrées, en même temps que les deux nouveau-nés qu’elles portaient : Jésus et Jean-Baptiste. Depuis le XIVe siècle, les franciscains de la Custodie de Terre sainte distinguent deux sites à Aïn Karem. Un sanctuaire est construit sur le lieu supposé de la naissance du Précurseur, l’autre, qui lui fait face sur le flanc de la colline, où Marie aurait retrouvé sa cousine et proclamé le Magnificat.

Le lieu de la joie du Magnificat

L’église actuelle de la Visitation, imaginée par A. Barluzzi dans les années 1930, est construite sur des restes plus anciens. Si l’emplacement a été acheté par les frères franciscains en 1679, il a appartenu aussi à des moines arméniens, et les fouilles de 1937 ont révélé des restes anciens : une citerne du VIe ou VIIIe siècle, un puits médiéval, une salle du temps des Croisades (XIIe siècle). Selon ce qui peut s’appeler une légende, la source, au creux d’un rocher, aurait servi de cachette pour Élisabeth et Jean-Baptiste lors du massacre des Saints-Innocents. Les soldats d’Hérode venus pour tuer l’enfant – l’on est ici à peu de distance de Bethléem – n’auraient pu voir les deux fugitifs cachés dans une montagne ouverte à l’invocation de la mère.

Pour parvenir aujourd’hui au sanctuaire, on traverse d’abord un village connu pour son caractère champêtre et son côté artiste, où les Hiérosolymitains aiment venir pour déjeuner au restaurant les jours de sabbat. Avant de monter jusqu’au sanctuaire, une petite fontaine, elle aussi associée à la Visitation : Marie s’y serait désaltérée. En haut, face aux collines arborées – et de plus en plus bétonisées – de la Judée ancienne, les pèlerins parviennent d’abord à une vaste cour. À gauche, une grande mosaïque de Marie accompagnée par les anges et un âne de Nazareth à Aïn Karem, fait face à un mur recouvert de carreaux de céramique où est inscrit le texte du Magnificat dans toutes les langues. Ce lieu est un lieu de joie, celle de Notre-Dame qui comprend que le Sauveur habite en elle, celle de la femme tournée vers les autres et qui se réjouit des merveilles que le Seigneur accomplit.

Eglise de la Visitation - Ein Kerem - Terre Sainte
Entrée et façade de l'église de la Visitation où la Vierge Marie rendit visite à sa cousine Elisabeth et récita le Magnificat, à Ein Kerem près de Jérusalem.

Perpétuer l’esprit de la Visitation

Sous l’église, on contemple encore l’ancien puits byzantin dans une chapelle ornée de fresques du siècle dernier sur Zacharie et Élisabeth. Avant l’église, on traverse un jardin florissant entretenu avec une persévérance toute bénédictine par le frère Francisco, franciscain polonais qui prie dans le sanctuaire s’il ne travaille pas dehors. Récente l’église n’est pas d’un rare intérêt, mais ses fresques permettent aux pèlerins de méditer sur la Visitation, les femmes dans la Bible et l’élaboration de la théologie mariale.

Au-delà du sanctuaire, le village tout entier, pourrait-on dire, vit de l’esprit de la Visitation, fait de rencontre et de charité fraternelle. Il y a aussi des Grecs et des Russes orthodoxes, un lieu de prière juif, des maisons religieuses catholiques. Collé à la propriété des franciscains, même s’il faut pour y accéder prévenir à la fontaine de Marie, le Centre Saint-Vincent, tenu par les Filles de la Charité, cherche lui aussi à s’occuper des autres avec "empressement". On y accueille des jeunes polyhandicapés, chrétiens, musulmans ou juifs, pour en prendre soin et tâcher, même petitement, de leur montrer comment Dieu "élève les humbles".

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