Le parvis de la basilique Saint-Pierre s’apprête à accueillir ce dimanche 18 mai une cérémonie chargée de symboles et d’émotion : la messe d'ouverture de son pontificat. Lors de cette célébration, il va recevoir l’anneau du pêcheur, emblème séculaire de la mission confiée au successeur de saint Pierre. L’anneau du pêcheur est remis à chaque nouveau pape élu par le collège cardinalice d'après une tradition qui remonte au XIIIe siècle. Différent de celui remis lors de l’ordination épiscopale, il est le symbole de la charge que Léon XIV a accepté d’endosser lors de son élection le 8 mai dernier. Ce bijou l’identifie comme successeur de Pierre, le premier des Apôtres, rappelant par là l'appel du Christ à saint Pierre de devenir "pêcheur d'hommes". "Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras" (Lc 5,1-11). L'attribut peut varier selon les papes Cet anneau d’argent, qui servait autrefois à sceller à la cire ou au plomb les documents officiels du Pape.
Juste après l'imposition du pallium – un ornement liturgique en laine blanche qui se porte au-dessus de la chasuble – le cardinal congolais Fridolin Ambongo Besungu, au nom de l’ordre des cardinaux prêtres, récitera une nouvelle prière pour le nouveau pape, demandant à Dieu, au nom de l’Église, de venir soutenir le pontife dans sa mission. Puis le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, au nom de l’ordre des cardinaux évêques, s’avancera vers le pape Léon XIV et lui remettra l’anneau du pêcheur, un insigne officiel qui rappelle le lien qui l’unit à saint Pierre, et évoquant l’appel du Christ à se faire "pêcheur d’hommes" – à ne pas confondre donc avec le terme de "pécheur", se rapportant au péché. Cet anneau d’argent, qui servait autrefois à sceller à la cire ou au plomb les documents officiels du Pape, peut varier mais représente généralement saint Pierre. "Aujourd’hui encore, l’Église et les successeurs des Apôtres sont invités à prendre le large sur l’océan de l’histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes au Christ – à Dieu, au Christ, à la vraie vie", avait expliqué Benoît XVI lors de la messe inaugurale de son pontificat en 2005. Tel est le sens de l'anneau que le pape Léon XIV s'apprête à porter.
L'anneau au fil de l'histoire
Dans l'histoire de l'Église, plusieurs papes ont reçu des anneaux différents, mais traditionnellement, la partie supérieure appelée le "large chaton" représente l’apôtre Pierre, premier des membres de la dynastie papale. L’anneau que portait le pape François à l’annulaire de la main droite – le même modèle que celui du pape Paul VI – représentait ainsi saint Pierre tenant les clefs du Royaume. Celui de son prédécesseur allemand affichait quant à lui l’apôtre et ses filets lors de la pêche miraculeuse dans le lac de Tibériade (Lc 5, 1-11 et Jn 21, 1-11).
Jusqu’au pontificat du pape Grégoire XVI (1831-1846), cet anneau faisait office de sceau, servant notamment à cacheter à la cire ou au plomb des documents écrits de la main du pape, correspondance privée ou textes plus officiels. En latin bulla – qui donnera plus tard le nom d’un certain type de document papal – le sceau permettait ainsi d’authentifier les textes.
À l’époque contemporaine, certains papes ne le portaient que lors des grandes solennités, tels François ou Jean Paul II. À la mort du pontife, l’anneau est récupéré par le camerlingue qui veille à sa destruction durant les congrégations générales. Ceci pour éviter que l’anneau ne soit dérobé et utilisé pour fabriquer des faux. Cependant, après la renonciation de Benoît XVI en 2013, il a été décidé de ne pas détruire complètement l’œuvre de 36 grammes d’or massif, mais de le biffer afin de le rendre totalement inutilisable, et de l’exposer dans les Musées du Vatican. Depuis l’élection de Jean-Paul Ier en 1978, l’anneau est remis par le doyen du collège des cardinaux le jour de sa messe d’inauguration pontificale.

