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Le curé d’Ars, un “modèle de bonté” pour les papes

saint curé d'ars
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Cyprien Viet - publié le 30/05/25
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Ce samedi 31 mai marque le centenaire de la canonisation du curé d’Ars. L’occasion de se pencher sur l’héritage de saint Jean-Marie Vianney (1786-1859) dans l’enseignement des papes de l’époque contemporaine, qui ont vu dans le prêtre français un point de référence pour réaffirmer la valeur du sacerdoce.

Béatifié le 8 janvier 1905 par saint Pie X qui en fit immédiatement le “patron des prêtres de France” dans le contexte des lois anticléricales de la IIIe République, Jean-Marie Vianney fut proclamé saint le 31 mai 1925 par le pape Pie XI. Quatre ans plus tard, il a été proclamé “saint patron des curés de l’univers”. Bien que le projet d’en faire le saint patron de tous les prêtres au terme de l’année sacerdotale 2009-2010 n’ait finalement pas été retenu, il demeure une figure de référence dans le magistère des papes.

Une destinée étonnante pour cet homme fragile en apparence, qui n’avait pas été scolarisé et qui ne sentait pas digne de devenir curé, mais qui a su plonger dans une relation puissante à la miséricorde de Dieu afin de la rendre accessible aux 258 âmes de ce village, auparavant connues pour être peu réceptif à la foi chrétienne. Le curé d’Ars en est finalement venu à rayonner bien au-delà de son territoire de mission, et cette commune de l’Ain accueille désormais 300 000 pèlerins par an, parmi lesquels de nombreux prêtres qui y trouvent une grande source de réconfort face aux peines et aux fatigues de leur sacerdoce.

“Derrière ce petit bonhomme d’1m54 et qui devait faire 45 kilos, il y avait quelque chose de monumental, la figure d’un prêtre extraordinaire”, explique le père Rémi Griveaux, recteur du sanctuaire d’Ars depuis 2020. Une observation à laquelle font écho ces mots de Pie XI dans l’homélie de sa messe de canonisation. “Il Nous semble voir se dresser à Nos yeux la frêle silhouette de Jean-Marie Vianney, cette tête aux longs cheveux blancs qui lui lotit comme une éclatante couronne ; ce mince visage creusé par les jeûnes, mais sur lequel se reflétait si bien l’innocence et la sainteté d’un cœur très humble et très doux, ce visage dont le seul aspect suffisait à ramener les foules à de salutaires pensées”, déclare alors Pie XI.

Un prêtre “rempli du Christ”

Son successeur Pie XII remarque en 1946, dans une exhortation pastorale adressée aux curés de Rome, que “le saint curé d'Ars n'avait certes pas le génie naturel [...] d'un Bossuet, mais la conviction vive, claire, profonde, dont il était animé, vibrait dans sa parole, brillait dans ses yeux, suggérait à son imagination et à sa sensibilité des idées, des images, des comparaisons justes, appropriées, délicieuses [...].  Celui qui est rempli du Christ ne trouvera pas difficile de gagner les autres au Christ”, martèle-t-il.

Si vous voulez convertir votre diocèse, il faut faire des saints de tous vos curés

Jean XXIII, pour sa part, consacre au curé d’Ars une encyclique entière, Sacerdotii Nostri Primordia, publiée en 1959 à l’occasion du centenaire de sa mort. Le buono Papa, qui avait été nonce apostolique en France et connaissait bien les difficultés du clergé local, y reprend un mot de saint Jean-Marie Vianney adressé à son évêque : “Si vous voulez convertir votre diocèse, il faut faire des saints de tous vos curés”. Il invite aussi à s’en remettre au saint curé d’Ars afin de prier pour les vocations sacerdotales, qui déjà, en cette fin des années 1950, tendent à devenir plus rares.

“Les prêtres doivent demander au saint Curé d’Ars la joie de se consacrer d’abord au salut des âmes”, déclare Paul VI en 1977 à un groupe d'évêques de France, dans une décennie marquée par de nombreux abandons dans les rangs d’un clergé secoué par l’après Mai-68.

“Une religion du bonheur”

Durant son long pontificat, Jean-Paul II s’appuiera amplement sur le curé d‘Ars, le considérant comme “un modèle dans sa personne et dans son ministère”. Il se rend à Ars en octobre 1986 en insistant, devant les prêtres, sur leur responsabilité dans la transmission du Salut offert par Dieu. Saint Jean-Marie Vianney “n’a cessé d’avertir ses fidèles, spécialement les âmes tièdes, indifférentes, pécheresses, incrédules, du risque qu’elles couraient pour leur salut, en refusant de suivre la voie de la foi et de l’amour tracée par le Sauveur ; il voulait leur éviter de tomber, d’être perdues, éloignées de la Lumière et de l’Amour pour toujours”, déclare le pape polonais.

En 2009, dans un message pour la retraite sacerdotale internationale organisée à Ars, Benoît XVI souligne que Jean-Marie Vianney présente “une religion du bonheur,” et non une religion de souffrance et de sacrifice. “Ce qui est fondamental, c’est la charité pastorale et le don de soi, le don du pasteur dans le don du Christ”, explique le père Rémi Griveaux.

Le pape François pour sa part, qui avait accueilli les reliques du curé d’Ars dans sa cathédrale de Buenos Aires en 2009, se montre attaché à cette figure dans plusieurs de ses prises de parole. Lors de la prière de l’Angélus du 4 août 2019, il le présente comme un “modèle de bonté et de charité pour tous les prêtres”. “Que le témoignage de cet humble curé totalement dévoué à son peuple nous aide à redécouvrir la beauté et l'importance du sacerdoce ministériel dans la société contemporaine”, indique François. Le père Griveaux voit aussi dans le curé d’Ars un modèle d’attention aux “périphéries” chères au pontife argentin : “Il a fait du porte à porte, il visitait les familles, il voulait relancer les écoles alors que lui-même n’avait pas été scolarisé”, rappelle-t-il.

S’il est encore trop tôt pour retrouver des références au curé d’Ars dans le magistère du nouveau pape Léon XIV, il est probable qu’il y fasse référence lors du Jubilé des prêtres qui se tiendra à Rome du 27 au 29 juin prochains. Face aux doutes qui tenaillent certains prêtres, le père Griveaux voit en saint Jean-Marie Vianney une figure moderne et inspirante, invitant à revenir au centre de l’engagement sacerdotal. “Toute la racine de l’action du curé d’Ars, c’est de conduire les âmes à Dieu. On est ce qu’on est devant Dieu”, insiste-t-il.

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