Les Voiles de Marie-Madeleine, c’est une flottille de dix bateaux qui chaque été depuis 2017, prend la mer de Toulon à Marseille en accostant chaque jour dans un port différent pour une mission d’évangélisation. Cette mission a été fondée par les Dominicains. Chaque voilier, d’une longueur d’environ dix mètres, est dirigé par un skipper et son second. À son bord, un équipage de six à huit étudiants ou jeunes professionnels, et un aumônier.
L’un des bateaux abrite les précieuses reliques de sainte Marie-Madeleine. La mission des "Voiles" s’inscrit dans le sillage de cette grande sainte qui faisait partie des amis proches de Jésus. "Les Provençaux sont très attachés à Marie-Madeleine, ses reliques sont conservées à la Sainte-Baume", explique le responsable nautique de l’évènement, Louis-Etienne Pinget, 28 ans. "Marie-Madeleine a été elle-même missionnaire !", souligne Manon, 27 ans. "Elle a été relevée de son péché par Jésus. Elle a été missionnaire auprès des apôtres après l'Ascension, puis elle est partie en voilier jusqu'en Camargue et a évangélisé la Provence".

Toulon, Le Brusc, Bandol, Sanary, La Ciotat, le Frioul et Marseille…. Chaque après-midi, après un enseignement donné par les frères le matin à bord, la flottille accoste dans un port différent. Sitôt débarqués, les jeunes qui n’ont pas forcément tous le pied marin, rejoignent leur service : intendance pour anticiper le ravitaillement, préparation de la navigation du lendemain, répétition des chants, et préparation (en lien avec les paroissiens du lieu) de la procession, la messe puis la veillée qui ont lieu le soir dans l’église locale. Chaque soir, une dizaine de prêtres se rend disponible pour confesser.
Au fil des années, la mission devient très attendue par les habitants. "À Sanary, l'an dernier, il y avait environ 1.000 personnes", se souvient Louis-Etienne, fils et petit-fils de marin, ancien chef scout, qui vit à Toulon. "Certains attendent les "Voiles" avec impatience, je me souviens d’une commerçante qui avait fermé boutique plus tôt pour pouvoir venir".
"Tous les soirs, il y a des conversions"
L’aspect apostolique des "Voiles", c’est ce qui a motivé Manon à venir une cinquième fois cette année. Pour cette navigatrice aguerrie originaire de Normandie, la figure de Marie-Madeleine "est très importante" dans son parcours de foi. Élevée dans une famille non-pratiquante, elle a été baptisée à 9 ans et en 2019, étudiante, elle a rejoint les JMJ au Panama en voilier.
L’an dernier, elle a été touchée par une famille rencontrée au cours d’une veillée. "Ils n’étaient pas forcément pratiquants mais étaient très ouverts… Nous avons beaucoup discuté, puis récité le Notre-Père devant le Saint-Sacrement" confie Manon, qui deviendra Vierge Consacrée dans quelques mois pour le diocèse de Coutances.

Comme Manon, chaque année, Louis-Etienne s’émerveille des grâces reçues. "Tous les soirs, il y a des conversions… L'an dernier, la veillée avait duré deux heures, ça ne désemplissait pas". Parfois, les gens s’attardent sur le parvis, dans la douceur de la nuit estivale. C’est l’occasion de discussions entre les jeunes missionnaires et les estivants, sur des sujets d’actualité comme l’homosexualité dans l’Église.
En fin de semaine, les équipages se réunissent au Frioul pour souffler un peu (temps libre, baignade…). "Le soir, comme il y a peu de monde, on fait une procession plus simple, une veillée de prière entre nous. On échange sur ce qu'on a vécu. On relit les fruits de la mission et nous déposons tout cela au Seigneur… avant la grande étape du lendemain à Marseille" raconte Louis-Etienne.

Après une dernière soirée d’évangélisation à l’église Saint-Ferréol de Marseille, la mission des Voiles de Marie-Madeleine s’achève par une messe d’envoi au couvent des Dominicains, le dimanche matin.
