"Vous êtes un petit troupeau, mais avec une grande responsabilité en cette terre où est né et où s’est répandu le christianisme ", avait écrit le pape François à Noël 2024 dans une lettre adressée aux chrétiens d’Orient. "Puissiez-vous toujours rendre témoignage à Jésus à travers les difficultés ! Votre présence même est précieuse pour le Moyen-Orient. Vous êtes comme le levain dans la pâte. " Ces paroles fortes rappellent combien la vocation des chrétiens d’Orient dépasse leur nombre : ils sont appelés à être lumière et sel au cœur d’un monde souvent blessé. Leur présence, humble et fidèle, est une bénédiction silencieuse pour leurs terres d’origine, marquées à la fois par la beauté de la foi et la douleur des conflits.
Malheureusement soumis aux guerres et aux massacres depuis le début du XXe siècle, les chrétiens d’Orient sont de moins en moins nombreux. Mais combien sont-ils exactement ? D’après un récent décompte effectué par l’Œuvre d’Orient, ils seraient aujourd’hui près de 176 millions (175.672.000 exactement). Un chiffre qui, derrière sa froideur statistique, reflète une mosaïque de peuples, de langues, de rites et de traditions vivantes, unies dans la confession d’un même Christ ressuscité. Chaque Église, avec ses particularités théologiques, liturgiques et culturelles, participe à la symphonie spirituelle du christianisme oriental, enraciné dans les terres bibliques et pourtant tourné vers l’universalité.
Les Églises orientales ont l’âge du christianisme. C’est en Orient que l’Église est née, et c’est depuis l’Orient qu’elle s’est répandue dans tout l’Empire romain. Elles portent en elles la mémoire vivante des premiers apôtres, des martyrs et des Pères de l’Église, dont les prières continuent de nourrir la foi des croyants d’aujourd’hui. Ces Églises sont diverses, rassemblant plusieurs familles spirituelles et liturgiques : les Églises catholiques orientales (comme les maronites, les melkites, les chaldéens, les coptes catholiques ou les arméniens catholiques), les Églises orthodoxes orientales (telles que les coptes orthodoxes, les syriaques orthodoxes ou les arméniens apostoliques), ainsi que les Églises orthodoxes byzantines présentes notamment au Liban, en Syrie ou en Palestine. Cette richesse reflète la pluralité des expressions de la foi, unies dans la même fidélité au Christ.
Les communautés chrétiennes vivent depuis 2.000 ans au sud et à l’est de la Méditerranée. "Elles ont vu naître l’islam il y a treize siècles et ont noué avec les musulmans des relations parfois fécondes et parfois difficiles ", détaille l’Œuvre d’Orient. Malgré les tensions, ces relations ont aussi donné lieu à des échanges riches, des dialogues de vie et de foi, dans lesquels les chrétiens ont souvent été des témoins d’un vivre-ensemble possible. Les fidèles agissent souvent comme des 'passeurs de culture'. "Ces chrétiens ne sont pas les enfants des croisés ni des colonisateurs ; ce sont les chrétiens de la Pentecôte. Témoins d’une riche diversité culturelle et artisans de paix, ce sont des citoyens engagés au service de leur pays." Leur fidélité au Christ s’incarne dans un enracinement concret, dans l’éducation, la santé, la charité, le dialogue interreligieux. Leur foi n’est pas seulement une mémoire : elle est un témoignage vivant, une espérance offerte à tous. Et cette espérance passe aussi par la fraternité entre ces différentes Églises orientales, souvent persécutées ensemble, mais aussi unies dans la prière et l’espérance du Royaume.
