La messe d’installation du pape Léon XIV ce dimanche 18 mai marque solennellement le début de son pontificat, dans un rite chargé de sens, à la fois ancré dans la tradition séculaire de l’Église et ouvert aux réalités contemporaines. Chaque élément de cette célébration a été soigneusement choisi pour refléter la mission universelle du successeur de Pierre, mais aussi la personnalité, les origines et la vision pastorale du nouveau chef de l’Église. Le déroulement de la messe, tout en respectant les normes liturgiques en vigueur, comporte ainsi des adaptations significatives. Parmi celles-ci, le choix des langues revêt une dimension profondément symbolique. Le canon de la messe — le cœur de la prière eucharistique, où l’Église fait mémoire de la Passion, de la Résurrection et de l’attente du retour du Christ — sera prononcé en latin, la langue liturgique de l’Église romaine, signe d’unité, de continuité apostolique et d’universalité.
Mais l’histoire personnelle du pape fraîchement élu vient enrichir cette tradition. Né à Chicago, le Pape possède la nationalité américaine, et c’est sur cette terre qu’il a été formé intellectuellement et spirituellement. Il a ensuite reçu la nationalité péruvienne, fruit de son engagement missionnaire et pastoral en Amérique latine, où il a exercé son ministère comme prêtre, puis comme évêque. C’est donc en hommage à ces deux appartenances que la première lecture sera proclamée en anglais, sa langue maternelle, et que la seconde lecture le sera en espagnol, langue de son ministère et de ses liens profonds avec les communautés péruviennes.
Une liturgie qui s'adresse à tous les fidèles
Le psaume, chanté en italien, établit un pont entre la solennité universelle de l’événement et l’ancrage local du siège de Rome. Il symbolise aussi l’accueil de l’évêque de Rome par son diocèse, dans la langue du peuple qui l’entoure. L’Évangile, sommet de la liturgie de la Parole, va être proclamé en deux langues : d’abord en latin, selon la tradition romaine, puis en grec, langue des Évangiles eux-mêmes et de la liturgie byzantine. Ce double usage manifeste une volonté d’unité entre l’Orient et l’Occident chrétiens, un geste de communion fraternelle envers les Églises orientales, souvent séparées mais proches dans la foi.
À travers cette pluralité linguistique, c’est le visage de l’Église catholique — au sens étymologique du terme, "universel" —qui se révèle. La messe d’installation de Léon XIV est ainsi une liturgie qui s’adresse non seulement aux fidèles rassemblés place Saint-Pierre, mais aussi aux fidèles présents sur les cinq continents. Elle annonce un pontificat attentif aux périphéries, aux dialogues interculturels, et profondément enraciné dans la tradition vivante de l’Église.
