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Euthanasie : un pays de fous qui refuse le débat

Fin de vie 12 mai 2025

Olivier Falorni (MoDem) intervient lors d'une séance consacrée aux soins palliatifs, de support et de fin de vie à l'Assemblée nationale à Paris, le 12 mai 2025.

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Benoist de Sinety - publié le 18/05/25
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Curé-doyen de la ville de Lille, le père Benoist de Sinety s’insurge contre la folie du texte soumis aux députés sur "l’aide à mourir", qui sacralise le droit au suicide. Surtout, il dénonce le refus du débat de la part des promoteurs du texte, pour empêcher toute argumentation raisonnable.

Ce n’est sans doute pas la première fois qu’un tel malaise flotte sur les bancs de nos députés, mais c’est sans doute une nouveauté que le débat y soit à ce point impossible. On ne se parle plus, on s’ignore : c’est le bilan que tirent nombre de parlementaires membres de la commission qui a adopté le projet sur l’euthanasie bientôt soumis au vote. Notamment dans le camp des promoteurs du texte, toute parole qui cherche à discuter ou contester son bien-fondé est ignorée, méprisée, jamais accueillie.

Une effroyable violence juridique

Il y a un vrai mystère à constater l’acharnement à promouvoir une loi sur la mort alors que, dans notre société, tant de voix implorent qu’on aide à mieux vivre. Jusqu’au Président de la République qui, rebondissant sur le témoignage douloureux d’un malade dont la voix est sensée avoir autorité sur tout autre patient sous prétexte qu’il est journaliste de télévision, promet même en cas de blocage législatif un référendum !

La loi, si par malheur elle était votée et appliquée, ferait de nous un pays de fous où un médecin peut, seul, décider avec son patient s’il doit vivre ou mourir. Un pays de fous où plus personne n’aurait le droit de chercher à convaincre un malade ayant décidé de mettre fin à ses jours, sous peine de tomber sous le coup du délit d’entrave qui est une effroyable violence juridique qui met à mal ce qui fait l’essence de nos relations humaine en obligeant au silence. Un pays de malheurs où le droit au suicide serait plus sacralisé que celui à naître. En agitant les peurs d’une société assommée par bien des illusions parties en fumée et que la souffrance physique pétrifie, on entretient une imposture, le sourire aux lèvres.

Le pied dans la porte

Le Figaro du 13 mai dernier rapporte la citation du défunt Jean-Louis Touraine, héraut de ce droit à la mort dans lequel il détaille sa stratégie, glaçante : "Une fois que l’on aura mis le pied dans la porte, il faudra revenir tous les ans et dire qu’on voudra étendre l’aide à mourir. Dans la première loi, il n’y aura pas les mineurs, il n’y aura pas les maladies psychiatriques, il n’y aura même pas les maladies d’Alzheimer. Après on pourra étendre les choses…" Le Premier ministre a bien fait de séparer les deux aspects : soins palliatifs et euthanasie. Plus tôt le premier passera, mieux s’en porteront les malades qui se trouvent en zone blanche et pour lesquels rien n’est proposé pour atténuer leurs souffrances et leur permettre de vivre dignement jusqu’au bout. Mais l’acharnement des groupuscules activistes qui veulent à tout prix obtenir « leur » loi — loges, libres penseurs et extrémistes de tous poils — se déchaîne refusant tout débat ouvert et respectueux et espérant ainsi empêcher toute argumentation raisonnable.

Quelques chrétiens, comme l’avocat Erwan Le Morhedec, depuis longtemps, tirent la sonnette d’alarme. L’immense majorité des médecins, des organismes de santé et même une ancienne ministre de la Santé, Agnès Firmin Le Bodo, pourtant à l’origine elle aussi d’un projet de loi en ce sens, dénoncent ce texte qui dévitalise le principe même de la médecine. Mais rien apparemment ne saurait toucher la conscience des quelques zélateurs qui se parent des plumes de l’humanisme pour permettre à l’État, finalement, d’économiser quelques milliards sur des soins longs et coûteux qui se résumeront désormais à une injection létale.

Le trucage du vocabulaire

Dans son discours aux journalistes le 12 mai dernier au Vatican, le pape Léon XIV appelait à une communication qui œuvre pour bâtir une culture de dialogue et de confrontation :

Aujourd’hui, l'un des défis les plus importants est de promouvoir une communication capable de nous faire sortir de la “tour de Babel” dans laquelle nous nous trouvons parfois, de la confusion des langages sans amour, souvent idéologiques ou partisans. C'est pourquoi votre service, avec les mots que vous utilisez et le style que vous adoptez, est important. En effet, la communication n'est pas seulement la transmission d'informations, mais aussi la création d'une culture, d'environnements humains et numériques qui deviennent des espaces de dialogue et de confrontation.

L’inquiétant n’est pas que des penseurs veuillent promouvoir une loi sur l’euthanasie, mais qu’ils aient besoin pour cela de modifier la sémantique des mots et de truquer le vocabulaire au point d’appeler "bien" le mal et "mal" la recherche du bien. Tout en refusant de débattre en raison avec leurs opposants afin de passer par la seule force d’une émotion médiatisée et scénarisée.

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