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Aide à mourir : ces députés de tous bords qui se sont opposés au texte

Les députés examinant le projet de loi sur la fin de vie, mai 2024.

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Cécile Séveirac - publié le 28/05/25
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Adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale ce mardi 27 mai, la proposition de loi sur l’aide active à mourir a reçu le soutien d'une grande majorité de la classe politique. Mais plusieurs figures de tous bords politiques s’y sont opposées, certaines sans équivoque, d'autres plus discrètement.

305. C'est le nombre de députés qui ont voté, en première lecture, en faveur de la proposition de loi créant un "droit à l'aide active à mourir" légalisant donc, derrière ce mot-valise, euthanasie et suicide assisté. Sur 561 votants, 199 députés ont voté contre, et 57 se sont abstenus. Rupture anthropologique dramatique pour certains, véritable avancée sacralisant la liberté individuelle pour d'autres, cette loi, bien qu'adoptée en première lecture, n'a pourtant pas tout à fait suscité l'unanimité chez les représentants du peuple.

Mais qui sont donc ces députés qui se sont prononcés en défaveur du texte, certains de façon tonitruante, d'autre peut-être de façon plus discrète ? Chez les Républicains, le groupe s'est majoritairement opposé au texte. Sur 49 votants, 34 ont voté "contre" et 7 "pour". Parmi les opposants les plus visibles, aux côtés de Patrick Hetzel et Thibault Bazin, Philippe Juvin (Hauts-de-Seine) s’est illustré comme le porte-voix de l’opposition à la proposition de loi sur l’aide à mourir. Médecin urgentiste, il a dénoncé une approche trop rapide d’un sujet aussi grave, en soulignant notamment que "légaliser l’euthanasie dans un pays qui n’a pas généralisé les soins palliatifs est irresponsable" et en alertant sur le risque d’installer une logique de facilité au détriment d’un véritable accompagnement des personnes en fin de vie. En commission comme dans l’hémicycle, il a multiplié les prises de parole pour alerter sur les dérives possibles et défendre une éthique fondée sur le soin et le soulagement de la souffrance, sans franchir la ligne rouge de l’acte létal.

Au sein de la coalition présidentielle "Ensemble", les votants ont été majoritairement dans le sens de la loi : sur 94, 64 ont voté pour et 11 contre. Parmi les frondeurs, Charles Rodwell, député des Yvelines, a exprimé sa crainte que la loi n'ouvre la porte à des évolutions inévitables vers une généralisation de l'euthanasie. "Je ne veux pas faire partie des députés qui ouvriront la boîte de Pandore ", déclarait-il ainsi avant le vote à RCF.

Même opposition significative au texte du côté du Rassemblement national (RN), bien que quelques députés aient exprimé des positions divergentes. Sur 123 votants, 19 ont voté pour, 101 contre. Parmi ces derniers, le député Christophe Bentz (Haute-Marne) a réaffirmé à plusieurs reprises son opposition au texte, proposant plusieurs amendements pour durcir les critères d'éligibilité ou la procédure d'accès. "Notre devoir est de protéger la fragilité humaine plutôt que de l’effacer et de l’abandonner", a-t-il ainsi souligné quelques minutes avant le vote en prenant la parole.

Du côté de La France Insoumise (LFI), les votes sont loin d'être dispersés. Les députés ont voté massivement en faveur du texte qu'ils ont porté avec zèle tout au long des débats, introduisant même des amendements de plus en plus permissifs. Sur 71 votants, 62 ont voté pour, 4 se sont abstenus. Sophia Chikirou (Paris) qui s'est "abstenue volontairement" a confié auprès du Figaro :" Je doute d’un point de vue moral sur les effets anthropologiques d’une telle loi, sur les effets délétères dans une société organisée par le capitalisme prédateur. Je doute aussi de la nécessité de légiférer au-delà de la loi actuelle qui permet déjà de répondre à la très large majorité des situations".

Une loi individualiste

Certains parlementaires pourtant favorables à la loi sur la fin de vie ont fini par changer d'avis, comme Maud Gatel, députée parisienne du groupe Démocrate (Modem). Ses rencontres avec les médecins, soignants et bénévoles l'ont convaincue de l'urgence à prioriser les soins palliatifs plutôt que l'aide active à mourir. ORL de profession, Cyrille Isaac-Sibille (Modem, député du Rhône) a regretté dans un communiqué un texte n'ayant "pas pu trouver l’équilibre entre compassion envers les patients et protection envers les plus faibles", pointant du doigt la trop lourde responsabilité laissée au médecin dans la décision d'administrer la substance létale. " Cette loi se dit 'fraternelle'. En réalité, elle nous conduit vers une société toujours plus individualiste, libérale, hédoniste et utilitariste, où le sentiment de n’être plus utile ou d’être une charge ferait fi de la vie et pourrait justifier une demande de mort", tance le député. Stéphane Peu, président du groupe communiste à l'Assemblée, s'est félicité d'"une opposition de gauche à ce texte qui valorise une logique individualiste contre une logique de solidarité". "Je pense que les premières victimes de cette loi seront les pauvres et les vulnérables", a regretté le député.

Même position pour Dominique Potier (Meurthe-et-Moselle) au Parti socialiste, au sein duquel seuls 4 élus ont voté contre la loi sur 66 votants. Il faisait partie des députés plaidant dès 2023 pour que le texte sur la fin de vie soit scindé en deux entre les soins palliatifs d'une part et l'aide à mourir d'autre part. Paul Christophle, lui aussi élu PS, s'est opposé au texte en s'alarmant que "la peur d’être une charge pour les proches aidants, le coût important des Ehpad, la crainte de mauvais traitements" puissent devenir les motivations premières des patients demandeurs.

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