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[REPORTAGE] À Rome, des chrétiens du monde entier sont venus entourer leur nouveau pape

Pope Leo XIV leads a Holy Mass for the Beginning of his Pontificate, in St Peter's square in The Vatican on May 18, 2025.
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Camille Dalmas - publié le 18/05/25
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Le pape Léon XIV a inauguré officiellement son pontificat ce 18 mai devant une foule immense de près de 200.000 fidèles présents sur la place Saint-Pierre. Aleteia raconte cet événement en donnant la parole aux fidèles venus du monde entier pour accompagner le pontife en ce grand jour.

Il est 7 heures du matin, et Félix et Alexandre, respectivement 49 ans et 32 ans, sont déjà sur la place Saint-Pierre avec un petit groupe de pèlerins du diocèse du Puy-en-Velay. Ils arborent fièrement un "sac" blanc de pénitent, marqué au cœur d'une croix dorée. Accompagnés par une trentaine de membres de leur diocèse, les deux hommes sont venus à l'occasion du Jubilé des Confréries, qui est organisé en cette année sainte du 16 au 18 mai, afin de représenter les "Pénitents blancs du Puy", antique institution fondée en 1584.

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Alexandre et Félix.

"Nous nous occupons des processions lors des grandes fêtes, nous aidons les fidèles à prier", explique Alexandre, alors que Félix met en avant le service aux personnes âgées ou malades. "C'est une grande grâce d'être ici aujourd'hui, cela restera gravé dans nos mémoires", souligne ce dernier, se disant ému et heureux de voir le nouveau chef de l'Église catholique.

Alexandre se souvient d'avoir vu les deux derniers papes lors des JMJ de Cologne (2005), Madrid (2011) et Lisbonne (2023), et se dit "impatient" de découvrir Léon XIV. Soulignant avec fierté les lointaines origines françaises du pontife, il met en avant la continuité de son message avec celui de François, certain que le premier pape nord-américain sera "un grand pape".

"Une personne qui incarne l'humilité"

L'ambiance fraternelle traverse les frontières, assure Fabrizio, membre de "l'Archiconfraternité des saints Charles et Ambroise du peuple lombard à Rome", qui arbore une grande pèlerine bleue. Sa confrérie a ainsi hébergé des Suédois, des Canadiens, des Irlandais et des Corses venus pour le Jubilé ces derniers jours. "Nous avons des liens grâce à nos saints patrons communs", explique-t-il.

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Fabrizio, deuxième en partant de la gauche.

L’Italien ne cache pas sa joie de se retrouver avec tant de confrères à la messe d’inauguration du pontificat. Il confie avec une certaine fierté que le nouveau pape, alors seulement cardinal, est venu dans sa paroisse le 4 octobre dernier pour célébrer la fête de saint Charles. "Il m’a semblé une personne qui incarnait l’humilité", affirme-t-il.

"Il va pouvoir parler au monde entier"

Sur la place, la chaleur printanière se fait peu à peu sentir, et les drapeaux colorés de tous les pays du monde fleurissent progressivement. Trois prêtres agitent avec fierté la bannière rouge et bleue des Samoa, sur laquelle figurent les étoiles de la "croix du Sud", bien connue des navigateurs en mers australes. Les pères Luciano, Éric et Atanasio viennent du petit archipel situé à l'autre bout du monde, et étudient à Rome au sein de l’Université pontificale urbanienne.

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Atanasio, Éric et Luciano viennent des Samoa.

"Nous sommes déjà venus pour le voir lors de son premier Regina Caeli dimanche dernier", assure le père Luciano, ravi de représenter sa "petite île" lors de ce "grand jour pour l’Église tout entière". Il se réjouit de la jeunesse du nouveau pontife ainsi que du fait qu’il parle de nombreuses langues. "Il va pouvoir parler au monde entier", affirme-t-il. Le prêtre samoan espère même que, lors d’un des nombreux voyages qui l’attendent, Léon XIV mettra ses pas dans ceux de Paul VI, le seul pape à avoir visité son île en 1970.

