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Gouverner l’Église comme saint Pie V

POPE PIUS V

saint Pie V

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Ambroise Tournyol du Clos - publié le 08/05/25
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Modèle de pape, saint Pie V rappelle que l’Église est moins une institution à réformer qu’un troupeau à sanctifier. L’historien Ambroise Tournyol du Clos montre comment ses réformes engagèrent un profond renouveau spirituel.

PAPE LÉON XIV

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Saint Pie V fut assurément un grand pape. À son règne, aussi fugace que fécond (1566-1572), on doit la ritualisation de la messe, la mise en application du concile de Trente (1545-1563) et la victoire de Lépante contre les Turcs (1571). À l’heure où les cardinaux, réunis en conclave, s’apprêtent à choisir le nouveau pape, saint Pie V peut-il encore faire figure de modèle ? Que retenir de sa manière de gouverner l’Église ?

Donner l’exemple

D’abord, que l’Église se gouverne par l’exemple. Chacun sait combien le scandale des papes de la Renaissance, Alexandre VI Borgia en particulier, était en grande partie à l’origine de la révolte de Luther et de la naissance du protestantisme. Élu pape sous le nom de Pie V en 1566, Michel Ghislieri, est le fils de paysans lombards très pauvres. Avec lui, c’en est fini des souverains pontifes corrompus, livrés au lucre et à la débauche. Élevé par les dominicains, il entre dans l’ordre des frères prêcheurs, se charge de la formation et en prend la tête. Grand inquisiteur, il se distingue à la fois par sa fermeté dans sa lutte contre l’hérésie protestante et son indulgence face aux personnes incriminées. Intellectuel et mystique à la fois, Pie V met toutes ses forces à accomplir les préconisations du concile de Trente. 

Par simplicité, il délaisse les tenues somptueuses de ses prédécesseurs (Alexandre VI, Jules II, Léon X) et leur préfère la soutane blanche qu’adopteront désormais les papes. Travailleur infatigable, cet ascète aux yeux bleus et au nez aquilin fait paraître à destination des curés de paroisse un catéchisme inspiré du concile l’année même de son élection, une édition révisée du bréviaire deux ans plus tard et une nouvelle version du missel romain, voulue définitive et irréformable de l’ancienne liturgie romaine, en 1570. 

Approfondir le mystère de l’Église

Mais la réforme de l’Église passe aussi toujours par un approfondissement du mystère qui la fonde. À ce titre, Pie V hérita des travaux du concile de Trente (1545-1563) et s’efforça de les traduire en actes. Alors que les idées de Luther parcouraient l’Europe depuis une vingtaine d’années et menaçaient l’unité du troupeau, le concile commandé par le pape — qui n’y siégea pourtant jamais —, s’efforça d’opposer une réponse claire et efficace à la Réforme protestante. Mais plus encore, il permit un approfondissement inédit de la Réforme catholique déjà en germe depuis plus d’un siècle et fixa les contours du catholicisme pour les trois siècles à venir. 

Les théologiens décidèrent de réfuter systématiquement les thèses protestantes et de procéder à une clarification doctrinale. Celle-ci rappelait d’abord que la Révélation relevait de deux sources, les saintes Écritures et la Tradition, et que la Bible n’était pas normative en elle-même mais seulement à travers l’enseignement de l’Église et son interprétation, dans la fidélité au dépôt de la foi transmis de pape en pape, de concile en concile. Le pessimisme radical de Luther le conduisait à postuler le "serf arbitre", l’impossibilité d’une liberté authentique dans la réponse du chrétien à la grâce. Le concile de Trente rappela au contraire l’importance du libre-arbitre, la nécessaire coopération de l’homme à son salut qui, dans la logique d’une doctrine du mérite, devait l’inciter à multiplier les bonnes œuvres pour concourir à sa sanctification. 

La doctrine de l’eucharistie

Le concile s’attacha aussi à définir très précisément la doctrine de l’eucharistie face aux propositions luthériennes et plus encore calvinistes : la consubstantiation, postulée par Luther, et qui ne laissait voir dans le pain et le vin eucharistiques qu’une présence spirituelle du Christ, fut invalidée au profit de la transsubstantiation. Celle-ci impliquait une présence réelle du Christ dans l’eucharistie et un changement de substance du pain et du vin consacrés. Le concile s’appliqua à définir la messe non comme un acte communautaire et symbolique mais comme le renouvellement non sanglant du sacrifice du Christ sur la Croix. À rebours de la proposition luthérienne d’un sacerdoce universel, le concile de Trente confirma l’existence d’un sacerdoce ordonné et hiérarchique, d’institution divine.

Sanctifier l’Église

Enfin, le pontificat de Pie V nous rappelle que l’Église est moins une institution à réformer qu’un troupeau à sanctifier. Courant de spiritualité ascétique et mystique né aux Pays-Bas à la fin du XIVe siècle, la devotio moderna encourageait les fidèles à la prière personnelle, la lecture et l’étude des Saintes Écritures, la recherche de la sainteté par la pratique de l’oraison et d’une charité concrète. Les pères du concile de Trente héritaient largement de cette spiritualité qui se proposait de hisser la vie chrétienne à un niveau d’exigence plus élevé et plus authentique. Les décrets du concile mirent donc l’accent sur la sainteté du sacerdoce. 

Considéré comme un alter Christus, un autre Christ, le prêtre devenait une figure capitale pour le salut des âmes. Par son zèle et son exemplarité, l’Église sortirait de la crise. Le concile établit aussi qu’un habit ecclésiastique, qui n’était pas encore la soutane, devait le distinguer des laïcs et exprimer la dignité de sa fonction. Les compagnies de prêtres se multiplièrent : jésuites, oratoriens, sulpiciens, prêtres de la Mission. Philippe Néri (1515-1595) fut sans doute l’une des figures les plus flamboyantes de ces curés de paroisse tout empreints de l’esprit du concile de Trente. 

Un profond renouveau spirituel

L’autorité de l’évêque sortit également renforcée du concile qui en rappelait la dignité et les devoirs. Archevêque de Milan et à ce titre nouvel Ambroise, Charles Borromée (1538-1584) illustra, plus qu’aucun autre, le modèle épiscopal préconisé par le concile de Trente, en raison de la sainteté avec laquelle il exerça son ministère. 

Le pontificat de Pie V ne fut donc pas seulement une entreprise de remise en ordre des écuries d’Augias. Nourri lui-même d’aspirations plus anciennes, qu’il s’efforça de renouveler, il offrit à l’Église un profond renouveau spirituel, dont nous n’avons pas fini de mesurer les fruits. Pie V mourut de la maladie de la pierre, consumé dans sa fonction, le 1er mai 1572. 

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