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Ces Églises “catholiques” pas très catholiques

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chapelle de la Plainelière à Courlay (Deux-Sèvres).

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Fabrice de Chanceuil - publié le 28/05/25
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L’interpellation récente d’un "évêque gallican" dans une affaire de pédocriminalité a attiré l’attention sur l’existence d’Églises marginales, se réclamant du catholicisme, mais en rupture avec Rome.

On connaît les Églises catholiques de rite oriental qui ont notamment été mises en lumière à l'occasion de la messe d'intronisation du pape Léon XIV. La tentative de suicide par défenestration le 23 mai dernier en Alsace de Mgr Raphaël Steck, évêque de l’Église gallicane, a permis de rappeler qu'il existe aussi, mais séparées de l’Église catholique romaine, des Églises catholiques de rite latin. Héritières de ruptures, moins nées de controverses doctrinales que d'ambitions personnelles ou de vicissitudes de l'histoire, ces églises ont traversé le temps tout en restant marginales.

En opposition à Rome

La plus importante est l’Église vieille-catholique de l'Union d'Utrecht, présente aux Pays-Bas mais aussi dans plusieurs pays d'Europe. Elle est apparue au XVIIIe siècle comme une Église accueillante aux idées jansénistes condamnées par l’Église romaine dans la bulle Unigenitus. Elle a été renforcée à la fin du XIXe siècle par l'arrivée de catholiques refusant le dogme de l'infaillibilité pontificale défini par le concile Vatican I. L'Église vieille-catholique de l'Union d'Utrecht, constituée formellement en 1889, compte aujourd'hui quelque 500.000 fidèles.

On trouve également, en France, des Églises gallicanes. Le gallicanisme, volonté de s'affranchir de l'autorité de Rome par opposition à l'ultramontanisme, a toujours été une tendance récurrente de l’Église catholique en France, le plus souvent sous l'influence du pouvoir politique, désireux de s'assurer du contrôle des ministres du culte et de leurs fidèles. On sait que c'est pour cette raison que Louis XIV fut temporairement excommunié, même si le pape a gardé secrète cette mesure afin de ne pas provoquer une crise de régime.

Les Églises gallicanes

Au début du XXe siècle, cette tendance a donné naissance à ces Églises gallicanes, répondant au vœu d'Aristide Briand, rapporteur de la loi de séparation de 1905. On en trouve aujourd'hui plusieurs comme l'Union apostolique gallicane à laquelle appartient Mgr Steck cité plus haut, l’Église gallicane de la tradition apostolique de Gazinet, largement ésotérique, ou bien encore, par scission d'avec cette dernière, l’Église catholique gallicane de France. Toutes ces Églises ne réunissent pas plus que quelques centaines d'adeptes.

Dans un contexte un peu différent, il faut citer aussi la Petite Église, résultant de la Révolution française. En France, elle est essentiellement apparue dans la région de Bressuire (Deux-Sèvres) à la suite des soubresauts du soulèvement vendéen. La région était tenue par le chef vendéen Gaspard de Bernard de Marigny. En 1794, celui-ci avait décidé de relancer unilatéralement une offensive qui lui valut la réprobation des autres chefs vendéens, au point d'être jugé et condamné à mort par ses pairs, avec le soutien de l'abbé Étienne-Alexandre Bernier, alors aumônier de l'armée vendéenne. Quand plus tard, l'abbé Bernier, rallié à Napoléon, va devenir, en 1801, l'artisan du Concordat signé avec le pape Pie VII, une partie des habitants du Bressurais, fidèles à leur ancien chef, vont refuser cet accord et constituer une Église à part, non concordataire.

Petits troupeaux sans bergers

Un mouvement similaire va avoir lieu à Lyon, d'essence plutôt janséniste, et chez les stévenistes de la région de Namur en Belgique, partisans de l'abbé Corneille Stevens, prêtre anti-concordataire. Au départ, les membres de la Petite Église ont pu bénéficier d'une hiérarchie ecclésiastique, avec des évêques, notamment Mgr de Lauzières-Thémines, évêque de Blois, et plusieurs prêtres. Faute de nouvelles ordinations, cette hiérarchie cessa d'exister en 1852, laissant le petit troupeau sans berger. Pourtant, les fidèles vont continuer à se réunir pour des offices pouvant être assimilés à ce qu'on appelle ailleurs des ADAP (assemblées dominicales en l'absence de prêtre). Au cours de ces cérémonies sont lus des textes en latin issus du missel gallican en usage en France avant l'institution de la messe de saint Pie V au XIXe siècle.

L’unité de l’Église

En 1966, chargé par le pape des contacts avec la Petite Église du Poitou, Mgr Derouineau, ancien missionnaire en Chine tenta d’obtenir le ralliement des anti-concordataires de l'Ouest. Au cours d'une messe célébrée à Chemillé (Maine-et-Loire), ceux qui avaient accepté de se rallier à la démarche purent ainsi communier pour la première fois. Pour autant, la Petite Église survit dans ses différentes composantes, rassemblant encore quelque 4.000 fidèles dont 3.000 dans les Deux-Sèvres. En 1996, lors de son voyage à Saint-Laurent-sur-Sèvres, le pape Jean-Paul II, tenta un énième rapprochement, en vain. Peut-être la ferme volonté du pape Léon XIV d'assurer l'unité de l’Église parviendra-t-elle à dépasser ces survivances malgré tout schismatiques ?

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