Depuis le 21 avril dernier, l’Église catholique a traversé un mois historique, de la mort du pape François à l’élection et aux premiers pas de son successeur Léon XIV. Originaire des Amériques comme son prédécesseur, le nouveau pape offre une autre incarnation du magistère papal. L'agence I.MEDIA revient sur ces journées qui ont mis la papauté au centre de l'attention du monde.
21 avrilLa stupeur du lundi de Pâques
Encore endormie après les festivités de Pâques la veille, Rome se réveille lentement en ce lundi férié. Beaucoup ont prévu un jour de calme. Mais peu avant 10h, le Saint-Siège lance une retransmission en direct depuis la chapelle de la résidence Sainte-Marthe. Le cardinal-camerlingue Kevin Farrell annonce la mort du pape François, survenue à 7h35.
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et la sidération s’empare de la ville, qui venait de voir, dimanche, le pontife de 88 ans faire un bain de foule en papamobile après sa bénédiction pascale. Une certaine confusion suit pendant quelques heures. Les fidèles qui accourent à Saint-Pierre n’y trouvent aucune initiative de prière, ni aucun signe de la mort du chef de l’Église catholique, signe que tout le monde est pris au dépourvu. Ce n’est qu’à partir de la fin de journée, avec le rite du constat de décès, que le deuil se formalise.
22 avrille monde entier accourt à Rome
Au lendemain de la mort du pape François, les cardinaux du monde entier commencent à affluer. Réunis dès le mardi matin en « congrégations générales », ils doivent préparer les funérailles, et le conclave pour élire le successeur de François. Les demandes d’accréditation de journalistes pleuvent sur le Bureau de presse du Saint-Siège, qui a du mal à traiter les milliers de dossiers, tandis que toutes les installations techniques pour la couverture médiatique – plate-forme pour les télévisions, grands écrans jusqu’au château Saint-Ange – sont progressivement montées. Toutes les caméras du monde se braquent sur la coupole de Saint-Pierre. Durant toute la séquence, quelque 6.600 journalistes et techniciens ont été accrédités par le Saint-Siège.
23 avrille corps du pape traverse la place Saint-Pierre
Après avoir été exposée dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, où les proches collaborateurs du pontife argentin et les employés du Vatican ont pu se recueillir, la dépouille du pape François, déposée dans son cercueil ouvert comme c’est la tradition, est transférée vers la basilique Saint-Pierre dans la matinée du mercredi 23 avril. Cette liturgie conduite par le cardinal camerlingue Kevin Farrell se déroule dans une intense émotion pour les plus de 20.000 fidèles présents sur le parvis de la basilique Saint-Pierre.
La visibilité du corps du pape et de son visage marqué par la souffrance de ses derniers instants marque beaucoup aussi les millions de téléspectateurs, peu habitués à une telle visibilité de la mort. Jusqu’au vendredi, 250.000 fidèles affluent du 23 au 25 avril, formant une file interminable devant la basilique – dont les portes restent ouvertes quasiment toute la nuit – pour prier devant la dépouille du pape défunt, exposée devant l’autel majeur.
25 avrilLe Rogito scelle le pontificat de François pour l’Histoire
Le vendredi soir, le cercueil du 266e pape est fermé lors d’un rite qui dure une heure. Le maître des célébrations pontificales étend sur le visage du défunt un voile de soie blanche. Il dépose dans le cercueil une bourse contenant les monnaies frappées à l’effigie du pape durant son pontificat, et le Rogito, enroulé dans un tube de métal.
Dans ce texte, qui résume la vie et les œuvres importantes du pape, il est rappelé que, lors de son élection en 2013, il a pris « le nom de François, car comme le saint d’Assise, il voulait s’occuper en priorité des plus pauvres du monde ». Scellant ce pontificat pour l’Histoire, le Rogito indique que « François a laissé à tous un témoignage admirable d’humanité, de vie sainte et de paternité universelle ».
26 avrilLes funérailles planétaires du « pape de la joie »
Le 26 avril, l’adieu au pape François mobilise 400.000 personnes, parmi lesquelles 250.000 fidèles rassemblés près du Vatican pour sa messe d’obsèques diffusée en mondovision, et 150.000 Romains sur le trajet conduisant sa dépouille du Vatican jusqu’à sa tombe à la basilique Sainte-Marie-Majeure. Dans une ambiance chaleureuse et fraternelle, une foule d’une grande diversité rend hommage au « pape de la joie », qui reçoit notamment l’hommage de fidèles provenant des pays qu’il avait visités et soutenus. Son enterrement coïncide avec le Jubilé des adolescents, venus par milliers sur la place Saint-Pierre entre émotion, curiosité, et fierté de vivre un moment historique.
