separateurCreated with Sketch.

La paix et la liberté religieuse au menu diplomatique de Léon XIV

POPE-LEONE-XIV-VATICAN-MEDIA

Léon XIV

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Jean-Baptiste Noé - publié le 15/05/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Huit jours après son élection, le pape Léon XIV doit rencontrer les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège ce vendredi 16 mai 2025. Nouvellement élu, il est confronté à des défis diplomatiques immenses, un peu à l’image de son prédécesseur Léon XIII, et même des autres papes Léon. Comme eux, il devra lutter pour la paix et la liberté religieuse.

"Que la paix soit avec vous" furent les premiers mots prononcés par Léon XIV à la loggia de la basilique Saint-Pierre, pour un discours où il évoqua la paix, celle des cœurs et celle du monde. Le cardinal Robert Prevost est élu à un moment tourmenté de l’histoire, entre début des négociations de paix pour l’Ukraine et déclenchement d’une guerre entre l’Inde et le Pakistan. 

Léon, pape de la paix

Avant d’être le pape Léon XIII (1878-1903), Joachim Pecci fut un diplomate au service du Saint-Siège qui occupa de nombreux postes en Europe et en Italie, lui permettant de disposer d’une solide connaissance des affaires du monde. Devenu chef de l’Église universelle, il dut affronter la politique anticatholique du chancelier prusse Bismarck (le Kulturkampf), l’antichristianisme de la nouvelle monarchie italienne, les difficultés politiques avec la France. Mais Léon XIII fut aussi celui qui remis le Saint-Siège au centre des relations internationales, en en faisant une puissance diplomatique. En 1885, il sert de médiateur dans le conflit qui oppose l’Allemagne et l’Espagne au sujet des îles Carolines. 

L’autre grande politique de Léon XIII est celle de l’œcuménisme. Le premier, il tend la main aux orthodoxes et aux anglicans, comprenant que, face aux défis de son temps, il était essentiel que les chrétiens soient unis. Preuve de ce rapprochement : le premier cardinal créé par Léon XIII est John Henry Newman, en 1879. Léon XIII a dû, tout au long de son pontificat, affirmer la liberté de l’Église par rapport aux pouvoirs politiques, et la liberté des catholiques en matière temporelle. Bien avant lui, Léon X (1513-1521) avait combattu François 1er et Charles Quint dans leurs velléités de prise de contrôle de l’Italie. Quant au premier des Léon, Léon le Grand (440-461), c’est Attila qu’il affronta et Rome qu’il dut préserver de la prise des barbares. 

Léon XIV face aux guerres

Dans son premier discours public, Léon XIV a souhaité une paix "désarmée et désarmante", tant les risques d’affrontements dans cette "troisième guerre mondiale par morceaux" sont nombreux. La diplomatie et les relations internationales ne sont pas la mission première d’un pape, qui doit d’abord parler de Dieu et du Christ et confirmer ses frères dans la foi. Mais le Christ, Prince de la paix, est aussi le chemin vers la justice et vers la paix des nations. Le rôle et l’action du Saint-Siège demeurent essentiels pour contribuer à la paix mondiale et les attentes autour du pape sont nombreuses. 

L’Ukraine, bien sûr, où pour l’instant les initiatives du Saint-Siège n’ont pas donné grand-chose. Les réunions diplomatiques entre les belligérants se sont tenues en Arabie saoudite et peut-être à Istanbul. Le Vatican pourrait se proposer pour être le siège d’un sommet, lui qui a l’avantage de la neutralité et de disposer d’un bon crédit auprès de Kiev comme auprès de Moscou. 

La Chine et l’Afrique

Autre dossier, particulièrement complexe, la Chine. Le gouvernement de Pékin a profité de la vacance du siège apostolique pour nommer de nouveaux évêques, sans demander l’autorisation à Rome. L’accord de 2018 n’a pas permis de rapprocher les deux signataires et Pékin semble plus puissant que jamais pour imposer sa politique. Beaucoup de cardinaux électeurs ont reproché au cardinal Parolin la signature de l’accord. Mais Rome n’a pas vraiment le choix tant ses leviers d’influence et de pression sont faibles à l’égard de la Chine. 

Le continent africain est aussi un sujet majeur. Les crises et les guerres y sont nombreuses, les Églises locales sont engagées en faveur de la paix, comme le cardinal du Congo, mais là aussi, les résultats peinent à arriver. Les collusions entre gouvernements et églises locales sont parfois nombreuses, avec des risques de soumission à l’ordre politique. L’Église d’Afrique doit gagner en indépendance par rapport à l’ordre politique, et parvenir également à dépasser les frontières ethniques qui ont souvent tendance à tendre les situations locales. 

Les mondes musulmans

Le dialogue avec les mondes musulmans sera un autre point essentiel du pontificat de Léon XIV. Le chemin initié par Jean-Paul II, poursuivi par Benoît XVI et François, donne de bons résultats dans plusieurs pays de confession musulmane, où la liberté de culte pour les catholiques est réelle, mais dans d’autres, notamment dans la péninsule arabique, les minorités catholiques peuvent encore avoir du mal à pratiquer leur foi ouvertement. Sans oublier la douloureuse et épineuse question des chrétiens orientaux, dont le risque est de les réduire au statut de folklore local alors qu’ils sont le peuple originel de ces pays, dans lesquels ils vivent depuis l’époque des premiers apôtres. 

Des nominations sensibles

Enfin, les premières décisions de Léon XIV seront scrutées et commentées. La première est celle du choix du secrétaire d’État, qui joue un rôle essentiel dans les rouages de la Curie. Le cardinal Parolin sera probablement maintenu les premiers mois, avant d’être changé, ce qui est la règle usuelle lors de changement de pape. De même pour la fonction de Secrétaire pour les relations avec les États (équivalent du ministre des Affaires étrangères), occupée par Mgr Gallagher depuis 2014. Quant au préfet du dicastère pour le dialogue inter-religieux, le cardinal indien George Koovakad, ayant été nommé en janvier dernier, il est plus que probable qu’il soit maintenu à son poste. 

Les nominations à ces postes, et le moment où ces nominations se feront, diront beaucoup de la direction diplomatique que Léon XIV veut donner à son pontificat. Enfin, ce seront les désignations de nonce à des ambassades clefs, qui dessineront les contours de la nouvelle diplomatie léonine. 

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)