Voici la saison des mariages : que de joies partagées avec la famille, les amis, que de joie surtout de se promettre amour et fidélité devant Dieu ! Le mariage à l’image des noces de saint Joseph et de sainte Marie est un magnifique sacrement et une promesse d’avenir pour les pèlerins du siècle amenés à créer une famille. À cette occasion, les cadeaux offerts aux jeunes époux s’inscrivent dans une tradition ancestrale et c’est une belle pratique — accessoirement très rentable pour les commerçants et distributeurs !
Un choix… peu romantique
Cette tradition doit-elle demeurer dans notre siècle d’étourdissante consommation ? Oui, certainement, mais des formes plus engageantes peuvent être imaginées. En conversant avec des fiancés, j’ai reçu un témoignage étonnant : que veulent-ils comme cadeau pour leur mariage ? Ils m’ont répondu d’un même cœur et d’un même sourire : nous ne voulons que de l’argent, pas de liste chez tel ou tel spécialiste où l’on trouve de tout, de la vaisselle à un voyage. Étrange et a priori peu romantique ! "Oui, me précisent-ils, nous souhaitons une participation financière que nous donnerons intégralement à une association d’aide aux enfants des quartiers défavorisés."
Face à ma réaction, sidéré d’entendre ces propos si peu habituels, originaux et généreux, ils affichèrent un grand sourire. "Nous allons nous installer à Paris et nous voulons nous investir dans une œuvre, dans une mission bénévole tant que nous pouvons le faire."
Sur le roc de la charité
Ce témoignage édifiant ne peut être généralisé, mais il est significatif de la générosité et l’envie de s’investir qui caractérise beaucoup de jeunes. Il ouvre une porte, et l’on comprend bien que les cadeaux traditionnels sont importants pour une future famille qui doit s’installer et faire face à des réalités matérielles, mais consacrer un pourcentage, même minime à une œuvre ouverte sur les fragilités du monde est un signe de l’esprit et du cœur de ce futur couple. Il montre que leur oui est fondé sur le roc de la charité. Toute leur vie sera marquée par ce premier geste qui ne se renferme pas dans la famille et s’ouvre vers les autres dans un esprit de charité.
D’autres formes de cadeaux peuvent être possibles : s’engager à prier pour les mariés, leur offrir un abonnement, une retraite ou toute autre démarche spirituelle à la condition qu’ils en fassent la demande — rien ne doit être imposé.
Des signes d’ouverture
Voici une autre idée. Toujours avec l’accord des mariés, certains prêtres engagés dans les milieux populaires ou missionnaires présentent très rapidement leur action à la fin de la messe de mariage. Ils témoignent de leur expérience d’évangélisation et à travers eux, les mariés témoignent aussi puisqu’ils ont choisi ce prêtre ami. C’est un signe d’ouverture de la famille qui se crée et les discussions lors de la réception portent facilement sur ces prises de parole inhabituelles et, soyons pragmatiques, les invités donnent facilement pour les œuvres du célébrant. Pratique et habitué, je connais un prêtre des cités qui est toujours équipé de son terminal carte bleue !
Tous ces exemples sont édifiants mais ne doivent pas concerner les milieux les plus aisés. Ce ne se sont pas les montants qui comptent mais la démarche. Construire une famille avec dans le cœur la préoccupation des autres, de ceux qui souffrent, qui sont seuls, est une façon merveilleuse de s’inscrire dans le temps long de l’amour de son conjoint, de ses enfants et des autres familles et de nos prochains. Comment, dans le parcours de préparation au mariage — au demeurant fort bien fait — pourrait-on proposer une action ou une mission, adaptée à chacun, d’ouverture vers les périphéries des familles, une œuvre missionnaire des jeunes mariés ? À méditer.
