PAPE LÉON XIV
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L’éco-anxiété, cette nouvelle pathologie de santé mentale, semble construite pierre à pierre par notre système d’information. Depuis la maternelle, nos enfants entendent qu’il faut sauver la planète, récolter les bouchons de bouteille et économiser l’eau. Au collège, en cours de langues et de SVT, ils étudient les modes de transport verts et les énergies renouvelables. Au lycée : en histoire-géo et SES sont abordés l’or bleu, les guerres et les migrations climatiques.
S’il est évidemment juste d’informer les enfants, ces cours s’ajoutent aux discussions, médias, jeux, publicités créant une « chambre d’écho », toutes les informations étant convergentes et alarmistes. L’information météorologique la plus banale précise aussi que la température est anormale pour la saison : trop haute ou trop basse. Les rapports sur le climat s’enchaînent et sont commentés par des experts sur les plateaux télévisés, et même quand l’information est positive, elle est toujours minorée en expliquant que c’est trop tard, qu’on aurait dû faire plus, qu’on aurait dû faire avant et qu’on devrait faire mieux. Dans l’ensemble de ces canaux, l’être humain est présenté comme un prédateur de la nature.
Notre mode de vie en question
Aujourd’hui plus de 80% de la population vit entourée de béton. Une part importante du travail et des loisirs se passe sur des écrans, et la perspective flamboyante des prochaines années est le développement de l’IA, des avatars et des mondes virtuels. En attendant ce monde rêvé, les supermarchés réels ou web débordent et la consommation est l’alpha et l’oméga des projets politiques. Étonnamment, burn-out, dépressions, addictions sont devenus tellement courants qu’ils s’intègrent dans un nouveau mot qui alarme, en particulier quand il s’agit des jeunes : la santé mentale.
Et si nos modes de vie ne correspondaient pas à notre conception ? Le Créateur ou la nature nous a faits pour courir, bouger, voir loin, agir avec tous nos sens, tout notre corps. Aujourd’hui, tout est trop cérébral et nous sommes perdus dans des réseaux de consommation, de communication, de distribution, tentaculaires, en mouvement permanent, impossibles à comprendre de manière durable. Un sentiment d’urgence à comprendre le monde peut se développer associé à la peur d’être dépassé en quelques semaines d’inattention.
Notre cerveau à la rescousse du trop
Pour affronter les situations inédites, le cerveau met en place des biais cognitifs, et en particulier le biais d’attention. En fonction des centres d’intérêt de la personne, le cerveau filtre les informations selon qu’il les perçoit comme étant pertinentes ou non. Ce faisant, il agit comme les réseaux sociaux et s’ajoute à eux, avec des algorithmes qui envoient toujours plus d’informations qui se valident les unes les autres, et enferment ainsi la personne dans une bulle d’informations identiques.
Notre univers informationnel est-il saturé d’informations éco-alarmistes.
En parallèle, notre univers étant saturé de toujours plus d’informations, les médias utilisent l’émotion pour capter l’attention. Or un phénomène de survie du cerveau modère ce qui est trop agréable ou trop désagréable. Il faut donc augmenter la dose d’émotion pour capter l’attention de l’auditeur, du spectateur, du citoyen… Et c’est une surenchère ! Ainsi notre univers informationnel est-il saturé d’informations éco-alarmistes, et d’informations consuméristes nous enjoignant à consommer toujours plus de ce dont nous n’avons pas besoin ! Dans ce brouhaha, certains jeunes finissent par développer une culpabilité qui entrave leurs désirs de vie à la limite de l’effacement personnel devant l’urgence écologique.
Que faire pour préserver ses enfants ?
Il semble essentiel aujourd’hui de leur apprendre à se déconnecter, à se recentrer sur la vie réelle et à développer un esprit critique. Critique, pas complotiste ! Concrètement, cela passe par les inviter à regarder autour d’eux, jardiner, faire le compost plutôt qu’acheter du terreau. En ce qui concerne la consommation alimentaire, cela consiste à acheter au producteur local plutôt qu’au supermarché, laver une salade, plutôt qu’acheter une salade en sachet, consommer des légumes de saison. Quant à la communication, il s’agit d’inculquer qu’il est inutile de changer de portable tous les neuf mois. Il peut même être bon de faire des diètes de portable. Incitons aussi à ouvrir un dictionnaire plutôt que chercher l’orthographe d’un mot sur wikipedia. Donnons-leur envie de s’investir dans des associations qui prennent soin de l’humain, qui contribuent à créer des liens.
Et surtout, poussons-les à questionner les injonctions consuméristes, y compris la consommation « verte » : changer une voiture déjà fabriquée qui fonctionne bien pour acheter une nouvelle voiture plus verte est-il plus écologique ? L’énergie électrique d’un vélo est-elle plus verte que l’énergie musculaire ? Dois-je vraiment acheter ce nouvel objet dont je n’imaginais pas avoir besoin il y a deux ans ? Pour affronter l'incertitude de la vie, l'être humain peut s'appuyer sur la dimension spirituelle et les liens avec de vrais humains. Les jeunes ont besoin d'adultes qui n'aient pas peur de leur transmettre ce en quoi ils croient et de leur offrir des relations authentiques. Ayons l'audace de parler et de témoigner d'alternatives à l'immédiateté, à la consommation et la technologie. Pour une vie plus vraie et plus heureuse !
