PAPE LÉON XIV
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Quelques heures après l’élection de Léon XIV, quel est votre sentiment ?
On a un bon pape, on a un très bon pape ! Je suis très, très heureux, comme tout le collège des cardinaux. Il y a eu une immense unanimité, une immense joie. Il a derrière lui tout un collège cardinalice. Et en avant !
Le conclave a été rapide…
Il a été plus rapide que vous ne pouvez l’imaginer ! Je n’en doutais pas mais c’est vrai que le Saint-Esprit a été à l’œuvre. Il y a eu durant les congrégations générales l’expression de la différence, et puis très vite, le temps de l’unité est arrivé. Nous avons été unanimes. Ce n’était pas forcément gagné d’avance. Mais j’ai vu les planètes s’aligner durant le conclave, sans forcément que des paroles soient échangées. Aujourd’hui, je peux affirmer qu’on a un bon pape comme on dit du pain qu’il est bon !
Nous avons été unanimes. Ce n’était pas forcément gagné d’avance. Mais j’ai vu les planètes s’aligner durant le conclave, sans forcément que des paroles soient échangées.
Quelles sont les qualités de Léon XIV ?
C’est un homme qui a un capital d’expérience absolument colossal. C’est un religieux, un homme qui est entré à 17 ans dans l’Ordre de saint Augustin. Il a grandi dans une vie communautaire. Il a été élu supérieur général à deux reprises. C’est un homme à qui on a tout demandé, qui a tout connu. Moi-même étant religieux, je vois bien, dans le cursus du cardinal Prevost, que c’était le bon soldat. On lui a demandé de faire de la formation, on l’a envoyé au Pérou, puis on l’a renvoyé aux États-Unis, il a été évêque au Pérou puis aussi administrateur d’un diocèse qui avait des soucis. Il a été nommé à la Curie romaine pour prendre la tête du dicastère pour les Évêques… Au fond, toutes les personnes qui parlent de lui, partout où il est passé, en disent du bien. Je crois aussi que la vraie dimension qui l’emporte est que tout le monde dit qu’il sait travailler en équipe. C’est un homme qui sait décider, mais en travaillant en équipe.
Quelle était l’ambiance dans la chapelle Sixtine quand le cardinal Prevost a obtenu les deux tiers des votes ?
Il y avait une joie manifeste, une énorme émotion. Il n’y avait pas d’arrière-pensée mais seulement une joie profonde chez tous les cardinaux. C’est étonnant. Cela s’est fait très rapidement. Cela aurait même pu se terminer plus tôt.
Le connaissiez-vous auparavant ?
Non, je ne le connaissais pas. Je l’ai rencontré durant les congrégations générales. Je savais que c’était une personne qui comptait et pour laquelle on pouvait se dire que c’était possible. Je suis arrivé avec un candidat puis je me suis ouvert à tous les autres profils en essayant de chercher celui qui était meilleur que lui. Avant le conclave, plusieurs personnes me demandaient ce que j’en attendais. Je répondais spontanément que j’aimerais rentrer à Alger avec la sensation d’avoir donné un bon pape à l’Église. C’est exactement cela qui se produit.
Léon XIV est le premier pape venu des États-Unis. Le fait qu’il soit Américain a-t-il pesé dans les réflexions ?
Je n’en sais rien ! Pas dans les miennes ! Parce que c’est un homme qui a vécu en Amérique du Sud, au Pérou. Il a aussi été supérieur général d’un ordre religieux. Or, un supérieur ne s’appartient plus et va à la rencontre du monde entier. Certes, il a une nationalité, mais son identité est autre que nationale, surtout quand on est religieux.
Que retenez-vous de son premier discours à la Loggia de la basilique Saint-Pierre ?
Je n’ai pas tout entendu parce que j’étais à côté. Mais je sais qu’il a parlé de paix. Il a donné une indulgence plénière. Et puis il a dit cette phrase de saint Augustin : « Avec vous je suis chrétien, et pour vous évêque ». Magnifique !
Vous avez ensuite dîné avec lui ?
Oui, il a dîné avec nous, tous ensemble. C’était très simple, c’est un homme très simple et ça c’est très beau. L’ambiance était très joyeuse, très légère, pour tout le monde.
Vous attendiez-vous à cette légèreté en temps de conclave ?
On pense généralement les conclaves avec des réflexes d’analyse politique. Mais ce n’est pas de la politique. J’en suis désormais convaincu. Le soir de l’élection, tout le monde était bien. En politique, il y a toujours un gagnant et un perdant. Ce n’est pas le cas ici. Tout le monde est heureux. Il a eu un score magistral et tout le monde est derrière lui.
Ce nom, Léon XIV, vous a-t-il surpris ?
Énormément surpris oui ! Je connais peu de parents qui appelleraient leur enfant Léon ! Après le nom de « François », qui avait impressionné, je me suis dit que cela serait moins évident, que cela allait être ringard… Et puis j’ai entendu les fidèles sur la place Saint-Pierre qui criaient « Leone ! Leone ! ». C’était incroyable !
[EN IMAGES] Léon XIV, une élection historique
Ce nom l’inscrit dans le sillage de Léon XIII, le pape de la doctrine sociale de l’Église…
Évidemment qu’il y avait réfléchi. Vous savez, en entrant en conclave, il y a un certain nombre de papabili qui s’y sont préparés. À ce propos, une chose m’a touché en voyant ceux qui pouvaient légitimement se dire “peut-être que ça sera moi le prochain pape”. Eux n’avaient pas d'autre choix de s’y préparer. C’est normal. Et puis l’élection se passe et la joie l’emporte partout. Dans quel autre monde cette situation existe-t-elle ?
Pour un chrétien, est-ce bouleversant de vivre un conclave ?
Ce conclave était très paisible. C’est une très belle expérience. Ce rite est très beau. La première journée sert de retraite, de prière. Il y a eu beaucoup de paroles dans les congrégations générales, on avait besoin de se poser, on avait besoin de temps. Au lendemain de l’entrée en conclave, on savait déjà qui ce serait, il y avait une paix. On savait que dans la journée cela se ferait. On a eu le pape qu’il fallait, un homme simple, modeste, paisible, avec un vrai profil de pape. Très franchement, je redoutais de connaître trop bien le pape qui pouvait être élu et faire face à une émotion trop forte. Il y a donc un sentiment de soulagement.
Depuis les balcons de la basilique Saint-Pierre, j’ai été bouleversé de voir ce peuple de Rome se rassembler aussi vite place Saint-Pierre. Ils étaient incroyablement nombreux. Ils ne savaient pas qui c’était mais ils étaient déjà là, en train de l’accepter. C'est cela l’Église.