Soudain, un rugissement se fait entendre : le pape Léon traverse la place en papamobile, et déjà les vivats surgissent spontanément dans toute la foule, prise par l’émotion. Une forêt de téléphones se dresse sur le passage du 267e pape alors qu’il sillonne en long et en large toute l’esplanade, remontant même la via della Conciliazione jusqu’au château Saint-Ange, pour voir les derniers fidèles qui n’ont pas pu gagner la place Saint-Pierre à temps – en tout, les autorités italiennes ont dénombré 200.000 participants. Puis le pontife regagne la basilique.

"Un Péruvien de cœur"

Collés aux barrières de sécurité pour voir passer "leur" pape, de très nombreux Péruviens, dont Rosa, arborent fièrement leur drapeau national rouge et blanc. "Même s’il est né aux États-Unis, il a vécu la plus grande partie de sa vie au Pérou, nous le considérons comme un Péruvien de cœur", assure-t-elle.

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Rosa, au centre, vient du Pérou.

"Il a vu la souffrance, la pauvreté de notre pays, et il nous a beaucoup aidés", explique encore Rosa, qui réside à Rome. "Nous sommes vraiment très heureux que désormais, il continue son service pour toute l’Église, cela nous rend juste très fiers."

"Une bénédiction de Dieu"

L’excitation retombe un peu alors qu’approche l’horaire du début de la messe, et une partie des fidèles commence à réciter le chapelet, tandis que d’autres cherchent un peu d’ombre ou d’eau. Linda et Gertrude, deux amies venant des Philippines, sont aux anges après avoir vu passer le pape Léon juste devant elles. "Ce pape est vraiment super", affirme Linda, le décrivant comme "une bénédiction de Dieu".

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Linda et Gertrude viennent des Philippines.

Travaillant à Rome, les deux Philippines ne voulaient manquer pour rien au monde l’inauguration du pontificat, afin de pouvoir apporter au successeur de Pierre le soutien "de son peuple". "Nous souhaitons le meilleur à notre pape, il peut compter sur nos prières", assure Linda.

Près d’une demi-heure plus tard, les écrans répartis partout sur la place commencent à diffuser l’intérieur de la basilique, où débute la célébration. Léon XIV apparaît sur les écrans et est ovationné alors qu’il descend dans la confession de Pierre, cette "grotte" située en plein cœur de la basilique. Là, entouré par les chefs des nombreuses Églises orientales rattachées à Rome, il respecte un temps de prière devant la sépulture du chef des apôtres, dont il est devenu le successeur.

« Réconcilier les différences »

Puis, à la suite d’une impressionnante procession, Léon XIV gagne l’extérieur de la basilique pour le début de la messe d’inauguration de son pontificat. Sur l’esplanade, des centaines de chefs d’État, de gouvernement, ou d’autres religions ou confessions sont alignés devant l’autel dans le carré des officiels, faisant face aux cardinaux, évêques et hauts dignitaires de l’Église catholique.

BRYAN
Bryan.

Bryan, Américain résidant en Pennsylvanie venu en pèlerinage à Rome, ne cache pas sa grande fierté de pouvoir assister à cette messe, brandissant avec plusieurs amis la bannière étoilée. "Nous portons l’espérance que le pape a été choisi parce qu’il était le meilleur dans le collège des cardinaux, et qu’il va nous rendre fiers, d’abord comme catholiques, et aussi bien entendu comme Américains", assure-t-il.

Soulignant la sérénité du nouveau pontife depuis son élection, Bryan remarque combien Léon XIV se différencie de certains de ses compatriotes "qui peuvent parfois être plus bruyants". Mettant aussi en avant la "clarté" de son expression de la foi, il espère que son pontificat va permettre de "réconcilier les différences" qu’il y a à l’intérieur de l’Église.

