Il écrit et joue ses propres pièces de théâtre, il publie des vidéos hilarantes sur les réseaux sociaux… Originaire de Normandie, Marc Tourneboeuf est un jeune artiste aux multiples talents, qui maîtrise l'art de passer de la prose à l’alexandrin, offrant une touche unique à chacune de ses créations. Formé au Cours Florent aux côtés de grands noms du théâtre tels que Grétel Delattre, Thomas Durand, Simone Strickner, et Bruno Blairet, ce trentenaire se distingue par une grande variété de projets, tant sur scène que sur les réseaux sociaux.
En 2017, il fait ses débuts littéraires avec la publication de sa nouvelle Des Nouvelles de Transylvanie (ed. Edilivre), puis fonde, avec Martin Campestre, La Compagnie des Métronomes infidèles, et se lance dans l’écriture de plusieurs pièces de théâtre. Parmi ses œuvres figure L’Ambition des Damnés ; La Commission des Destins ; mais aussi Astrid. Il enchaîne aussi avec deux one-man show Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage et L’Impatient, actuellement joué au Théâtre du Marais. Sur les réseaux sociaux, Marc a également su trouver son public grâce à ses vidéos courtes et percutantes, notamment avec la petite série On ne se comprend pas qui mêlent humour moderne et le jeu de mot. Un talent qui a été récompensé par le prix du meilleur auteur aux Cyrano en 2022, ainsi que celui du meilleur Espoir au Festival Avignon OFF 2022.
Aleteia : Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans l’art vivant ?
Marc Tourneboeuf : C’est une succession de hasards. À l’origine, je voulais faire de l'humour, du cinéma ou devenir astronaute… Ma mère a eu la gentillesse de m’offrir un stage au Cours Florent pour récompenser mes bons résultats au bac. Nous ignorions que ce stage était en réalité un test d’entrée à l’école que j’ai réussi. À la rentrée, je suis donc venu à Paris pour faire une fac de maths et les Cours Florent. Le théâtre m’a plu et j’ai commencé à écrire des pièces. Pendant le Covid, je me suis mis à faire des vidéos et mon public s’est élargi.
Votre mère a donc joué un rôle important dans votre choix de carrière ?
Oui, un rôle prédominant. Je suis le cadet d’une fratrie de quatre, j’ai trois sœurs aînées. Personne dans ma famille n’a pu faire ce genre de chose, pour tout le monde c’était une voie sans issue. Mais ma mère a toujours voulu que ses enfants fassent quelque chose qu’ils aiment. Elle tenait cependant à ce que je fasse d’autres études en plus du théâtre, mais c’était difficile pour moi de cumuler les deux et j’ai fini par arrêter les maths pour me lancer dans l’humour. Au début, ma mère était inquiète de ce choix, mais quand elle a vu ce que j’écrivais et que je pouvais gagner ma vie en faisant ce métier, elle a été rassurée. Mon grand-père maternel a aussi été inquiet, même s’il a aidé ma mère à payer mes études. Je viens d’un milieu modeste, mes parents n’avaient pas les moyens financiers pour payer les Cours Florent. Ma sœur aînée, avec laquelle j’ai neuf ans d’écart, a aussi donné un coup de main à ma mère et mon grand-père.

Ce qui frappe chez vous, c’est votre maîtrise de la langue et votre jeu de mots. Certains de vos sketchs sont même écrits en alexandrins. D’où vous vient cette passion pour la langue de Molière ?
Quand j’étais au collège, je n'étais pas bon en écriture. Ma mère, une vraie femme de littérature, passait des après-midi entières à corriger mes rédactions et à prêcher pour que j’utilise des dictionnaires et des synonymes. Plus tard, aux Cours Florent, j’ai fait la découverte de Molière et de Racine. Les sketchs de Raymond Devos mais aussi ceux de la série radiophonique Deux minutes du peuple m’ont également bercé. En sortant des Cours Florent, j’ai écrit la pièce Astrid en alexandrins. J’apprécie Andromaque et Phèdre, je les écoute souvent en boucle quand je vais courir.
Vous êtes à la fois comédien et auteur. Quelles sont vos inspirations ?
En tant que comédien, je tire mon inspiration chez des acteurs de mon enfance comme Louis De Funès ou encore Jim Carrey, mais aussi de l’une de mes professeurs des Cours Florent, Gretel Delattre. Je lui dois 80% de ce que je suis sur scène aujourd’hui. Elle m’a mis en scène dans mes deux one-man shows. Je vois le jeu à travers son prisme.
Aujourd’hui, à chaque fois que je monte sur scène, je fais une petite prière.
Quant aux auteurs, j’aime beaucoup Cyrano d’Edmond Rostand, Ruy Blas de Victor Hugo. Mais aussi des auteurs et humoristes plus contemporains et des créateurs de contenus. J’apprécie Marion Aubert, Rémi De Vos, Philippe Caverivière et la chronique de Waly Dia.
Vous êtes issu d’une famille catholique. Quel rapport avez-vous avec la foi ?
Enfant, je faisais du scoutisme, j’étais aussi au Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ). En 2013, j’ai participé aux JMJ de Rio. C’était super ! Aujourd’hui, à chaque fois que je monte sur scène, je fais une petite prière.
Vous avez publié sur les réseaux sociaux quelques vidéos à connotation chrétienne, notamment sur le Mont-Saint-Michel ou encore le château de Chambord dans laquelle vous faites allusion au pape François. Vous arrive-t-il souvent de puiser de l’inspiration dans la foi chrétienne ?
Je suis aussi un fervent admirateur de Spinoza, j’aime Blaise Pascal et son fameux pari. Côté théâtre, je retrouve de l’alexandrin dans la pièce qui me plaît, Le Véritable Saint Genest sur un saint qui préfère mourir en martyre plutôt que d'abjurer sa foi. J’apprécie aussi la philosophie de saint Augustin, tout comme je trouve le récit de Jeanne d’Arc époustouflant ! Sainte Thérèse de Lisieux me parle beaucoup car je viens de Caen et mon père est originaire de Lisieux. Et bien sûr le pape François dont j’aimais la vision humaniste, elle était merveilleuse.
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Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes comédiens ou à celles et ceux qui veulent se lancer dans l’art vivant ?
Entreprendre par eux-mêmes. Il faut être impertinent, ne pas hésiter à frapper aux portes et quand elles sont fermées, entrer par la fenêtre, faire toujours plus.
Pratique
