PAPE LÉON XIV
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C’est la première fois qu’un président de la République rendait visite à la Grande Loge de France, deuxième obédience maçonnique en France (32.000 membres) après le Grand Orient de France. Dans la perspective du 120e anniversaire de la loi de 1905, dont on fêtera le 9 décembre 2025 les 120 ans, Emmanuel Macron a défendu la laïcité, mais aussi la loi ouvrant la voie à l’aide active à mourir en cours d’examen à l’Assemblée, félicitant notamment les francs-maçons pour leur "ambition de faire de l’homme le libre acteur de sa vie, de la naissance à la mort".
"La loi de 1905 n’est pas un édit de tolérance, c’est une loi de liberté, une loi qui reconnaît et protège la liberté de conscience, de culte (...) mais aussi la liberté de croire et de ne pas croire, liberté de prier, de philosopher, liberté du dogme, liberté de l’esprit", a déclaré le président de la République dans un discours d'une vingtaine de minutes. "Un espace où chacun reconnaît l’autre comme son frère en République." Emmanuel Macron a par ailleurs appelé les francs-maçons à être les "ambassadeurs (…) de la laïcité". "Soyez les vigies de cette grande loi de 1905", contre ceux qui "veulent l’effacer, la trahir ou la détourner", a-t-il ajouté. Non sans évoquer l’expression de Jean Paul II dans son discours au Bourget en juin 1980 qui qualifiait la France de "fille aînée de l’Église", le chef de l’État a souligné que "la France laïque [était] la fille naturelle de la République".
L’aide active à mourir, un "moindre mal"
Alors que les deux propositions de loi concernant la fin de vie, l’une sur les soins palliatifs, l’autre ouvrant l’accès à une aide active à mourir, doivent arriver en séance à l’Assemblée nationale le 12 mai, le président de la République s’est exprimé en faveur du projet de loi. "Comme les autres grandes familles spirituelles, que les francs-maçons s’emparent de ce débat fondamental qu’est la fin de vie est une bonne chose", a déclaré Emmanuel Macron. "C’est un vertige qui touche chacune et chacun d’entre nous, a-t-il déclaré. Mais le débat, résolument, ne peut être réduit à la question de savoir si on est pour la vie ou contre la vie, ou si d’un côté il y aurait un humanisme qui vaudrait le traitement et de l’autre l’abandon à la mort simplement."
"J’ai peur que parfois, dans nos débats, des choses se précipitent qui oublient l’épaisseur et la grande difficulté parfois, aussi, de simplement penser le moindre mal. Car face à certaines situations, il n’y a plus le bien d’un côté, le mal de l’autre, mais simplement à choisir dans des situations concrètes, dans la solitude de celui qui a à mourir, de sa famille, de son médecin, le chemin singulier qui respecte à chaque instant la dignité de chacun", a-t-il ajouté. Des propos qui ont fait réagir Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et actuel Président de la Conférence des Évêques de France, sur le réseau social X ce mardi 6 mai : "Non, Monsieur le Président, le choix de faire mourir et d'aider à se tuer n'est pas celui du moindre mal. C'est celui de la mort tout court", a-t-il déclaré, joignant à sa publication une photo et une citation du pape François : "On ne joue pas avec la vie."
Les députés de la commission des affaires sociales ont adopté le 2 mai à 28 voix contre 15 la proposition de loi relative à la fin de vie, ouvrant la voie à l’euthanasie et au suicide assisté. Le texte d’Olivier Falorni permettrait aux malades souffrant d’une "affection grave et incurable" qui "engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale" et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s’administrer une substance létale. "Que les francs-maçons portent cette ambition de faire de l’homme la mesure du monde, le libre acteur de sa vie, de la naissance à la mort, qui peut s’en étonner ? Pour ma part je m’en félicite", a affirmé le chef de l’État. Mais même exacerbée, même en niant Dieu, la laïcité autorise-t-elle pour autant ce dangereux désir de surpuissance de l'homme ?
