Le pape Léon XIV n’a décidément pas fini de surprendre. Le livret liturgique de la messe d’installation de Léon XIV ce dimanche 18 mai sur la place Saint-Pierre met en évidence quelques changements par rapport aux papes précédents. L'un des plus forts symboliquement concerne la promesse d'obéissance au Pape qui sera prononcée après la remise du pallium et de l'anneau du pêcheur. Auparavant, six cardinaux, deux par ordres – évêques, prêtres, diacres – venaient saluer solennellement le Pape pour professer leur obéissance, au nom du collège des cardinaux. Mais cette fois-ci, cela reviendra à des "représentants du peuple de Dieu", est-il indiqué.
Douze personnes prêteront obéissance au chef de l’Église catholique, dont trois cardinaux : le Canadien Franck Leo (Amérique du Nord), le Brésilien Jaime Spengler (Amérique du Sud) et le cardinal de Papouasie-Nouvelle-Guinée John Ribat (Océanie). Un évêque, un prêtre, un diacre représenteront les trois grades du clergé. Il s'agit de Mgr Luis Alberto Barrera, évêque de Callao au Pérou, du père Guillerma Inca Pereda, secrétaire général de la conférence épiscopale péruvienne, et du diacre permanent italien Teodoro Mandato. Ce dernier, père de famille, fonctionnaire de la société de transports Cotral, a été ordonné au diaconat pour le diocèse de Rome en novembre dernier.
La vie consacrée sera représentée par le père Arturo Sosa, préposé général de la Compagnie de Jésus et président de l’Union des Supérieurs généraux (USG) et par sœur Oonah O’Shea, religieuse australienne d’origine irlandaise, récemment élue à la tête de l’UISG (Union internationale des Supérieures générales). Un couple italo-péruvien, formé de Rafael Santa Marie et Ana María Olguín, et deux jeunes, Josemaria Diaz et Sheyla Cruz, complètent la liste. Cette dernière, d’origine péruvienne, est une spécialiste de la théologie du corps, formée à l’Institut Jean Paul II pour la famille. Il s’agit d’une évolution très importante qui s’inscrit clairement dans la dynamique impulsée par Léon XIV depuis le début de son pontificat : une volonté affirmée de redonner toute sa place au sens profond de la collégialité et de l’Église comme peuple en marche, tout en maintenant la verticalité et la sacralité de sa charge.
La vocation commune de tous les baptisés
La référence explicite au peuple de Dieu n’est pas anodine. Cette expression, centrale dans la théologie du concile Vatican II, désigne l’ensemble des baptisés, appelés à cheminer ensemble dans la foi. Elle insiste sur la vocation commune de tous les fidèles à être acteurs de la mission de l’Église, et pas seulement destinataires de l’enseignement de l’Église. En donnant une visibilité liturgique à cette réalité théologique, Léon XIV envoie un signal fort : celui d’une Église où le sensus fidei du peuple chrétien est pris en compte jusque dans les gestes les plus solennels.
