Située dans la région de Cusco, au sud du Pérou, l’église San Pedro d’Andahuaylillas est l’un des plus précieux joyaux de l’art religieux en Amérique latine. Témoignage émouvant de l’évangélisation menée par les missionnaires espagnols au XVIe siècle, elle est surnommée, à juste titre, la chapelle Sixtine des Andes. Ce sanctuaire unique est niché dans un petit village de 5.000 âmes, bâti sur les fondations d’un ancien site inca. Un lieu de mémoire, de rencontre entre les cultures, et de profonde spiritualité.
À première vue, l’église San Pedro affiche une sobriété typiquement andine. Ses murs d’adobe (sorte de brique, ndlr) et sa façade discrète, avec sa chapelle ouverte en balcon et son clocher, n’annoncent rien du spectacle grandiose qui attend le visiteur à l’intérieur. Car en franchissant le seuil, c’est une explosion d’art baroque qui s’offre aux yeux : fresques, feuilles d’or, plafonds peints, retables sculptés… Un décor somptueux conçu pour éveiller l’âme et susciter l’émerveillement. La majorité de ces œuvres a été réalisée par le peintre Luis de Riaño, originaire de Lima, qui a su mêler l’héritage européen aux sensibilités artistiques locales.

Le plafond, magnifiquement orné de motifs floraux, surplombe une série de tableaux représentant des scènes clés du Nouveau Testament : la Crucifixion, le Baptême du Christ, l’Archange saint Michel, la Vierge du Rosaire… Autant d’images destinées à catéchiser les populations indigènes par la beauté.

Une pédagogie spirituelle et multilingue
Parmi les trésors de ce sanctuaire, l’un des plus remarquables est la grande fresque située à l’entrée : elle montre deux chemins symboliques, l’un facile mais conduisant à l’enfer, l’autre ardu menant au Ciel. Une représentation saisissante de la vie chrétienne, inscrite dans un langage visuel accessible à tous.

Le baptistère porte quant à lui une inscription en cinq langues — latin, espagnol, quechua, aymara et puquina — illustrant le soin avec lequel les missionnaires ont voulu transmettre la foi dans les langues maternelles des peuples locaux. Preuve de l’attention portée à l’inculturation de l’Évangile.

L’église abrite également deux orgues anciens, considérés comme les plus vieux d’Amérique. Le principal illustre le roi David et une reine ; l’autre montre un chœur d’anges musiciens, renforçant l’atmosphère céleste de l’édifice.