separateurCreated with Sketch.

Léon XIV, le pape qui célébrera le 60e anniversaire de la fin du concile Vatican II

POPE-LEONE-XIV-REGINA-CAELI-MAY11-2025

Pape Léon XIV

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Michel Cool - publié le 17/05/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Sur l’élection et la personne de Léon XIV, beaucoup a été dit, à l’aune de ses attentes, mais peu sur l’unité profonde d'un homme riche d'expériences humaines et ecclésiales. Pour l’écrivain Michel Cool, ce n’est pas un hasard si c’est ce pape qui a choisi de porter le nom de grands pontifes réformateurs célébrera le 60e anniversaire de la fin du concile Vatican II.

L'histoire s'accélère. Ou plutôt, le rythme frénétique de la machine à informer non-stop nous remplit d'un sens aigu de l'accélération du temps. Un pape "chasse" l'autre à la vitesse TGV de nos écrans tactiles. Et on est pris de vertige. Pourtant, "le temps est supérieur à l'espace" nous a enseigné pendant douze ans le pape François. Il s'était imposé cette consigne à lui-même pour essayer de dompter son impulsivité naturelle. Il n'a pas toujours réussi à résister au diktat numérique de l'immédiateté. Comme nous maintenant : nous nous laissons emporter par un flux d'images fugaces, par un torrent de commentaires répétitifs. Et nous pouvons alors nous sentir capturés par nos émotions et submergés par un sentiment d'insignifiance...

Nos fantasmes sur l’actualité

Il faudrait relire l'ultime texte publié par le pape défunt au cœur de l'été 2024. Notre attention et nos regards étaient alors captivés par les Jeux olympiques de Paris. Or, dans ce fascicule dédié aux vertus éducatrices de la littérature, François plaidait pour un retour en grâce de la lecture. Elle seule permet, écrivait-il, d'élargir l'espace de notre esprit et de notre cœur. Mais elle seule aussi, peut nous aider, soulignait l'auteur, à donner de la chair et du souffle aux événements si furtifs de notre vie et de notre histoire. "Je ne suis qu'un passage", confiait François dans sa dernière autobiographie à portée testamentaire. Nous aussi, nous sommes de passage. Comme les événements qui défilent.

Comment donc retenir cette actualité si fluide et rapide au point qu'elle nous fuit comme du sable entre les doigts ? Il s'est tellement passé de choses entre le glas du lundi de Pâques et la fumée blanche du 8 mai ! La tentation courante est d'interpréter les événements au gré de nos attentes et nos idéologies personnelles. Nous projetons sur l'actualité nos propres fantasmes quitte à distorsionner les faits. On s'auto-satisfait et on se tranquillise en les regardant dans un miroir reflétant nos vues et déformant plus ou moins la réalité. Les paroles et les gestes inauguraux du 267e successeur de saint Pierre sont ainsi examinés à la loupe et disséqués au scalpel par des Sherlock Holmes bien sûrs d'eux-mêmes. Léon XIV apparaît-il la première fois au balcon de la basilique vaticane, en portant la mozette rouge et l'étole des apôtres Pierre et Paul, qu'aussitôt des commentateurs zélés et orientés en concluent qu'il sera "un pape de rupture". N'est-ce pas une analyse un peu précipitée et pour le moins excessivement cosmétique des prémices de ce pontificat ?

L’essentiel est invisible

L'essentiel est souvent ce qui ne saute pas aux yeux et flatte la curiosité. Celle-ci n'est pas forcément un défaut. Mais l'attrait compulsif, irrésistible même, pour ce qui se voit et se démarque est une caractéristique de nos mentalités devenues passablement regardeuses. Or l'essentiel est plus invisible et nécessite, pour le trouver, qu'on prenne du recul, de la hauteur, qu'on privilégie la profondeur à la superficialité. "L'événement sera notre maître intérieur" recommandait le philosophe personnaliste Emmanuel Mounier. Un maître intérieur, précisons-le, ne nous rend pas esclaves de nos émotions et de nos idéologies. Il nous libère, au contraire, des fers de nos illusions et de nos préjugés. Il nous incite à lire "les signes des temps" présents dans l'actualité. Il nous encourage à ne plus être sous la coupe de nos chimères et à remorquer simplement le prêt-à-penser dominant.