Cette matinée historique est aussi marquée par la présence de nombreux chefs d’État, parmi lesquels le président américain Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Leur entretien, au fond de la basilique Saint-Pierre, ouvre une percée inattendue dans une relation houleuse depuis leur entretien à la Maison Blanche deux mois auparavant. Cette journée met la papauté et le Vatican au centre de l’attention mondiale, révélant la force d’une institution bimillénaire placée au-dessus des contingences politiques.
27 avrilLe début du « monde d’après »
La recherche du successeur du pape François, déjà amorcée par les cardinaux durant la semaine, s’accélère dès le lendemain de ses obsèques. Considéré comme favori, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin est particulièrement observé lors de la messe du dimanche de la Divine Miséricorde qu’il préside sur la place Saint-Pierre, devant les milliers d’adolescents rassemblés à Rome pour leur Jubilé. Le cardinal italien, dans une homélie sobre, soulève de vifs applaudissements en évoquant le souvenir du pape François. Ce week-end historique, marqué par une température presque estivale à Rome, est traversé par une atmosphère de fête plus que de deuil.
4 mailes listes des papabili s’affinent
Au fil des jours, rythmés par les messes des 'novendiales' durant lesquelles neuf cardinaux rendent hommage à l’héritage du pape François, les journalistes du monde entier affluent à Rome pour tenter de saisir les tendances qui se mettent en place en vue du conclave. En entrant ou en sortant des congrégations générales qui se tiennent à huis clos, certains cardinaux livrent quelques mots à la presse, évoquant la possibilité d’une « surprise » dans le nom du futur pape, ou rappelant que les critères politiques ou géographiques ne sont pas centraux dans ce processus complexe relevant de « la prière à l’Esprit Saint ».
Dans les journaux ressortent particulièrement les noms des cardinaux Parolin, Pizzaballa, Grech, Aveline, Tagle ou celui d’un autre Philippin, David, dont les interventions lors du Synode et des congrégations générales ont marqué les esprits. Certains médias évoquent aussi le nom du discret cardinal Robert Francis Prevost, un personnage apprécié pour sa modération et sa capacité de synthèse, mais dont l’élection semble toutefois peu probable en raison de sa nationalité américaine.
7 mail’entrée en conclave et la première fumée noire
Le mercredi 7 mai, c’est au rythme de la litanie des saints que les 133 cardinaux entrent lentement en procession dans la chapelle Sixtine pour un conclave annoncé comme relativement court a priori - « pas plus de deux ou trois jours », ont assuré certains cardinaux. Après la longue prestation de serment des cardinaux électeurs, Mgr Diego Ravelli, maître des cérémonies liturgiques pontificales, prononce la formule « Extra omnes » conduisant à la fermeture des portes et à l'interruption de la retransmission.
Quelques heures plus tard, une foule immense se presse sur la place Saint-Pierre et la Via della Conciliazione, pour une première fumée noire qui arrivera bien plus tard que prévu, vers 21h seulement. Ce retard est dû à la très longue méditation proposée par le cardinal Cantalamessa, l’ancien prédicateur de la Maison pontificale, rappelé pour guider les cardinaux électeurs dans leur entrée en conclave.
8 maiun homme nommé Léon
Après une deuxième fumée noire le jeudi 8 mai en fin de matinée, Rome bascule dans l’euphorie à 18h08 lorsqu'apparaît une fumée blanche à la cheminée de la chapelle Sixtine, au terme d’une journée surtout marquée par le spectacle d’une famille de goélands nichée sur le toit. Une foule immense se rassemble dans la joie et les larmes pour écouter le cardinal français Dominique Mamberti annoncer le nom du nouveau pape : le cardinal Robert Francis Prevost est élu sous le nom de Léon XIV.
L’étonnement cède rapidement la place à l’enthousiasme lorsque le nouveau pape, revêtu des ornements liturgiques, apparaît à la loggia de la basilique Saint-Pierre, tissant une première intervention autour la promotion d’une « paix désarmée et désarmante ». Premier pape originaire des États-Unis, Léon XIV prend aussi le temps de s’exprimer en espagnol afin de saluer ses anciens fidèles du diocèse de Chiclayo, au Pérou.
