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Cette astuce d’un Père du Désert pour vaincre l’orgueil

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Sophie Baron - publié le 23/05/25
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Que nous disent les Pères du Désert pour guider notre vie spirituelle, dans les circonstances très concrètes de notre vie ? Pour lutter contre l’orgueil, rien de tel qu’un examen de conscience impitoyable comme celui du moine Hor, pour dénicher les fausses bonnes raisons de nous croire toujours supérieur. 

Le moine Hor, qui porte encore le nom d’un dieu païen (celui que nous appelons Horus), est un fin connaisseur de l’âme humaine, il sait bien les replis où se cache l’orgueil et, pour aider à lutter contre ce démon particulièrement tenace, il nous incite à un examen de conscience sévère, pour couper court à toute complaisance en nous-même :

Hor a dit encore : "Chaque fois qu'une pensée de superbe ou d'orgueil s'insinue en toi, scrute ta conscience pour voir si tu as gardé tous les commandements, si tu aimes tes ennemis (Mt 5, 44), si tu te réjouis de leur succès et t'attristes de leur échec, si tu te considères comme un serviteur inutile (Lc 17, 10) et le plus pécheur de tous. Et même alors, ne te fais pas de grandes idées comme si tu avais tout bien réussi, sachant que cette pensée détruit tout."

Ce pardon donné du bout des lèvres

Il est évident que pour se croire juste et capable de juger les autres, il faudrait avoir "gardé tous les commandements". Mais ce n’est pas le cas. Il y a bien des comportements que nous avons cherché à éviter parce qu’ils nous font honte et notre attention est d’abord tournée de ce côté-là, avec la tentation de juger sans pitié ceux qui y succombent. Mais il y a tout le reste, auquel nous pensons moins. 

Hor commence par l’amour des ennemis qui est un point sensible, car, même si on peut essayer de passer l’éponge sur les coups reçus, on garde quand même un sentiment de supériorité par rapport à celui qui nous les a infligés : "je pardonne, mais je n’oublie pas", comme le disait une dame que j’ai connue, au sujet de son mari qui l’avait longtemps humiliée par son inconduite. Mais, si l’on s’arrête là, on a manqué l’essentiel : quel cadeau empoisonné que ce pardon donné du bout des lèvres, de la part de celui ou de celle qui se croit juste et qui fait sentir la différence ! À l’inverse, quel amour faut-il pour écraser tous ces mauvais souvenirs et baiser la main qui vous a frappé !

Comme un serviteur inutile

Le moine continue : "Réjouis-toi de leur succès et attriste-toi de leur échec !" Comment se défendre de l’idée que le coupable a bien mal mérité les faveurs dont Dieu le comble ? Et, même si l’on n’en dit rien, comment échapper au sentiment que son malheur est un petit dédommagement au prix du mal qu’il nous a fait subir ? Et pourtant, il faudrait arracher tous ces sentiments de son cœur, pleurer avec ceux qui pleurent, se réjouir avec ceux qui ont du succès. Terrible !

"Considère-toi comme un serviteur inutile." Alors, tout ce que nous avons fait pour la bonne cause et pour le bien des autres, ça n’existe pas ? Comment penser que nous sommes "inutiles" ? Nous avons, peut-être, fait des erreurs, et c’est même sûr que nous en avons faites, mais en comparaison avec les succès… Le Seigneur a le droit de nous répondre : "Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Cette intelligence, cette capacité de travail, ces talents que tu as mis en œuvre, d’où te viennent-ils sinon de moi, qui te les ai dispensés pendant des années, avec beaucoup d’amour, sans mérite de ta part ? Et puis, est-ce que tu t’en es toujours bien servi, de ces dons ? N’auront-ils pas été souvent au service de ta gloriole et pour des fins égoïstes ?"

Voir les dons inouïs que nous avons reçus

Et Hor finit ses recommandations par la phrase la plus ahurissante : "… et [se savoir] le plus pécheur de tous !" Les saints parlaient comme cela, c’est vrai, mais ils exagéraient ! Quoi que… au fond, ce n’est peut-être pas si sûr : ils voyaient, eux, ce qu’ils avaient reçu, les trésors de tendresse que leur avaient dispensés le Christ et la Vierge Marie. Ils savaient mieux que d’autres combien leur médiocrité était prompte à revenir, dès que le flux de la grâce se ralentissait. C'est terrible de voir les dons inouïs qu’on a reçus et de se savoir encore si loin du but.

C’est bien notre situation à nous tous. Mettons-nous dans cet état d'esprit pour faire fuir le démon prêt à nous souffler à l’oreille : "Vois comme tu es beau, intelligent, efficace…"

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