Sur l'élection et la personne de Léon XIV, tout semble ainsi avoir été dit ou presque. Sauf peut-être deux ou trois choses qui ont peu fait couler d'encre et peu inspiré de commentaires. Ce sont pourtant des informations qui ne manquent pas de sens, et qui permettent de faire plus ample connaissance avec l'être profond du nouveau pape. On évoque peu, par exemple, la spiritualité familiale spécifique dans laquelle Robert Francis Prevost a baigné durant sa jeunesse à Chicago. Ses parents, très engagés dans leur paroisse, appartenaient au Christian Family Movement, un mouvement d'Action catholique appliquant la doctrine du "voir, juger et agir" initiée par Joseph Cardijn, le fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC).

La contemplation et l’action

Cardijn fut "l'un des plus grands mystiques contemporains", m'a déclaré un jour, lors d'un entretien en tête-à-tête, le cardinal Jean-Marie Lustiger. Cet ancien aumônier de jeunes en Belgique préconisait un style de vie chrétienne qui ne séparait pas la contemplation de l'action. Cette discipline a pu connaître des déviations regrettables. Elle n'en demeure pas moins un antidote efficace contre la tendance à spiritualiser à l'excès le message du Christ au détriment de sa vivifiante incarnation. La foi et la vie sont intrinsèquement liées. Tout comme la liturgie et la mission. "Tout est lié" rappelait le pape François. 

Il n'est guère étonnant que cette expérience d'unification vécue dans sa famille ait poussé Robert Francis Prevost à devenir religieux chez les disciples de saint Augustin. Ensuite, à partir comme missionnaire au Pérou pour créer une paroisse en milieu pauvre et populaire. Puis, devenu évêque d'un diocèse de ce pays ayant beaucoup souffert de divisons, à agir pour l'unité et la participation de tout le peuple de Dieu à l'évangélisation. Beaucoup de témoignages relèvent la sérénité que dégage la personnalité du pape Léon. Elle reflète l'unité profonde d'un homme riche d'expériences humaines et ecclésiales : "L'unité est la forme de toute beauté", écrit saint Augustin.

Des papes réformateurs

Ces données biographiques sont pour le moins substantielles. Elles éclairent les raisons pour lesquelles, élu pape, il a choisi son nom en référence à Léon XIII. Ce grand pontife de la fin du XIXe siècle, initia la doctrine sociale de l'Église. La Révolution industrielle battait alors son plein en Europe ; comme le socialisme marxiste qui voulait être la nouvelle espérance, la nouvelle religion du monde ouvrier exploité par la machine et le capital. Léon XIII fit alors preuve d'une intelligence de la foi dont l'Église bénéficie encore aujourd'hui. Mais il n'aura pas non plus échappé au nouveau pape, que tous ses prédécesseurs s'appelant Léon, à commencer par le premier, Léon le Grand, avaient été des pasteurs, des théologiens et des réformateurs de l'Église. Là encore, il est éloquent que dans sa première adresse aux cardinaux, Léon XIV ait expressément rappelé que Vatican II, le dernier grand concile pastoral, théologique et réformateur de l'Église universelle, devait continuer à servir de boussole au catholicisme contemporain.

Le 8 décembre prochain, on commémorera le 60e anniversaire de la clôture du concile. Robert Francis Prevost était alors âgé de 10 ans. C'était le temps, racontent ses frères, où il jouait à dire la messe sur la table à repasser de la maison... Léon XIV sera probablement l'ultime pape à conserver une mémoire visuelle, sensorielle et vivace de l'événement conciliaire et de l'enthousiasme populaire qu'il avait alors suscité. "Plus jamais la guerre !", a-t-il lancé lors de son premier Regina Caeli, en reprenant les mots célèbres de Paul VI devant l'assemblée générale de l'ONU, à New-York, le 4 octobre 1965. 

Pour les 60 ans de la fin du concile Vatican II

Le 8 mai dernier, les cardinaux, à l'issue d'un conclave éclair, ont porté sur le trône de saint Pierre, un religieux, un missionnaire, un pasteur, né aux États-Unis, mais ayant pris la nationalité péruvienne pour faire corps avec le peuple vers lequel il avait été envoyé. L'élection inattendue de Léon XIV, après le pontificat prophétique de François, est peut-être le cadeau d'anniversaire qu'on n'avait pas vu venir, pour célébrer les 60 ans de la fin du concile Vatican II. Un bel âge pour faire mûrir tant de fruits en attente de printemps. Car ce concile missionnaire a encore tellement à nous dire !

Revivez en images l'élection de Léon XIV :

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)