Le joie des cardinaux l’entourant est particulièrement remarquée, notamment celle du cardinal de Sarajevo Vinko Puljic, qui avait pourtant failli rater le conclave en raison de son état de santé. Les cardinaux témoigneront avoir vécu une expérience spirituelle bouleversante, plongeant dans le mystère chrétien de la succession de Pierre. Certains font comprendre que l'élection du cardinal Prevost a rencontré un large consensus, voire une quasi-unanimité parmi les participants au conclave.
En cette soirée du 8 mai, les images splendides de la place Saint-Pierre inondée de soleil font le tour du monde et marquent l’apogée d’une séquence historique pour l’Église et le Vatican.
10 maipremière sortie et pèlerinage à Sainte-Marie-Majeure
Le samedi 10 mai, le nouveau pape effectue sa première sortie hors du Vatican en se rendant à Genazzano, petite ville située au sud-est de Rome, afin de visiter le sanctuaire de Notre-Dame du Bon Conseil, fondé au XVe siècle par une religieuse augustine, la bienheureuse Petruccia. Le nouveau pape y est accueilli par une centaine d’habitants rassemblés sur la place devant le sanctuaire et effectue son premier bain de foule, saluant les personnes présentes et bénissant des enfants. Léon XIV se rend ensuite dans la basilique mariale, un sanctuaire géré par quatre frères augustins, afin de prier devant une représentation de la Vierge à l’Enfant qui fait l’objet d’un culte populaire depuis le XVe siècle.
À son retour à Rome, le pape fait une escale à Sainte-Marie-Majeure afin de prier sur la tombe du pape François, son prédécesseur immédiat, sur laquelle il dépose une rose blanche. Comme François aimait le faire, il y prend aussi le temps de se recueillir devant l'icône de Marie, Salus Populi Romani.
11 maile pape adopté par les Romains
Le dimanche 11 mai, c’est depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre que le nouveau pape prend le temps de bénir les fidèles rassemblés sur la place pour la prière du Regina Caeli. Créant la surprise et l’émotion, Léon XIV entonne lui-même a capella ce chant traditionnel en latin dédié à la Vierge Marie. Les Romains venus voir et écouter leur nouvel évêque se disent touchés par sa simplicité et son humilité, y compris dans ses efforts pour parler un italien bien clair et compréhensible pour tous. Dans la continuité du pape François, il lance des appels à la paix, notamment dans la Bande de Gaza et en Ukraine.
Durant les premiers jours de son pontificat, au fil de ses premiers discours devant les cardinaux, les journalistes, les pèlerins des Églises orientales ou encore devant une fondation dédiée à la doctrine sociale de l’Église, le nouveau pape trace les premières lignes de son magistère. Léon XIV confirme les élans réformistes de François tout en réaffirmant une certaine verticalité dans son incarnation de la figure papale.
En multipliant les références à saint Augustin, le nouveau pontife propose un enseignement exigeant sur le plan théologique et spirituel. Dans un registre plus léger, le nouveau pape montre aussi sa passion pour le sport en recevant le tennisman italien Jannik Sinner, numéro un mondial.
18 mai200.000 personnes pour la messe d’installation
Le dimanche 18 mai, 200.000 personnes convergent vers la place Saint-Pierre pour l’ouverture solennelle du pontificat de Léon XIV, qui est déjà pleinement pape depuis dix jours. Cette messe marque l’occasion de son premier tour en papamobile, durant lequel le nouveau pape montre à la fois une certaine aisance et une certaine réserve, prenant le temps de bénir quelques enfants, mais sans grandes effusions.
Dans son homélie, le pape trace une voie d’humilité. « Avec crainte et tremblements, je viens à vous comme un frère qui veut se faire le serviteur de votre foi et de votre joie », lance-t-il au début de son homélie. « Frères et sœurs, c’est l’heure de l’amour ! Ensemble, comme un seul peuple, comme des frères, marchons vers Dieu et aimons-nous les uns les autres », exhorte–t-il. Mais plus encore que par ses mots, les fidèles sont touchés par son attitude et son émotion palpable, notamment lorsqu’il reçoit l’anneau du pêcheur, des mains du cardinal Tagle.
L’ouverture de son pontificat marque également ses débuts sur la scène internationale avec ses premières audiences à des personnalités politiques, parmi lesquelles le vice-président américain J.D. Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, mettant le nouveau pape au centre du jeu géopolitique mondial.
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