Léon XIV, un pape très connecté sur X

Qui est Léon XIV ? À l’annonce du nom du cardinal Robert Francis Prevost, ce jeudi 8 mai depuis la loggia de Saint-Pierre, les fidèles du monde entier ont rapidement cherché à mieux connaître cet Américain de 69 ans, devenu Léon XIV. Américain de Chicago et missionnaire dans les Andes, le nouveau pape âgé de 69 ans voit les réseaux sociaux comme un moyen complémentaire d’accomplir sa mission de pasteur. Si Benoît XVI a été le tout premier pape à tweeter en 2012 sous le pseudonyme @‌Pontifex, Robert Francis Prevost @‌drprevost est le premier à devenir Pape avec déjà un long historique de publications sur les réseaux sociaux.

Critiques du vice-président des États-Unis, des violences sexuelles dans l'Église, de la peine de mort... Robert Francis Prevost a été un religieux actif et sans tabou sur les réseaux sociaux, n'hésitant pas à aborder des sujets épineux, faisant de lui le premier pape extrêmement connecté. Quand JD Vance a suggéré que les chrétiens devaient d'abord aimer leur famille, avant leurs voisins, leur communauté et leurs concitoyens, Mgr Robert Francis Prevost, aujourd'hui Léon XIV, avait répondu sur X en republiant un éditorial cinglant titré "JD Vance a tort : Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres".

Très actif sur X avec plus de 400 publications en quatorze ans, Léon XIV n’a jamais hésité à aborder les sujets sensibles : racisme, immigration, violences sexuelles dans l’Église ou encore peine de mort. Américain né à Chicago, il a vécu plus de deux décennies au Pérou, dont il est un ressortissant. Une expérience forte qui fait naître chez lui un vif intérêt pour les réalités de l’immigration, comme son prédécesseur François. En 2015, celui qui était alors cardinal republie une tribune rédigée par Mgr Timothy Dolan intitulée : "Pourquoi la rhétorique anti-immigrés de Donald Trump est si problématique." Le 13 avril de la même année, le pape Léon XIV partage une lettre écrite par le pape François, condamnant les expulsions massives de l’administration Trump. Il s'est ainsi fait l'écho des critiques des politiques anti-immigration de Donald Trump en republiant un article de 2017 évoquant un "moment sombre de l'histoire des États-Unis" et l'abandon des "valeurs américaines". De ses nombreux commentaires en ligne, il apparaît clairement que republier a presque toujours pour lui valeur d'approbation.

Son engagement pour la justice sociale s’est particulièrement manifesté lors des événements marquants aux États-Unis. Ainsi, en 2020, quelques jours après la mort de l'Afro-américain George Floyd tué par un policier blanc condamné pour meurtre, il a exhorté ses collègues membres du clergé à s'exprimer : "nous devons entendre plus de la part des dirigeants de l'Église, pour rejeter le racisme et rechercher la justice".

Il a exigé aussi davantage de transparence contre les prêtres coupables de violences sexuelles sur des mineurs : "Si vous êtes victime de violences sexuelles par un prêtre, signalez-le", a-t-il déclaré en mai au journal péruvien La Republica. "Nous rejetons la culture de la dissimulation et du secret, cela cause beaucoup de tort. Nous devons aider les personnes qui ont souffert de ces méfaits", a-t-il dit.

En mars 2015, c’est à la peine de mort, sujet crucial aux États-Unis, qu’il l’attaque frontalement. "Il est temps de mettre fin à la peine de mort", assure-t-il sur X. Une position en ligne avec celle de l’Église catholique répétée au fil des ans lors d'interviews, d'homélies ou de déclarations publiques. "Il faut être en faveur de la vie à tout instant", avait-t-il ainsi déclaré dans un espagnol parfait, teinté d'un léger accent, devant des journalistes péruviens. Comme pour beaucoup de prêtres et évêques, le rythme de ses publications s'était intensifié durant la pandémie de Covid-19. Reste à savoir si son élection sur le trône de Pierre lui permettra de rester aussi connecté.