La bénédiction du peuple de Dieu

La cérémonie se poursuit dans une atmosphère empreinte d’émotion et de gravité. Après les lectures en espagnol et en anglais, puis le chant de l’Évangile en latin et en grec, le pape Léon XIV reçoit le pallium, sous les applaudissements nourris de la foule, des mains du cardinal Mario Zenari, nonce italien en Syrie, qui a remplacé le protodiacre Dominique Mamberti, victime d’un malaise.

Puis le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa (RDC), bénit le pontife avant que le cardinal Luis Antonio Tagle, des Philippines, ne lui remette l’anneau du Pêcheur, deuxième signe rattachant le nouveau pape à la longue histoire de l’Église catholique. Enfin, douze représentants du peuple de Dieu – trois cardinaux venant des Amériques et de l’Océanie, suivis par un évêque, un prêtre péruvien, un diacre italien, deux représentants des religieux et quatre laïcs – viennent prêter symboliquement obéissance au nouveau pape.

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Maxime devant le drapeau corse.

Sur la place, Maxime, séminariste pour le diocèse de Corse, suit avec attention la messe. Il fait partie d’un groupe de 1.500 Corses venus à l’occasion d’un pèlerinage diocésain et estime être "privilégié". Il confie sa joie de vivre cet événement avec la communauté des fidèles de l’île "mobilisés en nombre", et rappelle qu’ils étaient déjà nombreux lors du consistoire au cours duquel son évêque, François Bustillo, avait été créé cardinal en 2023. Il se remémore aussi le dernier voyage du pape hors d’Italie, le 15 décembre dernier à Ajaccio.

"Maintenant, nous pouvons accompagner Léon XIV pour le début de son pontificat dans ce grand moment de communion", affirme le séminariste, soulignant la présence de très nombreux jeunes parmi la "délégation" insulaire. "Ce pape est dans la continuité du pape François", déclare-t-il, soulignant ses origines et son travail missionnaire au Pérou comme une vraie opportunité pour l’Église.

"Frères et sœurs, c’est l’heure de l’amour"

Plus tard, le pape Léon XIV rend lui aussi hommage au pape François dans son homélie, affirmant avoir senti sa présence lors de la messe. "Avec crainte et tremblements, je viens à vous comme un frère qui veut se faire le serviteur de votre foi et de votre joie", déclare le pape américain à la foule. Il assure vouloir inscrire son pontificat dans "les deux dimensions de la mission confiée à Pierre par Jésus" : "Amour et Unité".

"À notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l’autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres", regrette le pontife. Avant de marteler : "Frères et sœurs, c’est l’heure de l’amour", et d’être abondamment applaudi par les fidèles.

Un message universel d’unité qu’il a à nouveau transmis au terme de la messe dans ses appels lors du Regina Caeli, priant pour les habitants de Gaza, pour l’avancée des négociations « pour une paix juste et durable » en Ukraine, et pour les victimes de la guerre civile qui meurtrit le Myanmar.

Une longue file de chefs d’État

Alors que les fidèles ont évacué lentement la place Saint-Pierre, le pape Léon XIV a regagné la basilique Saint-Pierre, dans laquelle il a salué pendant une heure et quart les 156 délégations étrangères venues assister à l’inauguration officielle de ce pontificat. Altesses royales, présidents et chefs d’État et de gouvernement se sont succédé.

Le pontife a notamment salué la délégation italienne, qui comportait le président Sergio Mattarella et la présidente du Conseil des ministres Giorgia Meloni, puis celle du Pérou, menée par la présidente Dina Boluarte. Puis est arrivé le vice-président J.D. Vance pour les États-Unis, qui avait inclus dans la délégation le frère du nouveau pape, donnant lieu à une émouvante retrouvaille.

Parmi les grands-noms, se trouvaient aussi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le roi Felipe VI et la reine Letizia d’Espagne ou le roi Philippe et la reine Mathilde de Belgique. Côté français, le Premier ministre François Bayrou a salué le nouveau pape durant une vingtaine de secondes.

Revivez en images la messe d'installation du pape Léon XIV :

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