Au Pérou, Léon XIV était simplement "Mgr Robert Prevost". Évêque pendant huit ans du diocèse de Chiclayo, au nord de Lima, il avait su gagner le cœur des fidèles par sa proximité et son écoute. Interrogée par Aleteia en espagnol, Marlyn Arqueros, membre de la Cruzada de Santa María – une communauté de femmes laïques consacrées à l’évangélisation – se souvient d’un pasteur présent sur tous les fronts, tant à l’Université catholique de Santo Toribio Mogrovejo, où il était chancelier et où ils ont travaillé ensemble cinq ans, que dans sa mission pastorale quotidienne.
Elle se souvient ainsi que Robert Prevost ne manquait jamais de rendre visite aux communautés, même les plus reculées. Auprès d'Aleteia, Marlyn Arqueros évoque notamment son engagement exemplaire lors de deux catastrophes naturelles qui ont frappé la région. Grâce à Cáritas, qu’il soutenait activement, et avec l’aide de nombreux bénévoles, Robert Prévost parcourait les rues pour distribuer nourriture, réconfort et soutien spirituel : "Dieu l’a choisi pour la bonté de son cœur", affirme-t-elle avec conviction. "Dieu l’a d’abord envoyé au contact des plus humbles pour lui révéler l’état du monde. Et après cette expérience humaine, il a été appelé à devenir évêque, cardinal, et aujourd’hui pape."
Présent sur le terrain, Robert Prevost a aussi incarné une rigueur doctrinale et une clarté d’enseignement selon Marlyn Arqueros. Profondément attaché à la vérité et à la formation des fidèles, il n’a cessé de porter une attention particulière à l’accompagnement des prêtres et à leur formation humaine et spirituelle. La famille et la défense de la vie ont également toujours figuré parmi ses priorités. Et les jeunes n’ont pas été en reste. Lors des JMJ de Lisbonne en 2023, il a personnellement organisé l’envoi d’un groupe d’étudiants de l’université : "Il les a soutenus dans toutes les démarches, leur a offert une croix missionnaire, un kit de pèlerin, puis les a rejoints sur place pour les accompagner, dialoguer avec eux, et les encourager à écouter les messages du pape François", raconte Marlyn Arqueros.
Un pape façonné par le Pérou
Dans la fervente Chiclayo, ville d'à peine 800.000 habitants, l’arrivée de Robert Prevost avait marqué les esprits. Et lui en a gardé un souvenir ému. Dans ses premiers mots en tant que pape, Léon XIV a d'ailleurs salué la foi populaire de Chiclayo : "Et si vous me permettez un mot, je salue tout le monde, en particulier mon cher diocèse de Chiclayo, au Pérou, où un peuple fidèle a accompagné son évêque, a partagé sa foi et a donné beaucoup, beaucoup pour continuer à être une Église fidèle à Jésus-Christ".
Pour Marlyn, ses années passées au Pérou l’ont profondément marqué. Ce vécu a forgé sa sensibilité aux enjeux sociaux et humains. "Dans un pays miné par la corruption, la pauvreté et les inégalités, Léon XIV pourrait s’inscrire dans la lignée de Léon XIII, en défendant les droits des travailleurs et la dignité du travail", espère-t-elle. Parmi les vertus qu’elle lui reconnaît, Marlyn souligne aussi sa prudence : "C’est un homme mesuré, qui se prépare avant de parler. Dans son premier discours, j’ai vu un pape qui cherche à dire l’essentiel, avec justesse et inspiration."
Et Marlyn Arqueros de faire le parallèle avec l’Évangile, évoquant l’attitude de Jésus face à la femme adultère : "Il ne condamne pas, il accueille. Le pape Léon XIV est dans cette disposition. Il sait écouter, dialoguer, ouvrir son cœur à tous." Convaincue de sa capacité à prolonger l’esprit du pape François, Marlyn Arqueros, émue : "Nous avions un évêque, maintenant nous avons un pape. Et c’est le même homme, avec le même cœur."
