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“Noël, Noël !”, un vrai pasteur nous est donné

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Benoist de Sinety - publié le 11/05/25
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Fruit de la prière de tout le Peuple de Dieu, l’élection de Léon XIV réjouit le père Benoist de Sinety, curé-doyen de la ville de Lille. Fin politique, vrai pasteur, le nouveau pape n’est pas l’homme providentiel, mais sa voix va porter auprès des puissants.

"Noël ! Noël !", ce cri de joie qui retentit depuis le Moyen Âge annonce un événement heureux, l’arrivée de quelque chose d’important. Le voici donc depuis la loggia romaine qui résonne à nouveau comme l’anagramme du nouveau pape. Chacun y va de son commentaire. À peine le cardinal Robert Prevost était-il revêtu de la soutane blanche que celui qui nous était, pour la plupart, absolument inconnu, nous est devenu, à tous, comme proche et amical. Dans sa lettre aux Marseillais, le cardinal Jean-Marc Aveline, citant Jean-Paul II, insistait avant le début du conclave sur l’importance de la prière : "L’Église universelle doit persévérer dans la prière, ainsi l’élection du nouveau pontife ne sera pas un fait étranger au Peuple de Dieu et réservé au seul collège des électeurs, elle sera une action de toute l’Église."

Le fruit de la prière de tous

Léon XIV est donc le fruit de la prière de tous, comme ses prédécesseurs. Là se manifeste cette communion à laquelle nous sommes appelés. Non pas à penser pareil, ou à dire pareil, mais à prier ensemble pour que nos œuvres et nos paroles témoignent de ce que le Royaume puisse toujours être davantage accessible à chacun. En reprenant les paroles mêmes de son prédécesseur sur les "ponts" à construire, en insistant sur ce chemin synodal où nous devons avancer ensemble, il manifeste que les portes ouvertes par François l’ont bien été par l’Esprit Saint et que nul ne pourra les refermer. En n’évoquant pas lors de sa première prise de parole son pays d’origine, il manifeste courageusement qu’il ne sera pas l’homme d’un camp ou d’une culture, et ce, quelles que soient les gesticulations embarrassées de l’administration américaine avec laquelle il s’était montré ces derniers temps assez sévère. En utilisant l’espagnol comme seul idiome étranger à l’italien, il affirme aussi parler la langue des pauvres qu’il maîtrise bien.

Tout en acceptant les ornements pontificaux, il dit pudiquement sa fragilité humaine. Ainsi les quelques mots cités alors de son maître Augustin, renvoient à l’intégralité du fameux passage du sermon du Docteur de la grâce : "Si ce que je suis pour vous m’épouvante, ce que je suis avec vous me rassure. Pour vous, en effet, je suis l’évêque ; avec vous je suis chrétien. Évêque, c’est le titre d’une charge qu’on assume ; chrétien, c’est le nom de la grâce qu’on reçoit. Titre périlleux, nom salutaire" (Sermon 340,1 repris dans Lumen gentium, 32).

Les dangers de « l’américanisme »

Enfin, il y a peut-être aussi une subtilité dans le choix de son nom que peu ont relevée. États-unien, il reprend le patronyme de Léon XIII, le seul pape qui ait jamais mis en garde ouvertement et dans une encyclique contre les dangers de l’américanisme. Comme l’évoque Pasquale Annicchino dans une interview au site Grand Continent le 9 mai 2025 : dans Testem benevolentiae (1889), celui qui avait quelques années plus tôt rédigé Rerum novarum, initiant ainsi la pensée sociale de l’Église, "souhaitait mettre en garde les catholiques contre la diffusion de certaines positions jugées dangereuses, apparues dans le contexte américain et commençant à se répandre également en Europe. Il y condamnait la propagation de “l’américanisme” et de ces approches qui insistaient sur la nécessité d’adapter le catholicisme à la modernité américaine avec d’importantes implications sur certains concepts comme la liberté individuelle, la dévalorisation de la vie religieuse au profit de l’activisme social, ou encore la nécessité de subordonner la vie religieuse aux exigences du siècle."

Un vrai pasteur

On dit l’homme timide. Il est manifestement un très fin politique. En tout cas, comme s’en réjouissait au lendemain du conclave l’un de ses électeurs, le cardinal Jean-Paul Vesco archevêque d’Alger, il réunit apparemment surtout toutes les qualités requises. Notamment celle d’être un vrai pasteur et qui lui donne de pouvoir si vite toucher tant de cœurs. Un pasteur que se réjouissent d’avoir d’abord les plus petits, ceux que de moins en moins de personnes protègent aujourd’hui. Bien sûr, cela ne changera rien au déroulement de l’histoire immédiate : les canons ne vont pas se taire d’un coup, les malades retrouver la santé, les lois iniques sur l’euthanasie par exemple ne vont pas disparaître, ni les injustices dont sont victimes dans nos pays les migrants. Mais qu’une voix puisse trouver cet écho auquel aucun puissant ne peut échapper. Que l’Évangile soit rappelé dans toute sa vérité et avec toutes ses exigences, cela ne peut rester sans effet.

Apparu sous le soleil de Pâques, Léon XIV ne sera pas l’homme providentiel. Il s’offre à nous pour être le serviteur de la présence de l’Homme Dieu, Jésus, le seul dont le nom accomplisse ce qu’il signifie : le Seigneur sauve. Fruit du dessein de la Providence et de notre prière commune, le nouvel évêque de Rome, veut, avec toute l’Église, entraîner l’humanité dans ce cri de joie "Noël ! Noël !" et désigner ainsi le chemin d’Espérance au milieu des désenchantements du monde.

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