PAPE LÉON XIV
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Difficile de rater la fameuse fumata qui s’est élevée ce mercredi 7 mai, à 21 heures, dans le ciel de Rome. Une volute noire, sombre, presque solennelle, s’échappant de la cheminée installée sur le toit de la chapelle Sixtine après deux heures d’attente sous les yeux ébahis de quelque 45.000 personnes réunies place Saint-Pierre. Attendue pour 19h-19h30, son absence a laissé place dans l’imagination des personnes présentes aux scénarios les plus insolites. Un vote aura-t-il bien lieu ce soir ? Le Pape aurait-il déjà été élu après un seul scrutin ? La plaisanterie du début de soirée gagne en crédibilité dans les esprits. Quelques applaudissements ça et là pour passer le temps, la présence d’une mouette à proximité de la cheminée à intervalles réguliers, comme si elle sentait l’impatience des personnes réunies.
Et puis, soudain, les écrans situés de part et d’autre s’éteignent. Une clameur s’élève. La fumée est là, noire. L’Église n’a donc pas encore trouvé son nouveau pape. Mais personnes, sur la place, n’est surpris. "Nous sommes venus rapidement après le travail car c’est la première fumée du conclave, c’est symbolique", confient volontiers Antonio et Maria. "Vu le temps que ça a pris nous aurions pu arriver un peu plus tard", s’amusent-ils. "Mais sans être dans le secret de la chapelle, nous nous doutions que la fumée allait être noire." Un peu plus loin, Léonie, sa maman, et une amie, Frida, ont attendu jusqu’au bout de savoir si oui ou non, l’Église avait son nouveau berger. "Dans mon cœur j’espérais qu’il soit élu dès ce soir et plus le temps passait plus je l’espérais", confie Léonie. Venues du Salvador à Rome pour le Jubilé, Léonie et sa maman repartent demain. Mais Frida, arrivée ce mercredi spécialement pour le conclave, compte bien rester jusqu’au bout. "C’est une grande joie d’être ici, j’espère un pape demain ou vendredi !", se réjouit-elle.

Au milieu des groupes venus prier ou simplement observer, Sixtine, une jeune Française en vacances à Rome, scrute le ciel, les yeux brillants. Elle a modifié son programme afin de pouvoir assister à la fumée. "Je me doutais que ce serait une fumée noire mais je souhaitais être quand même là pour la première", explique-t-elle. "Je pense que j’avais un secret espoir qu’elle soit blanche même si je sais que ça aurait été du jamais vu." Heureuses de ce moment vécu ensemble sœur Marguerite, sœur Rose et sœur Monica originaires de Mexico, n’ont pas vu passer le temps, tant l’émerveillement et la ferveur étaient présentes au cœur de la place. "Je pense que cela va se passer demain", assure sœur Marguerite. Et sœur Monica de poursuivre : "Demain nous serons là dès 10h !"

Ici, les visages ne sont pas graves et les sourires sont joyeux et apaisés. C’est le cas de Damien, canadien, venu à Rome pour le jubilé. Il a décalé son billet de retour pour vivre ce grand moment. "Je me doutais que ça n’allait pas avoir lieu ce soir", raconte-t-il. "Mais je voulais être présent quand même. Demain je pense arriver dans la matinée pour être certain de ne rien rater !" Une religieuse, chapelet à la main, a le regard tourné vers le Ciel. Ce n’est pas la fumée, qu’elle regarde. C'est "Celui qui règne sur toute chose", répond brièvement cette religieuse indonésienne, heureuse d’être ici. "Il faut prier, c’est la seule chose que l’on peut faire. Et à la grâce de Dieu nous aurons un nouveau pape ce jeudi ou ce vendredi."

Les cardinaux ayant deux scrutins le matin et deux scrutins l’après-midi, une nouvelle volute de fumée doit apparaître ce jeudi vers midi et, si les cardinaux n’ont toujours pas tranché, en fin de journée vers 19h. Mais rien n’étant figé : si le prochain pape est élu au premier scrutin du matin ou au premier scrutin de l’après-midi, la fumée blanche pourrait s’élever au cours de la matinée ou au cours de l’après-midi. L’Église aura alors son prochain pape. Les Romains, les fidèles et les touristes se préparent donc à une nouvelle journée, voire peut-être deux. Une ou deux journées à attendre, à regarder et à prier dans cette ville dite éternelle, où chaque volute de fumée s’élevant du toit de la chapelle Sixtine écrit l’histoire d’un monde qui change et d’une Église qui demeure.